Parmi les aménagements paysagers vertueux mis en lumière lors de la journée Jardins et Paysages proposée par le Département à l’agro-campus de Coulounieix-Chamiers (lire ci-dessous), l’espace écologique de loisirs de Saint-Crépin-d’Auberoche est un projet inspirant, conçu par l’architecte paysagiste Émilie Chagnon, en lien avec le maire Clovis Tallet et son équipe. « Dès lors qu’on propose un cadre à la nature, la vie vient toute seule », résument-ils
À proximité de l’ancienne RN89, un hectare de zone humide s’est transformé en parc ludique et écologique. Situé dans le prolongement de la mairie, le projet repose sur une réflexion globale et intègre les 600 m2 de toiture avec un système de récupération des eaux pluviales. Cette réalisation représentant un investissement de 400 000 euros, a pris forme sur les “vestiges” de la rectification du tracé du Manoire, il y a 30 ans, avec l’idée de retrouver ce ruisseau qui s’assèche. La commune possède des sources diffuses, qui se perdent et peuvent remonter à la surface. Émilie Chagnon s’est mise en quête de cette richesse en se demandant comment elle pourrait la mettre en scène, avec la volonté de permettre à tous « d’accéder à l’eau, de la rencontrer ».
« Un milieu humide, c’est du travail »
Ses dessins ont retrouvé les méandres naturels et l’idée d’une parcours au-dessus, avec des passerelles en surplomb de Manoire, s’est imposée… naturellement. « La courbe évoque la lenteur, la réparation. La connexion au ruisseau permet d’alimenter ou de vider le serpentin. » L’espace va progressivement se refermer autour de lui et la régulation des algues se fera pas l’ombrage. Car un milieu qui se referme perd en diversité écologique. La dynamique liée à l’eau repose sur la création d’un courant qui modifie la morphologie en douceur. « Les berges vont se remodeler et des surprises sont à venir. »
Trame géographique
Les berges, peu pentues, accueillent un micro-marais. Les méandres de verdure deviennent un repli possible pour la faune et estompent la minéralité de la plateforme qui accueille les pratiques sportives. Une allée sépare la partie loisirs du côté nature, dans une gestion différenciée ; et la configuration de bras submersible atteint sa part de poésie quand l’eau monte et isole une île, symbole d’inaccessible provisoire. Tout près de là fleurit une corolle de pierre.
Une eau apparente et accessible
« Le comportement naturel de l’eau entrante dépasse nos espérances. » La paysagiste a su intégrer l’existant avec des effets de plage et de balcon. Le travail n’a pas toujours été simple pour l’équipe de Serra Paysage, en bateau, sous la pluie… tout terrain. Le chantier a géré les remblais sans les évacuer du site et a composé avec l’intégration de buses.
Chambre de verdure
Parce que la véritable richesse tient au savoir-faire et aux possibilités créatives, Émilie Chagnon a proposé de mobiliser un atelier de tressage d’osier avec le jardinier municipal pour réaliser la chambre de verdure plutôt que la livrer clé en main. Huit personnes ont contribué à sa réalisation. Et tous les espoirs sont permis pour un futur labyrinthe.
1400 arbres, arbustes et vivaces vont grandir sur le site, des boutures sont en autoproduction. Cette diversité végétale balise l’espace ouvert à tous les publics, à la fois sportif (16 agrès sur le parcours), ludique (et convivial avec des étape pique-nique) et pédagogique. Une démarche participative a guidé le principe d’aménagement de cette plaine de loisirs dans un esprit champêtre et partageur.
Autre aménagement inspirant présenté lors la journée Jardins et Paysages, la requalification de la cour d’école de Coulaures avec la renaturation d’un espace pensé comme un support ludique et pédagogique, par Marine Vigier, paysagiste concepteur, et la maire Corinne Ducrocq. (article à venir)
Pôle paysage et espaces verts, une expertise capitale
Lors de la 3e édition de la journée Jardins et Paysages, le 30 mai, sur le thème des aménagements paysagers vertueux comme leviers d’adaptation à l’évolution climatique, les échanges ont permis de partager des pratiques et analyses.
