Accueil BIEN avec les jeunes Un regard qui fait du bien au Périgord

Un regard qui fait du bien au Périgord

© H.C.
ÉLOGE. Clément Bouynet publie chez Fanlac “Périgord Ici et maintenant”, un essai positif sur le département par le regard affûté d’un journaliste (presque) trentenaire.

“Bien en Périgord” : Clément Bouynet aurait bien pu inventer le titre du magazine en ligne que vous êtes en train de lire ! Mais lui travaille à “Sud Ouest”. Ce journaliste périgordin pur jus cultive une passion pour sa Dordogne. À presque trente ans, il vient de publier son tout premier livre, totalement dédié au département qui l’a vu naître le 1er janvier 1995. “Périgord Ici et maintenant”, hic et nunc, comme auraient dit nos ancêtres gallo-romains, ce titre incarne bien ce gouyat fougueux, un jeune homme pressé si on le traduit côté oïl.

Écrit à la première personne en toute subjectivité, façon gonzo journalisme, ce bouquin réjouissant publié chez Fanlac sur les bords de la Vallée de la Vézère, raconte les bonheurs d’être né et de vivre en Périgord. Au fil des pages, Clément Bouynet fait l’apologie, chante les louanges, compose un hymne, tresse des compliments et ne tarit pas d’éloge pour ce pays département au caractère bien marqué. Il raconte pourquoi il a tout fait pour vivre dans ce cocon, à l’instar de Montaigne, le plus célèbre Périgordin, qui expliquait en son temps préférer Périgueux à Paris. À la manière d’Eugène Le Roy et de Pierre Fanlac, et quitte à se fâcher avec les occitanistes, il a choisi de nommer les habitants du Périgord les Périgordins, réservant le terme de Périgourdins à ceux de Périgueux.

Une insatiable curiosité

S’il évoque volontiers des grands anciens qui ont participé à l’histoire du Périgord comme la sculptrice Jane Poupelet, l’artiste et résistance Joséphine Baker aux Milandes ou le curé bistrot atypique de Périgueux, il se dirige vite vers ceux qui font le Périgord d’aujourd’hui. L’agri-youtubeur Jigmé Théaux y vit bien, comme l’informaticien Xavier Burek qui développe des logiciels très pointus depuis Vergt ou Geoffroy Marty installé à Hautefort qui traduit des jeux vidéos dans le monde entier.

Il signale les successions dans les familles des sites touristiques périgordins : Aude et Jean de Commarque ont pris la suite de leur père Hubert qui avait relevé les ruines du château éponyme, Louis et Marie Hamelin poursuivent l’aventure de la Madeleine, Jean-Max Touron passe la main de sa galaxie troglodyte et insolite à sa fille Marie-Luce et à ses petites filles Marie-Alexia et Marie Sophie…

Au fil des chapitres, nous sommes entrainés dans une sarabande de témoignages collectés sur le terrain, au fil de ses reportages du journaliste pour “Sud Ouest”, toujours animé par son insatiable curiosité. On sait pourquoi Clément Bouynet a choisi ce métier. Sa galerie de portraits qui tordent le cou au défaitisme trop souvent entendu, sonne comme un hymne au Périgord tourné vers l’avenir.

Le Bugue centre de tout

Losse en couverture du livre © Julien Looten

Dès la couverture du livre, avec l’extraordinaire photo astronomique de Julien Looten, révélant une voie lactée multicolore surplombant le château de Losse, on se dit qu’il se passe quelque chose de particulier ici, même au cœur des nuits. La diversité des expériences racontées au fil des chapitres nous prouve pourtant qu’il n’y a pas que les grottes et les châteaux qui rendent ce pays attractif et original. De la Félibrée, fête occitane plus que centenaire, on passe à la marche des fiertés LGBT qui s’est implantée joyeusement. Dans ce Périgord où même les ronds-points pourraient être ovales, Clément Bouynet, grand fan de rugby, décline tout ce que le sport compte de champions en Périgord.

À la manière d’une chanson de Bruel, il convoque ses amis de jeunesse qui s’impliquent à travers la Dordogne. Arnaud Gouin, devenu médecin, s’installe à Périgueux, contribuant à réduire un peu la désertification médicale. Le chanteur Tibz a percé à Paris. Son ami Bastien a fini par reprendre l’élevage porcin familial où il développe un méthaniseur. Difficile de ne pas comprendre au fil des pages la relation fusionnelle qui lie Clément Bouynet avec le Bugue et sa banlieue de Journiac. Tous les chemins l’y ramènent. Cette cité des bords de la Vézère doit bien être l’un des centres du monde, à l’instar de la gare de Perpignan pour Salvador Dali.

Le Bugue constitue d’ailleurs l’épilogue du livre, avec le rappel sous forme de gag du fameux bug informatique de l’an 2000. Clément Bouynet tente d’imaginer ce que seront sa commune et le Périgord en 2100. Il aura même peut-être une chance de le vivre à l’âge vénérable de 105 ans, après avoir certainement écrit de très nombreux livres et mené une belle carrière journalistique.

• “Périgord, Ici et maintenant”, 166 pages, 22 euros. Le livre édité par Fanlac, est diffusé à 1500 exemplaires dans toutes les librairies de Dordogne, mais également en Gironde et dans les territoires limitrophes.

Coup de jeune chez Fanlac

© Fanlac

Depuis septembre, Alice Tardien est devenue la gérante de la maison d’édition Fanlac. Elle a été créée en 1943 par Pierre Beaucornu, alias Pierre Fanlac, son grand-père. Ses parents, Bernard et Marie-Françoise Tardien, avaient pris le relais. Désormais cette trentenaire est la patronne de l’entreprise qui a quitté le quartier de Vésone à Périgueux pour s’installer à Aubas, à deux pas de Montignac.

Alice Tardien a fait le choix de la jeunesse en commandant à Clément Bouynet ce travail très personnel qui définit l’âme du Périgord d’aujourd’hui. Plus de vingt ans après, cet ouvrage est comme une suite de “L’invention d’un paradis, le Périgord”, publié par Fanlac, écrit par Chantal Tanet et Tristan Hordé à partir des textes d’historiens ou d’écrivains d’hier à aujourd’hui. Le vaste travail de ces deux érudits avait tracé le portrait historique de ce pays. “Le Périgord, ici et maintenant” décrit son actualité et dessine les pistes de son avenir. Avec brio.