Accueil BIEN avec les jeunes Une école aux couleurs du scoutisme d’antan

Une école aux couleurs du scoutisme d’antan

Ecole Bourrou jeux
NOSTALGIE. À Bourrou, l’école Hameau installée dans un ancien monastère, catholique, privée et hors contrat, mise sur une éducation proche de la nature à la fois traditionnelle et innovante.

« Regardez, les enfants avaient hâte de revenir de vacances pour se retrouver dans leur école », sourit Pierre-Joseph Rubino, tout à la fois cofondateur, directeur et enseignant à l’école Hameau à Bourrou. Dans ce village du Périgord central, loin des grandes routes, cet établissement atypique a pris racine en 2022 dans les bâtiments du monastère Notre-Dame des Pauvres, délaissés par des religieuses depuis dix ans. Dans la cour en terre battue, entre les arbres et les buissons, les écoliers jouent au ballon prisonnier, garçons et filles mélangés, tous âges confondus. À l’heure de rentrer en cours, malgré les coups de sifflets répétés du directeur, ils mettent du temps à se mettre en rang.

Ecole Bourrou fanions groupes
Fanions de groupes © H.C.

Jupes pour les filles, shorts longs pour les garçons, sweat blanc et pull en laine pour tous, bérets noirs pour les garçons, foulards de couleur, composent un uniforme rustique bien loin de celui des écoles anglaises. « Il a été créé par une amie illustratrice, pratique et confortable avec une touche régionale, résume le directeur. Il compose l’unité de l’école, il efface les différences sociales et il permet de s’attacher davantage à l’enfant qu’à son apparence. » Parmi les nombreuses écoles alternatives qui ont fleuri à travers la campagne du Périgord, celle-ci a une inspiration rurale et scoute.

De la maternelle au collège

Des poules et des lapins à l'école
Des poules et des lapins à l’école © H.C.

Cette école traditionaliste est basée sur les valeurs du scoutisme, comme l’explique son fondateur, grand admirateur du père Sevin, le prêtre qui a fondé les scouts de France catholique en 1920 pour se démarquer des éclaireurs issus du mouvement créé par Baden-Powell en Angleterre au début du XXe siècle. À Bourrou, l’éducation des enfants intègre la vie en plein air, notamment pour les maternelles qui vont faire l’école dans les bois, ils suivent des formations pratiques distinguées par des badges. Les plus grands élèves sont chargés de responsabiliser les plus petits. Tous s’occupent des poules et des lapins élevés à l’arrière de l’école.

 pédagogie pratique
Pédagogie pratique © H.C.

« Un enfant ce n’est pas qu’un cerveau que l’on remplit », résume Pierre-Joseph Rubino. À l’école Hameau, il propose un mélange de pédagogie traditionnelle et concrète façon Freinet, avec une dose d’hébertisme, une éducation physique en plein air. Actuellement, seulement 37 enfants suivent un cursus scolaire de la petite section de maternelle jusqu’à la cinquième du collège, encadrés par une poignée d’enseignants. L’an prochain une classe de quatrième ouvrira. Des recrutements sont lancés. Les fondateurs ont bien l’intention d’aller à terme jusqu’au lycée. La plupart des disciplines classiques y sont enseignées : français, anglais, maths, histoire-géo, sciences et du latin vivant pour tout le monde. Plus quelques masterclass thématiques en fin d’année, par exemple sur l’occitan ou le vélo. Les enfants n’ont pas de portable à l’école, « mais on a démonté des ordinateurs pour expliquer comment ils fonctionnent. Nous sommes tournés vers l’avenir », justifie le directeur.

Un catholicisme traditionaliste

Chapelle de l'école de Bourrou
Chapelle de l’école de Bourrou © H.C.

La partie religieuse est discrète sur les publicités de l’école, mais omniprésente sur le site avec des croix partout. Dans la petite chapelle, la messe est dite en latin par un aumônier bergeracois en soutane classique de la Porte latine, la Fraternité Saint-Pie-X, tenant d’un catholicisme intégriste, en délicatesse avec l’église de Rome. « C’est un choix. Nous avons des parents qui ont déménagé pour se rapprocher de l’école, souligne le directeur, et d’autres écoles en France s’inspirent de ce que faisons ici ». Encore unique en son genre, l’école Hameau pourrait se développer ailleurs. C’est d’ailleurs l’une des missions du délégué général Louis Millet qui recherche des partenariats pour alimenter un fonds de dotation.

En rang à l'école de BOurrou
En rang pour entrer à l’école © H.C.

Ils ne cachent pas que le financement est compliqué, malgré des entreprises qui cotisent et les parents qui versent, selon leurs revenus, jusqu’à 300 euros par mois par enfant. Les parents et amis sont largement sollicités pour de l’entretien et des travaux. Une école hors contrat ne reçoit pas de subventions de l’État, mais elle est quand même inspectée au moins une fois par an. Quant aux affaires de violence qui agitent les écoles religieuses dans le sud de la France, elles ne sont pas un sujet pour Pierre-Joseph Rubio : « Nous n’avons pas de problème de discipline, nous avons une éducation à l’altérité et une ambiance très familiale. Regardez la joie des gamins que vous croisez ici ! ».

En recherche de financements

En cours © H.C.

Les projets ne manquent pas pour rénover les bâtiments, pour installer des logements dans une aile qui n’a jamais été achevée, voire en créant des extensions. Il faut ouvrir de nouvelles classes, créer un internat et pourquoi pas de l’habitat social pour des personnes âgées, afin de mélanger les générations. Leur terrain de 13 hectares offre de l’espace et permet de produire du bois pour le chauffage.

Comme toutes les écoles privées, ils lancent des appels aux dons sur des plateformes spécialisées. Leur publicité sur internet rappelle la défiscalisation des dons qu’ils peuvent recevoir. Les fondateurs ont aussi lancé une idée de pépinière d’entreprises et démarchent le monde économique. Quelques sociétés connues du secteur affichent leurs logos sur leur site internet.