Avec la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse persistante, jours et nuits de canicule (plus de 25 C°), tempêtes et pluies torrentielles), la renaturation et l’adaptation des aménagements paysager se conjugue avec le souhait d’embellir, fleurir, jardiner et paysager le cadre de vie.
Une stratégie par étapes pour aménager et gérer durablement des espaces verts, publics ou privés, de la réflexion à la réalisation, est à l’œuvre sans nuire au développement des territoires : la maîtrise de l’imperméabilisation des sols, la végétalisation préparent l’urbanisation de demain en intégrant des actions de lutte contre les effets du changement climatique.
Grande ville ou petit village, même combat. L’expertise du Pôle paysages espaces verts du Département s’est diversifiée et spécialisée en fonction des besoins et de la pluralité des projets menés, notamment autour du label Villes et Villages Fleuris. L’accompagnement s’est développé pour répondre à l’attente des collectivités, la plupart n’ayant ni services techniques dédiés ni personnels spécialisés. En effet, lors de l’enquête “Tour d’horizon des pratiques dans nos villes et villages” menée en 2021, 78 % des communes sondées souhaitaient être accompagnées dans leurs projets d’aménagements paysagers. Le Pôle a mis à leur disposition des techniques adaptées et développé des outils de communication et de formation des agents. De quoi favoriser des pratiques de gestion respectueuses des milieux et des paysages (gestion différenciée, intégration des eaux pluviales, continuités écologiques…) et des aménagements ”Paysage, Biodiversité, Mobilité” respectueux de l’identité locale. L’appui technique prend alors la forme de note d’intention, croquis, photomontages, palettes végétales, propositions d’aménagements, plan de gestion…
Développement durable des territoires. Les projets intégrant la végétalisation, les continuités écologiques, les circulations douces, les ilots de fraicheurs, la désimperméabilisation, la gestion différenciée, la gestion intégrée des eaux pluviales, etc. sont privilégiés. Tout ce qui permet d’anticiper une gestion pérenne.
Un soutien méthodologique et des conseils sur la démarche renforcent l’attention portée à la transition écologique et au cadre de vie, dans un souci de mise en réseau pour partager les expériences (CAUE, ATD, producteurs locaux, paysagistes, …) et orienter les communes vers des sources de financements (CEREMA, Fonds verts, Agence de l’Eau Adour Garonne).
Vers un guide technique. Le Pôle prépare un guide technique à destination des collectivités pour accompagner les élus et techniciens, l’ensemble des acteurs et aménageurs du territoire ; et faciliter les démarches d’aménagements durables (paysage, mobilité, végétal, biodiversité). Ce travail collectif de recherches et de retours d’expériences valorisera des exemples concrets d’aménagements susceptibles d’intéresser un grand nombre d’espaces communaux (traverse, centre-bourg, voirie…). Les partenaires institutionnels et financiers seront répertoriés dans ce guide riche d’outils de réflexion et de pistes constructives.
Un Département tout terrain
Le Département s’illustre dans la protection des paysages à travers des pratiques respectueuses : fauchage raisonné des bords de routes, aménagements de traverses, traitement urbains, jardins d’école et vergers-potagers dans les collèges, cimetières végétalisés, végétation vagabonde, écopâturage, gestion différenciée des espaces, arbres et jardins remarquables… Le programme LIFE, le plan Climat Energie, les itinérances douces s’ajoutent à ces options.
Pour améliorer le cadre de vie, le Pôle paysage et espaces verts du Département accompagne collectivités, professionnels et particuliers avec plusieurs programmes : Charte 0 Pesticide, guide de gestion raisonnée des bords de routes, opération Jardiner au Naturel, label Villes et Villages Fleuris, Charte de l’Arbre.