Née à Périgueux, une enfance à Coulounieix-Chamiers, élève à Bertran-de-Born – B2B pour les plus Périgourdins d’entre nous – Stéphanie Bordes-Galan ne se destinait pas à faire plusieurs fois le tour de l’Asie, et à participer à des collections de grandes marques de prêt-à-porter.
Non, l’enfant de Dordogne se voyait pharmacienne. Jusqu’à ce jour où elle voit un défilé de Jean-Paul Gaultier. Dans un magazine ? À la télévision ? Les souvenirs du contexte sont flous, mais ce qu’elle y découvre, la femme de maintenant 49 ans s’en souvient très bien. “C’était provocateur, des hommes habillés en femmes, des femmes avec des vêtements d’homme, des mannequins tatoués… J’ai vu un vrai bouleversement des codes, et j’ai su que je voulais travailler dans ce milieu”, relate Stéphanie Bordes-Galan. Elle renchérit : “La mode, c’est l’expression par le vêtement, cela permet d’affirmer sa personnalité, et le renouvellement est constant, il n’y a jamais de routine, on est dans une remise en question permanente”.
Des études à l’ES Mode
Élevée “en province” comme on le dit depuis Paris, l’adolescente d’alors n’avait pour initiation à la mode que les voyages à la capitale pour aller voir sa grand-mère, et ce qu’elle voyait dans les revues qu’elle achetait en nombre, parfois au grand dam de ses parents.
En filière scientifique, elle avoue alors sa passion à ses parents, et son désir de monter à Paris pour étudier à l’ES Mode, “qui venait de créer une branche business”. “Je leur avais dit que de toute façon c’était soit ça, soit rien.”
Un entêtement et une détermination qui ont payé. Après l’envoi de centaine de lettres de motivation, Stéphanie Bordes-Galan trouve un travail dans un bureau de style et de tendance qui créé des collections pour des marques, Teddy Smith notamment pour qui elle travaillera ensuite comme assistante de collection, styliste femme, puis responsable de la collection jeans.
Une ascension fulgurante
Dans le monde du prêt-à-porter, les délocalisations démarrent dans les années 1990, et la Périgourdine sillonne l’Asie pour la fabrication, les tissus… Elle travaille ensuite avec une entreprise qui collabore avec les fabricants et conseille les marques. Parmi elles, American Eagles, Zadig et Voltaire, El Corte Ingles… Son ascension est fulgurante. “J’ai un père entrepreneur et une mère journaliste — Claire Delbos, bien connue des Périgourdins et au-delà… et qu’on retrouvera bientôt dans l’équipe de BIEN en Périgord ! ndlr —, ils travaillaient beaucoup, ça m’a inspirée. Mais j’étais aussi passionnée, je n’allais pas travailler, ça me nourrissait, c’était très important pour moi.”
De fil en aiguille, Stéphanie Bordes-Galan qui a quitté la capitale pour la Belle Endormie, entend qu’une formation de mode doit ouvrir ses portes à Bordeaux. En 2013, SUPMODE est créé. D’abord consultante, la Périgourdine est directrice pédagogique pendant dix ans, et est désormais directrice opérationnelle de l’école. “J’avais envie de renouvellement, et la transmission m’intéressait. C’était un challenge d’intégrer cette école où il y avait tout à faire”, sourit Stéphanie Bordes-Galan.
D’abord rattachée à une business school, l’école à pris son indépendance en 2018 et doit ouvrir SUP-PHOTO à Bordeaux lors de cette rentrée 2024 puis une école de photo et de mode à Nice à la rentrée 2025.
Des élèves rayonnants
Les réalisations des élèves de SUPMODE ont déjà été vues par tous les Français au moins une fois. Une poignée d’entre eux ont participé et gagné un concours en 2021 visant à revoir les uniformes de la police nationale. Exit les anciennes tenues faites en 2004 par Balenciaga, se sont désormais des polos et képi dessinés par des élèves qui sont portés par les policiers français. Un projet qui a demandé beaucoup de travail tant le cahier des charges était précis.
Plus récemment, une ancienne élève de SUPMODE a aussi vu son travail diffusé devant le monde entier puisque c’est elle qui a cousu la robe portée par Aya Nakamura lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. “C’était une très bonne technicienne qui travaille en intérim pour des maisons de luxe à Paris, mais on ne savait pas qu’elle travaillait pour Dior à ce moment-là”, raconte Stéphanie Bordes-Galan.