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Un quart de siècle d’Archives départementales

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PARCOURS. En fin d'année, Maïté Etchechoury a pris congé des Archives départementales, qu'elle dirigeait, pour savourer un temps libre qui lui permettra de mener à bien ses propres recherches, après avoir mobilisé les services de cette ”maison de la mémoire locale” au profit de tous ceux qui viennent y chercher des traces patrimoniales écrites, visuelles et sonores.

En disant au-revoir à Maïté Etchechoury, un peu avant que l’année 2024 ne se referme, le président du Département a parlé du pincement au cœur qu’ont ressenti les amoureux du patrimoine qui guident régulièrement leurs pas vers les Archives départementales, à Périgueux, pour y mener des recherches familiales, trouver une perle rare qui fera éclore un article ou un livre, admirer une exposition… Pincement identique pour la directrice, au moment de libérer tout le temps que lui prenait son travail au profit de passions et recherches qui attendaient ce signal pour s’exprimer pleinement. « Quel que soit le degré de préparation, les plus consciencieux, dont vous faites partie, vivent le double sentiment du regret de laisser en chantier certains projets inachevés et celui du devoir accompli. »

Patrimoine écrit

Germinal Peiro a souligné « une carrière modèle », qui a valu à l’intéressée de recevoir les insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite, en 2017. Passée par les classes prépas du lycée Henri IV et diplômée de l’École nationale des Chartes, l’archiviste paléographe, conservatrice du patrimoine écrit, graphique et monumental a débuté sa carrière aux archives centrales de la Marine (Vincennes) et aux archives nationales avant de mettre ses compétences au service du patrimoine écrit périgourdin.

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En 26 ans, Maïté Etchechoury est devenue plus périgourdine que bien des Périgourdins, s’appropriant la richesse historique du département. Les fonds des Archives se sont enrichis, la directrice œuvrant pour faciliter la recherche et améliorer l’accès aux documents (reprises de classements, de répertoires et d’inventaires), notamment avec le site Internet et grâce à la numérisation de milliers de documents, « pour les protéger et les mettre à disposition du plus grand nombre ». Le nombre de consultations, en progression, témoigne de l’intérêt porté par le public à ce qui constitue le patrimoine local.

Travail de fond exigeant

Les collectivités locales bénéficient aussi des services des Archives, qui apportent des conseils, les accompagne et les contrôle (aucun document public ne peut être détruit sans son visa). Maïté Etchechoury a fait rayonner ce service départemental « auprès des historiens, archivistes, généalogistes, étudiants et chercheurs de toute la France et auprès des Périgourdins, à travers des publications accessibles, l’organisation de conférences passionnantes et des expositions qui ont permis d’ouvrir les Archives de la Dordogne vers l’extérieur, vers de multiples partenaires et d’autres horizons ». Une trace que suivra certainement son successeur, dont l’arrivée est prévue en mars.

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« Maintenant, je ferai des recherches pour moi » : Maïté Etchechoury ne manquera pas de continuer à fréquenter l’établissement, de l’autre côté de la barrière. Avant de quitter son équipe, elle a évoqué les missions des archivistes « qui se sentent souvent malaimés » et dit combien ce métier correspondait « à l’expression de mes goûts et mes intérêts », avec la satisfaction au jour le jour d’une fréquentation du public « et aussi de personnages morts il y a plusieurs siècles mais aussi vivants que vous et moi ». L’intérêt de la collecte consiste à faire entrer des archives de manière raisonnée mais surtout à les conserver pour les communiquer. « C’est cet aspect qui m’a toujours paru essentiel, et il repose sur un travail d’équipe, une équipe que je remercie car le directeur ne fait qu’impulser. » Parmi ses nombreux souvenirs, elle retient particulièrement l’exposition consacrée aux dessinateurs archéologues en Périgord, organisation menée avec les musées de Périgueux, MAAP et Vesunna, et complétée par l’édition d’un ouvrage qui a remporté un grand succès, avec une réédition.

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• L’une des missions des Archives consiste aussi à conserver des années de presse locale. Le club de la presse du Périgord était accueilli cet automne par la directrice et par Denis Bordas, responsable de la médiation, pour explorer les coulisses. Un article à retrouver sur le site du club.

Passé en Revue

Mémoire de la Dordogne, la revue publiée par les Archives départementales, livre dans son 35e numéro l’extrait d’une interview de Maïté Etchechoury réalisée pour la sonothèque qu’anime Laurence Perperot, elle y détaille ce métier passion.

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Ce numéro consacré à la guerre franco-allemande de 1870 revient sur les mobiles du Périgord et les équipements des troupes de Dordogne (Christophe Dutrône). On y retrouve l’un des grands auteurs périgourdins parmi eux : Léon Bloy, qui transforme un flot d’abominations en littérature dans Sueur de sang (Maïté Etchechoury) Daniel Charbonnel a décrypté le précieux carnet du soldat François Rousselie, souvenirs de guerre et de captivité livrés à l’état brut, avec une présentation critique en ouverture. Et Michel Combet aborde le deuil, la mémoire et l’oubli à travers les monuments aux morts de cette guerre. Un voyage dans le temps abondamment illustré, riche en informations inédites.

• 176 pages, 6 euros