L’école publique de Marcillac-Saint-Quentin, commune rurale du Sarladais, accueille 120 élèves âgés de 2 ans et demi à 11 ans. Comme dans toutes les écoles de la République, on y apprend à lire, à écrire, à compter, à manipuler, à découvrir le monde, à vivre ensemble.
Depuis plusieurs années, sous l’impulsion de Sandrine Rébéna, la directrice, l’équipe enseignante, avec le soutien de la municipalité, a instauré la classe flexible, une pédagogie inspirée du Canada. « Depuis mon arrivée, il y a douze ans, nous avions une expérience de pédagogie de projets, notamment autour du développement du numérique. Notre école a profité du plan numérique pour les zones rurales, ce qui nous a permis d’équiper les deux premières classes. Avec mes collègues, nous avons commencé à réfléchir à notre manière d’enseigner. Nous faisions le même constat : nous nous heurtions de plus en plus souvent à des enfants de moins en moins attentifs, en difficulté d’apprentissage, à des élèves atteints de troubles dys, aux profils particuliers de type hyperactif ou encore précoce. Chaque année, ils étaient plus nombreux dans nos classes. » En parallèle, la commune souhaitait agrandir l’école. Les deux projets ont vu le jour simultanément, puisque l’architecte a travaillé main dans la main avec l’équipe enseignante.
Depuis le printemps 2018, l’aménagement de l’établissement et des classes permet à chaque enfant de choisir son espace de travail. Les élèves peuvent ainsi changer de place en fonction de leur activité (lecture, peinture), choisir entre des ballons, des chaises à roulettes, des coussins, des tabourets oscillants ou encore le Ztool (support ou table de travail à utiliser par terre ou sur un siège). Une salle de simulation sensorielle est à disposition de tous les enfants.
Éviter la stigmatisation des élèves en difficulté
« La présence de ballons, de coussins peut faire sourire. C’est la partie immergée de ce que nous avons construit. Dans les faits, nous avons développé le travail de chaque élève en centre autonome. Concrètement, en début de semaine, chaque élève reçoit une feuille avec des choses à faire en fonction des notions à étudier, du programme et de son propre parcours. Il dispose de beaucoup d’outils, des jeux, des tablettes, des cahiers, des ordinateurs, des livres. L’utilisation du numérique est facilité », détaille la directrice. Cette manière de travailler permet de la différenciation, à chacun d’avancer à son rythme, qu’il s’agisse d’enfants Dys ou intellectuellement précoces ou les deux. Pour l’élève en difficulté, la stigmatisation est évitée.
« L’élève devient ainsi acteur de ses apprentissages. Il développe son autonomie, sa confiance et le bien-être. Notre rôle d’enseignant prend tout son sens, car cette pédagogie permet de venir en aide à ceux qui sont le plus en difficulté et de les aider à progresser,» précise Sandrine Rébéna. Pour mener à bien ce projet, l’équipe pédagogique a repensé l’organisation de la classe, a réfléchi à des outils adaptés, a du s’informer notamment sur les neurosciences et le développement cognitif de l’enfant. La classe flexible nécessite donc un fort investissement des personnels, surtout au niveau de la préparation des cours. « Nous sommes passés d’une pédagogie frontale à une pédagogie côte à côte. Au collège, nos élèves travaillent davantage en autonomie et dans un esprit de bienveillance, précise Sandrine Rébéna.
C-H. Y – Handyscom
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