Accueil BIEN inséré Une résidente anglaise raconte sa Dordogne

Une résidente anglaise raconte sa Dordogne

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TRAJECTOIRE. Ayant épousé la France et un Français, Janice Croizet vient de publier un livre sur sa fascination pour le Périgord et son désir d’y vivre puisque, il y a cinq ans, elle a choisi de changer de vie en s’installant durablement à Eymet. Son récit, écrit en anglais, a désormais sa traduction française.

Jour de marché à Eymet. Sous la plume de Janice Croizet, le marché devient ce lieu festif où toute la population, anglaise et française, se retrouve pour un moment d’authenticité. « Le marché hebdomadaire est un événement important dans toute la France. C’est une tradition ancestrale, et pour de nombreuses personnes âgées dans la France rurale, c’est souvent le seul moment où elles quittent la maison. J’ai pu voir de vieux paysans rassemblés en petits groupes, tenant leurs paniers vides sur leurs bras, prêts à être remplis, et se tenant au courant des derniers potins. Pendant ce temps, des caniches bien élevés étaient assis et attendaient patiemment à côté d’eux, regardant avec curiosité leurs amis à quatre pattes passer. » Extrait de son livre “My Dordogne life”, désormais traduit en français.

Vis ma vie

Question : si Janice n’était pas anglaise, mais de culture française, verrait-elle tous ces détails de nos modes de vie qui l’amusent tant ? Ces détails, la Britannique les a consignés dans son livre “Ma vie en Dordogne”. Clairement, elle s’adresse à ses concitoyens qui partagent — ou souhaitent partager — une vie périgourdine. Mais aussi aux Français curieux de savoir comment ils sont perçus par leurs voisins.

Au-delà des anecdotes amusantes réunies dans ce livre, Janice lève un pan de ce qui fascine tant d’Anglais dans cette France des territoires ruraux. Évidemment son patrimoine, les 1001 châteaux de la Dordogne sont en bonne place dans le livre de Janice. La nourriture aussi. Vous y trouverez par exemple l’histoire d’un repas chez des amis français qui a duré… six heures. Elle cite une forme d’authenticité, voire de décontraction, que nous, Français, pensions avoir perdues. Une balade en canoë, une rencontre inattendue à l’abbaye d’Échourgnac, une autre avec un cochon dans la nature, « mais pas n’importe lequel, le cochon Nini est le plus gros cochon que j’ai jamais vu de ma vie… »

Tout recommencer

Ces petits riens font la joie de Janice depuis qu’elle s’est installée sur la place de la bastide d’Eymet il y a cinq ans, juste après le Covid. « En fait, j’ai déjà vécu en Dordogne. En 1993, je me suis installée en famille dans le Périgord noir, puis nous sommes arrivés à Eymet. Mais nous avons dû repartir en Angleterre à cause d’une situation familiale compliquée. »

Quelques années et un divorce plus tard, Janice choisit de retourner vivre durablement à Eymet. « Mes enfants avaient quitté le nid, j’étais seule, je venais de perdre ma mère, je voulais quitter mon emploi dans la communication digitale. J’ai pensé: je vais retourner en France et recommencer ma vie là-bas. » La crise du Covid et les difficultés à voyager librement ne facilitent pas les choses. Il faut trouver les moyens de déménager à un moment où la France est à l’arrêt. Mais rien de taille à reporter la décision de Janice de partir vivre, seule, en France. Son livre aborde aussi ce choix de vie aussi ferme qu’aventureux. Au départ, Janice garde des liens avec son entreprise outre-Manche, optant comme beaucoup pour le télétravail. Très vite, elle rompt aussi ce lien pour se consacrer pleinement à sa nouvelle vie française.

Elle se lance alors dans l’écriture : le journal Sud Ouest lui confie la rubrique anglaise d’un de ses suppléments. Elle écrit aussi des articles dans le magazine Living Magazine France. Mais Janice en veut plus : elle créé son propre blog, en français et en anglais, où elle parle de tout ce qui se passe dans la Dordogne qu’elle aime. Elle rencontre très vite un certain succès auprès des résidents britanniques, mais aussi des Français. Mi-guide touristique, mi-billet d’humeur et d’humour, ce blog lui vaut un succès d’estime. Elle s’en servira pour écrire son livre, ce qui lui prendra six mois de travail.

Ce n’est qu’un début

Janice Croizet vient d’épouser un Français. Elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin et pense déjà à de nouveaux ouvrages qui parleraient de notre culture. Ainsi, elle veut en écrire un destiné à ceux qui veulent apprendre à parler français. « Ce ne sera pas un manuel scolaire, mais un livre qui s’amuse des difficultés de la langue française. » Janice souhaite que celui-ci soit illustré par sa fille qui excelle dans ce domaine.

Autre projet, écrire l’histoire de sa famille car on y retrouve aussi bien des Allemands que des Français… Elle envisage aussi d’écrire « une romance », sorte de roman d’amour dont les Anglais sont friands.

Pour l’heure, Janice s’emploie à faire connaître son ouvrage qu’elle a auto-édité et qui est vendu pour l’instant exclusivement sur Amazon. Mais ça, aussi, devrait changer car, avec sa gentillesse et sa bonne humeur, Janice s’apprêtait, quand je l’ai rencontrée, à démarcher les commerces d’Eymet pour qu’ils mettent en lumière le récit de la vie d’une Anglaise en Dordogne.

Janice, l’influenceuse

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Sans être digital native (née en même temps que l’émergence d’internet selon ma propre traduction qui vaut ce qu’elle vaut), Janice Croizet est une adepte des réseaux sociaux. Vous pouvez la suivre sur Facebook, Linkedin ou, mieux, sur son blog où elle fait partager ses coups de cœur pour la France, la Dordogne en particulier et ses environs.

Parfois, elle publie même des recettes qui l’ont fait craquer comme ce « tartare de truite fabriqué à base de truites fraîches pêchées en Dordogne » dans la rubrique “Ma petite cuisine de Dordogne”. Ce faisant, à 60 ans, Janice s’installe tranquillement dans sa nouvelle vie d’influenceuse, notamment auprès des résidents britanniques et, en bonne communicante, elle publie même sur ses réseaux sociaux les premiers commentaires élogieux de son livre.