Alors qu’il prépare un CAP agent polyvalent de restauration, les douleurs intenses qu’il ressent depuis plusieurs semaines, le privant de sommeil, conduisent les médecins à réaliser des examens ne laissant aucune place au doute.
Garder le sourire, quoi qu’il arrive
Trois petites tumeurs squattent son cerveau et empêchent le liquide céphalo-rachidien de s’écouler. L’hospitalisation d’urgence à Bordeaux s’impose. Il ne faut pas perdre de temps. Alors qu’il est pris en charge dans l’hélicoptère, Vincent prend la main de sa maman et, rassurant, lui dit « ça va bien se passer ». La dérivation installée par le chirurgien entraîne un soulagement immédiat. Au médecin qui lui demande s’il veut se battre, Vincent n’a qu’un mot : OUI ! de toutes ses forces ! Pour lui, pour son frère et sa sœur, pour ses parents, oui il va se battre.
Les cinq semaines de radiothérapie à Haut-Lévêque n’entament en rien sa combativité. Pourtant, les effets secondaires sont terriblement lourds, car les médecins ont dû attaquer fort dès les premières séances, pour contrer la progression des tumeurs. Perte du goût, de l’émail des dents, sensibilité aux sons, difficultés à rester debout, extrême fatigue. Des effets qui vont durer quelques mois et handicapent son quotidien.
Quand le doute survient, les questionnements, Vincent se demande : « Pourquoi Moi ? ». Mais très vite, son naturel reprend le dessus. Les médecins lui ont dit que la tumeur dont il souffrait se soignait très bien. « Il y a pire, se dit-il, des cancers qui ne se guérissent pas. Et même, ajoute-t-il aujourd’hui, même dans ce cas, je me serais battu ». Le retour dans son cocon familial, la présence rassurante des siens, recouvre d’un baume apaisant les épreuves qu’il traverse.
Ne rien lâcher
À la rentrée suivante, Vincent reprend ses études. Un emploi du temps adapté, en privilégiant certaines matières, et il obtient son CAP. C’est une première victoire dont il est très fier. Ce n’est pourtant qu’une étape car il sait désormais qu’il ne pourra pas travailler dans la restauration. Impossible de répondre au coup de feu avec l’état de santé qui est le sien désormais. Qu’à cela ne tienne, il s’oriente vers un BAC pro bio-industrie de transformation, afin de devenir préparateur en pharmacie. Durant ces trois années, il s’accroche, retrouve progressivement une meilleure forme, et reprend même le sport. Mais l’école de Brive où il s’inscrit à Parcoursup ne retient pas sa candidature ; nouvelle déception qui le conduit à changer de voie à nouveau.
Une vraie vocation
Vincent entend parler du service civique et se renseigne. Les missions proposées l’intéressent : sensibilisation au gaspillage alimentaire en milieu scolaire, et animation auprès de personnes âgées souffrant d’Alzheimer en EHPAD. Sa sociabilité, son enthousiasme, et sa réelle capacité à s’adapter aux enfants font le reste. Durant toute la durée de son service civique qui s’est terminé le 20 juin, Vincent s’éclate et se découvre une vraie vocation. La compagnie des enfants, dont la spontanéité, la joie de vivre résonnent en lui, le stimule et le motive. Il peut enfin reprendre le cours de sa vie, bouleversé ces dernières années par la maladie, et enfin faire des projets. Dès qu’il aura finalisé le BAFA, il déposera des CV dans les centres de loisirs et les écoles.
Vrai ambassadeur du service civique, il a tout au long de ses missions développé des qualités, en a découvert d’autres. Il s’est senti utile, apprécié, autant par les enfants que par les personnes âgées, et révèle aujourd’hui une belle personne, mature, dont le parcours résilient ne peut qu’éclairer et encourager ceux qui galèrent à ne jamais renoncer.