Accueil BIEN naturel Un florilège de sites entre Dordogne et Vézère

Un florilège de sites entre Dordogne et Vézère

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RACONTER DES FALAISES. Jean-Max Touron est propriétaire d’une quinzaine de sites, en Périgord et dans le Lot, repères magiques d’une vie de passion pour les falaises, cavités, grottes... qu'il s'attache à transmettre, l'âge aidant.

Sur le site des grottes du Roc de Cazelle, entre les Eyzies et Sarlat, un film réalisé l’an passé à l’occasion des 25 ans d’ouverture rappelle la passion tenace du propriétaire pour les vieilles pierres… Il s’y remémore le rêve fou d’acquérir ce lieu incroyable qui l’avait assailli un jour qu’il livrait du mobilier avec son père, commerçant, à la famille demeurant dans cet habitat troglodytique. Soixante ans plus tard, l’octogénaire a plus que réalisé son rêve et collectionne les falaises alentours, dont il fait revivre les secrets. Une quinzaine de sites marquent les grandes étapes de sa passion pour la préhistoire. Deux d’entre eux, et non les moindres sur le plan archéologique, sont en vente : l’abri Cro-Magnon, celui de la fameuse découverte « du Périgourdin le plus célèbre du monde » comme il se plaît à le dire ; et la grotte du Sorcier, à Saint-Cirq. Tous deux sont inscrits au patrimoine mondial et intéressent le ministère de la Culture.

Un jardin pousse dans la fraîcheur du vallon de la Beune, à Cazelle © SBT

Patrimoine archéologique

Jean-Max Touron a constitué au fil des ans un solide patrimoine qu’il a exploré suspendu en rappel ou contemplé à bord de son hélicoptère. On reconnaît aisément le personnage dans le “préhistopolar” d’Hervé-André Sanger Les Vénus de Cro-Magnon (Ed. Sud Ouest). La première pierre de son trésor historique, c’est La Roque Saint-Christophe, village à flanc de falaise occupé de la préhistoire à la Renaissance. Cette propriété, dans la famille depuis le XIXe siècle, n’a livré qu’en 1938 l’escalier monolithique conduisant à la cité étagée en terrasses creusées dans la falaise : son père Gabriel a réalisé un travail titanesque pour le débarrasser de la végétation et l’ouvrir au public, en 1952. Un film témoigne de l’agilité et des travaux acrobatiques de Jean-Max pour terminer l’aménagement de ce balcon sur la Vézère fréquenté par près de 160 000 visiteurs par an. Le site est dirigé par sa fille, Marie-Luce, depuis 2000 et l’héritage glisse doucement mais sûrement vers la 4e génération, celle de Marie-Alexia et Marie-Sophie.

La troupe du Diable par la queue, lors d’une visite de Cazelle ©SBT

Passion vertigineuse

Jean-Max Touron a ensuite acquis et aménagé d’autres lieux devenus des incontournables du tourisme en Périgord : le Préhisto Parc (Tursac) en 1987, le Roc de Cazelle (Les Eyzies) en 1998 ; puis la Maison Forte de Reignac (Tursac), le Manoir de Gisson (Sarlat), la grotte du Sorcier, l’abri Cro-Magnon (Les Eyzies) inauguré en 2014 avec Yves Coppens. Les projets s’étirent ensuite vers le Lot, avec le Dino Parc et la grotte des Carbonnières (Lacave). Suivent le fort de La Roque-Gageac, qu’il rouvre en 2020 après des travaux considérables, « avec son escalier vertigineux de 140 marches » et un panorama exceptionnel sur la vallée de la Dordogne ; et le Manoir de la Salle (Saint-Léon-sur-Vézère), exception — avec celui de Sarlat — à la monomanie de paroi rocheuse (mais avec un donjon massif, tout de même).

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Il est aussi propriétaire de sites qui ne sont pas ouverts au public « mais ne demandent qu’à l’être » : le fort du Peuch Saint-Sour, la grande falaise et la grotte préhistorique de Nancy (Les Eyzies), et les gisements de l’abri du Facteur et l’abri Cellier (Tursac). Sans oublier deux sites dans la Vienne, avec son associé Laurent Delmas, la forteresse d’Angles et le Roc-aux-Sorciers.

Avec le temps, l’homme à l’allure toujours juvénile a su s’entourer des conseils scientifiques nécessaires à la médiation attendue sur des sites aussi emblématiques.

Un parmi d’autres : exploration temporelle à Cazelle

Ouvert tous les jours de l’année, les grottes du Roc de Cazelle ont accueilli 1,5 millions de visiteurs en 25 ans. Ce refuge naturel de l’homme depuis la préhistoire a été occupé jusqu’en 1966 par des fermiers, Céleste et Hippolyte, dans un habitat troglodytique dont l’ameublement a été reconstitué.

Une collection de vieux outils ruraux est exposée au pied de la falaise. © SBT

Le circuit de visite sonorisé déroule le fil du temps avec des scènes qu’une centaine de figures concourent à animer, chasse ou art pariétal jusqu’à la vie rurale dans cette maison monolithique, en passant par le cluzeau médiéval, le cadre verdoyant du vallon de la Beune avec ses animaux. Les ateliers (taille de silex, tir au propulseur) ont été imaginés avec le préhistorien Pascal Raux.