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Un rêve de nature au bord du Bandiat

Les trois têtes de projet Grégoire Rousseau, Élisabeth Schwal et Jean-Charles Pouyot.© H.C.
RENCONTRE. Une ex-hôtelière, un professionnel du tourisme et un cuisinier viennent d’ouvrir des hébergements forestiers et un restaurant gastronomique avec un ancrage local, au cœur du Parc naturel régional Périgord-Limousin.

En bas coule le Bandiat dont le lit bordé de fougères osmondes est constellé de blocs granitiques. Depuis le 3 juillet son nom est devenu l’enseigne d’un nouveau site hôtelier en pleine nature du Parc naturel régional Périgord Limousin (PNRPL), sur la commune d’Abjat. Le Domaine du Bandiat propose des cabanes forestières de luxe dans les bois et un restaurant créatif haut de gamme. Il est né des intentions partagées entre trois personnes qui se sont rencontrées autour de ce projet maturé depuis trois ans.

Au milieu coule le Bandiat © H.C.

Trio de tête(s)

Élisabeth Schwal a vécu vingt ans à Taïwan puis à Paris où elle a géré des hôtels. Il y a quelques années, elle avait acheté une maison de campagne en Périgord, voisine d’un camping de plus de 174 emplacements. « Il y avait une discothèque à l’intérieur et ils organisaient des journées d’intégration étudiantes. C’était l’enfer, ma maison tremblait avec la musique. » Par chance pour elle, le camping a fait faillite. Elle l’a acheté avec l’idée de le transformer en lieu paisible connecté avec la nature. Il y a du potentiel avec ce site de 35 hectares très boisé traversé par la rivière : « on y trouve de l’intimité, du silence et de la beauté ». Le hasard de la rencontre avec ses deux partenaires a bien fait les choses.

Mutation d’un site

Jean-Charles Pouyot, entrepreneur en marketing touristique bien connu à Périgueux où il a longtemps réalisé la revue gratuite Périgord découverte, avait envie de passer à autre chose. Il cherchait une maison à la campagne et avait un projet d’hébergements touristiques écologiques. « Je suis allé voir à Saint-Pierre de Frugie et dans d’autres communes, avant d’entendre parler de ce camping fermé à Abjat. » Il y a rencontré Élisabeth Schwal qui ne voyait pas le bout de la transformation des lieux sous les ronces, encombré de vieux bungalows à dégager. Il a commencé par retaper une vieille grange à proximité tout en réfléchissant au projet lancé et financé par la propriétaire.

Le chef Grégoire Rousseau © H.C.

Un ruisseau et un Rousseau

Grégoire Rousseau jeune cuisinier que Jean-Charles connaissait de l’époque où il tenait un restaurant sympathique rue de la Sagesse, à Périgueux, s’était depuis installé à Bordeaux. Sa table du Hâ était devenue un lieu très couru des Bordelais et il était souvent évoqué comme un futur étoilé. Mais découragé par les contraintes du Covid et avec l’envie de retrouver la nature de son Périgord natal, il a décidé il y a trois ans de rejoindre le projet du Bandiat : là, il pourrait créer de toutes pièces le restaurant de ses rêves. « J’ai d’abord beaucoup travaillé à la tronçonneuse, passé des enduits et fait de l’électricité », se souvient le cuisinier.

Proximité et circuits courts

Le projet s’est élaboré collectivement, sans contraintes financières, la vente du patrimoine parisien de la propriétaire permettant une certaine liberté. « Mais tout est décidé à trois têtes, souvent avec de longues discussions et réflexions », explique Élisabeth Schwal. Le premier plan de 35 emplacements a été réduit à 15 pour garder une taille plus humaine, avec un parti pris plus luxueux. « Nous avons choisi des entreprises du coin comme la société Écorce de Saint-Estèphe pour la construction des cabanes, le bois de la scierie Merle à La Coquille et les fenêtres du Périgord à Saint-Jory-de-Chalais », explique Jean-Charles Pouyot, qui joue les maîtres d’œuvre.

Des grands-mères et des cabanes

De vastes cabanes sont construites en bois local © H.C.

Même choix de proximité pour le restaurant de Grégoire Rousseau « avec des chaises en châtaignier du coin, du poulet du Périgord vert, du cochon d’Eyvirat et de l’esturgeon de Neuvic … » Élisabeth Schwal a assuré la déco des cabanes, notamment avec des créations d’artisans d’art du secteur, et veille à la beauté du site et à l’accueil des visiteurs :  « l’hôtellerie c’est un métier, il faut du bon sens, des rapports humains et de la convivialité ».

Les cabanes de bois brut offrent un très grand confort et sont baptisées du nom de grands-mères. On peut dormir chez Paulette, Madeleine, Francine, Joséphine… Pour l’instant six sont terminées, neuf autres sont à venir. Les matériaux sont locaux et écologiques, des chaudières à bûches fournissent chauffage et eau chaude. Une ancienne ferme est aménagée comme un grand gîte. Le restaurant d’une vingtaine de couverts s’ouvre sur la nature avec une immense verrière.

Bien-être et zen

Des aménagements intérieurs très cosy © H.C.

Un volet bien-être s’ajoutera d’ici la fin de l’année avec une salle zen, une salle de massage, un hamman et un spa. Pour l’instant, on profite de la piscine pour nager et des sentiers pour se balader en pleine nature. « Des bains de forêt », selon l’expression de Jean-Charles, qui compte sur une clientèle de citadins proches, mais également une fréquentation de proximité, attirées par une certaine forme de luxe et de spiritualité. Faute de panneaux indicateurs, il faut pour l’instant se fier aux GPS qui ont déjà intégré l’adresse de la rue des osmondes, en pleine campagne, à l’écart du bourg d’Abjat-sur-Bandiat.

• Le domaine du Bandiat est ouvert de de mars à décembre.

Aux sources de la cuisine

La salle du restaurant est ouverte sur une vaste verrière © Domaine du Bandiat

Grégoire Rousseau a pu mettre en œuvre toutes ses idées dans son nouveau restaurant baptisé Sources. Le menu à deux ou trois plats est à découvrir dans son assiette. « Laissez faire Grégoire », annonce Germain, le maître d’hôtel nontronnais attentionné. Le chef parsème ses créations de fleurs et de feuilles comestibles. Il travaille encore sur les plantes sauvages avec une botaniste naturopathe. Il ne cuisine que les produits de saison achetés au plus proche. Un potager installé dans l’ancienne piscine du camping permettra bientôt d’avoir des légumes ultra-frais. Les retours et commentaires des premiers clients sont excellents.

• En semaine, menus du déjeuner à 27 ou 32 euros ; le soir et le week-end à 62 euros. Ouvert du mercredi midi au dimanche midi.