Après plus d’un an et demi de préparation, leur projet s’est enfin concrétisé. Cela fait maintenant deux mois que Nils et Elinor, sa femme, ont ouvert leur commerce. « Il y a eu un peu de boulot mais maintenant ça marche et c’est chouette ».
Des valeurs éthiques
L’aspiration à un mode de vie plus simple les a poussé à venir ici, en Dordogne. « On cherchait un peu plus d’air, d’espace, de verdure. Et le Périgord pour ça, c’est vraiment bien. » Dans la mise en place de leur projet, ils ont fait le choix de mettre en avant les valeurs qu’ils portent. En choisissant la seconde main pour décorer et aménager leur local, ils ont donné une deuxième vie aux tables, canapés, accessoires, ou encore équipements de cuisine dont ils ont hérité. L’idée étant de ne pas racheter toujours du neuf. « On a des tables qui proviennent d’une petite mairie environnante, et qui ont plus de 20 ans. Je pense qu’elles seront bonnes pour 20 ans de plus ».
Attachés à leurs valeurs et au choix des personnes avec qui ils travaillent, ils ont décidé de s’associer à des petits producteurs périgourdins. « Ça nous permet d’avoir des produits de grande qualité, sans intermédiaire ». Ici, tout est fait maison, avec des produits frais, travaillés sur place. Leur engagement est aussi à un autre niveau, plus global : « je pense que c’est aussi à nous en tant que restaurateur d’agir, et de participer à notre échelle aux changements pour notre futur ».
Ayant quitté la région toulousaine pour venir s’installer à la campagne, loin du bruit des villes, la volonté d’une vie plus paisible les a poussé à aménager des horaires de travail plus souples, et ainsi concilier vie professionnelle et vie personnelle, ce qui est rarement le cas dans le monde de la restauration. « La restauration n’est pas toujours un métier très facile ou reconnu ». Après une vingtaine d’années à travailler dans ce secteur, Nils a fait le choix de mettre en priorité sa vie de famille, et le bien être de tous ses employés. C’était un critère important pour eux dans la création de ce projet.
Des produits locaux
Qu’il s’agisse de la truite du moulin de la Boissonnie à Douzillac, ou de la ferme de la Clairière à Cornille, ces producteurs de proximité sont le gage de produits de qualité. La truite certifiée aquaréa élevée dans une pisciculture ouverte aux visiteurs, sont autant de critères témoignant d’une transparence dans la mode de production.
« On essaye autant qu’on peut d’utiliser des légumes de saison, c’est plus raccord. C’est dommage d’utiliser des tomates en plein hiver, d’un point de vue gustatif et écologique. On essaye d’être un peu raisonnable dans nos choix quand c’est possible » explique Nils Palard
Outre les légumes et les poissons, le pain lui aussi aspire à être local : la boulangerie Truchassou située à Coulounieix-Chamiers fournit un pain à base de farine paysanne. « Ce n’est pas un pain blanc, c’est un pain qui a du caractère ».
Pour le café, « nous ne sommes pas dans une région productrice de café » rappelle Nils. Cependant, « on a tout de même trouvé en dessous de Sarlat, à Vitrac, un torréfacteur ». Ils torréfient au feu de bois, uniquement du café bio ou raisonné. « C’est un café d’une certaine gamme, avec un cahier des charges strict, ce qui permet d’avoir toutes les informations sur sa traçabilité. Ça fait aussi partie des convictions en termes de qualité de produits qu’on vend ici ».
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Concernant le thé, le même problème se pose : « en Dordogne ça pousse, mais très peu ». Ils ont donc fait le choix d’une ferme située au nord de la Thaïlande, à trois heures de marche de toute route, « c’est encore mieux que du bio puisqu’aucun intra n’est rajouté à la culture du thé, même pas à l’arrosage puisque c’est l’arrosage naturel de la jungle ». Monteaco ou les Théiers Solidaires, de par leur culture raisonnée, les ont convaincu de travailler ensemble, permettant par la même occasion de faire vivre des petits producteurs.
« Ce sont des valeurs qu’on partage. On est très contents de travailler en lien avec tous ces petits producteurs. »
Un coffee shop aux projets artistiques
C’est aussi au travers de l’art que l’envie de s’associer à des locaux s’est manifestée. Au fond du café, une petite zone d’exposition est déjà présente. Jusqu’à la fin de l’année, les tableaux floraux de Jane Harris arpenteront les murs de Café couleur, une artiste locale située à côté de Bergerac. « On va essayer de changer régulièrement pour qu’il y ait toujours un peu plus de choses à faire et à voir ». Une autre exposition va d’ailleurs s’immiscer dans le local à partir de la rentrée 2024, une exposition de light painting cette fois. D’autres projets encore, d’autres artistes viendront s’associer… « Il y a une belle fourmilière artistique en Dordogne » souligne Nils.
Leur installation étant encore toute récente, ils profitent déjà de tout ce qu’ils ont réussi à mettre en place, avant de plonger dans de nouvelles idées. « On va peut être s’ouvrir sur un peu de privatisation pour certaines soirées ou samedis de manière ponctuelle. Mais pour l’instant on se concentre sur l’activité choisie pour se perfectionner un peu plus, et développer d’autres partenariats avec des producteurs locaux, pour être le plus en direct possible ».
Pour autant, d’autres projets sont envisageables… comme s’associer pour faire des concerts ? « On reste ouvert à d’éventuelles propositions. L’avantage ici c’est qu’on est complètement indépendant, ce qui nous permet de faire un peu ce qu’on veut. On pourrait donc organiser des concerts. On pensait aussi à des friperies ».
Lien YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=8jbqOt9ASo4