Dans la lignée de la Startup est dans le pré, organisée au printemps 2019 à Eymet, le Département s’est investi, aux côtés du réseau des Premières cette fois, pour « casser le complexe rural » qui limite les vocations… double complexe d’agissant des femmes, qui hésitent à se lancer alors même que leurs entreprises sont plus stables sur la durée, en témoignent les statistiques. L’objectif de cette incubation à la campagne est d’ajouter quelques pépites aux fleurons qui ornent déjà l’économie locale, sur des savoir-faire de niche souvent inégalés et activités innovantes. « La révolution du numérique a modifié la donne : on fait le choix de vivre et d’entreprendre ici », résume Germinal Peiro.
Mobilisation croisée
Pour inviter celles qui pourraient hésiter à se porter candidates à cette aventure collective, quoi de mieux qu’un retour sur la première édition ? L’opération lancée par les Premières Nouvelle-Aquitaine, réseau régional engagé depuis huit ans pour soutenir les femmes qui entreprennent, et le Département a permis d’accompagner huit candidates, sélectionnées parmi une vingtaine (les autres n’étant pas abandonnées, mais invitées à suivre des séances de codéveloppement professionnel). Le programme, élaboré pendant la crise sanitaire, a bien sûr été bousculé par les périodes de confinement : ouverte en septembre dernier, la session s’est prolongée jusqu’en mars, au-delà des quatre mois prévus. Le contexte avait d’ailleurs orienté les choix sur des critères de soutien à des immatriculations de moins d’un an, impactées dans leur développement. Cette première promotion a suivi 25 h d’ateliers en huit modules pour retravailler la posture, la proposition de valeur, le modèle économique, la commercialisation et la communication du projet. S’y ajoutait un accompagnement individuel de 5 h en fonction des spécificités et des mises en réseau qualifiées. Chaque participante repart aussi avec une vidéo de présentation individuelle, réalisée par GS Productions.
Richesses partagées
En sortie du dispositif, après un comité de clôture de parcours, toutes confirment la nécessité d’être guidées pour révéler leur potentiel et apprécient les bienfaits du partage d’expériences. Le constat de pérennisation d’activités est bien là pour deux entreprises qui sont déjà employeuses, et une qui doit bientôt recruter ; deux entrepreneuses parviennent à tirer un revenu de leur projet ; et trois ont mis à profit ce programme pour mieux définir leurs objectif et stratégie.
Pour Natalia Héraut, référente des Premières en Dordogne, cette montée en compétences sur le plan technique (stratégie, digital, commercial, bancaire…) est indissociable du travail effectué sur le leadership, la force du réseau en prime : toutes conserveront des liens au-delà de cette communauté provisoire, car elles ont gagné ensemble la confiance qui a pu leur manquer, mis en mouvement leur engagement personnel dans une dynamique collective difficile à rompre aussitôt. Elles se soutiennent encore après cette traversée, sourient au souvenir de « l’épreuve du pitch » qu’elles ont dépassé ensemble. C’est cet effet sortie de promo, très soudée, qui donnera envie à d’autres de rejoindre un écosystème fondé sur la solidarité.
L’emploi et la diversité
Un nouvel appel à projet est ouvert aux inscriptions pour la session qui débutera en septembre, après sélection des candidatures par un jury réunissant les partenaires pédagogiques et financiers (CCI, CMA, Chambre d’Agriculture, Pôle Emploi, Initiative Périgord, H24, la Wab, Pépinière Cap@cité, SPIE, Crédit Agricole et Orange).
Les candidatures sont attendues jusqu’au 18 juin : entrepreneuses en voie d’immatriculation ou avec un an d’activité maximum (pour se distinguer d’autres dispositifs existants). Le contenu de la session est prévu sur le même modèle, avec des temps d’intelligence collective et des rendez-vous personnels, l’intervention d’experts et la force des réseaux, l’esprit d’équipe et l’objectif à atteindre.
• Voir notre sujet sur le parcours d’Inès et Psychofripes.
Huit parcours
• Kristelle Stel : Relax
• Virginie Roussel, photographe, témoin d’un quotidien authentique, sensible, complice.
• Ines Lienard met la mode à l’économie circulaire (ou l’économie circulaire à la mode…) avec Psychofripes : cette instagrameuse a ouvert une boutique en ligne en mai 2019, depuis chez elle, à Sourzac, pour valoriser des articles de seconde main. Elle attribue encore au hasard le succès qui l’a fait rompre avec sa vie d’avant : la session lui a fait prendre conscience qu’une augmentation de chiffre d’affaires est surtout la marque de fabrique d’une dirigeante ! Ines a progressivement endossé le costume de cheffe de sa propre affaire après s’être d’abord sentie salariée de son projet, une nuance importante et un cap franchi grâce aux valeurs partagées lors d’Entreprendre et Innover. Elle passe aujourd’hui du virtuel au réel en ouvrant un local modulable à Mussidan, idéal pour mettre en valeur ses trouvailles sur internet. Avec une création d’emploi en septembre.
• Céline Laurin se concentre sur la matérialisation de concepts et la valorisation de talents artisanaux.
• Élodie Ladougne a ouvert ThéOfil, bar à couture installé à Périgueux, quartier Saint-Georges, partagé entre atelier et boutique.
• Magali Delzangles a choisi la pépinière Cap@Cités pour lancer en septembre 2020 son activité de conseil en recrutement et ressources humaines après 12 ans de salariat. Elle met ses qualités de psychologue et de conseil en insertion au service de demandeurs d’emploi, notamment, qu’elle accompagne tout comme les entreprises en quête de personnel. La session lui a donné confiance, au point de prendre une décision et de franchir un cap, elle aussi : recruter une collaboratrice, il y a trois mois.
• Pauline Galindo a ouvert une parenthèse pour soi sous forme de week-end bien être encadré par des thérapeutes.
• Christelle Brement-Fiant a créé une application pour permettre à chacun de mesurer son impact écologique et de partager des astuces. Son site se présente sur un ton délicieusement décalé.