Avec son mémoire DCB, cuisine et bibliothèque, Anne-Sophie Lambert, domine parfaitement le concept de médiathèque gourmande. Plus qu’un fab’lab aux contours virtuels, la directrice de la médiathèque de Périgueux aspire à susciter sur place du lien social avec des rencontres et des pratiques, « et potentiellement aussi pour goûter, manger, déguster, expérimenter ; les gens vont avoir de plus en plus besoin de propositions pour se retrouver, être ensemble ».
Des livres par le menu

En plus du patrimoine récent d’ouvrages de cuisine, dont ceux primés par le prix La Mazille depuis l’origine du Salon puis Festival du Livre Gourmand, l’établissement compte de précieux livres anciens : toutes les éditions de La bonne cuisine du Périgord de La Mazille, bientôt dans le domaine public ; toute l’œuvre de Fulbert-Dumonteil, le Brillat-Savarin du Périgord. Elle dispose de périodiques, avec des séries entières du XIXe siècle, L’almanach du trufficulteur, différents concours de botanique, d’agriculture, un fonds très important de menus anciens, ceux des restaurants de Périgueux et ceux d’ailleurs, et un autre plus contemporain et très intéressant, reçu il y a quelques années, de restaurants 3 étoiles entre 1990 et 2010… « 2010, c’est la date du classement par l’Unesco du repas gastronomique des Français comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, cela permet donc de retracer une grande partie de la tradition de la nouvelle cuisine avec plus d’une dizaine de menus Bocuse à différentes époques, des menus Troisgros… » Une approche à la fois gastronomique, historique et sociologique.
Une originalité dans le paysage des bibliothèques françaises

À cela s’ajoute l’exploration de tous les textes littéraires « dans lesquels la gourmandise est quasiment identitaire »… La gastronomie sera un thème fort pour le développement de la médiathèque, « une originalité dans le paysage des bibliothèques françaises où chacune cherche à valoriser ses identités ; celle-ci est légitime pour nous, mais on aurait très bien pu faire le choix des arts du mime et du geste, en lien avec le festival Mimos » (une collection à l’honneur avec SoMim).
Avec la cuisine, il est possible de valoriser toutes les cultures avec des savoirs et savoir-faire qui rassemblent, « le couscous a longtemps été le plat préféré des Français, ce qui montre bien une ouverture, des liens avec ce qui nous rapproche plus que ce qui nous sépare et c’est important, à l’heure actuelle, de repenser ces liens sociaux et de souligner les regards bienveillants ».
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De la théorie à la pratique
On peut imaginer que cette approche documentaire de la gastronomie puisse un jour passer à une phase pratique, à l’image des nombreux ateliers ouverts à la médiathèque sur toutes sortes de thématiques : ce serait une nouvelle proposition. « Je pense que le groupe qui se retrouve autour du projet Lascaux-tricot serait partant si on était un jour amené à créer des ateliers cuisine dans l’environnement de la bibliothèque. Cette transmission intergénérationnelle peut fonctionner autour du goût, avec un partage d’expériences, de recettes. »
Une annexe gourmande ? Plus qu’un aménagement sur le site de la bibliothèque centrale, imaginons une organisation qui s’étirerait un peu plus loin. N’oublions pas que la Ville de Périgueux s’est portée acquéreuse du vaste espace situé à deux pas de la mairie et de la résidence Senior de la rue Wilson, dans l’ancien restaurant Jaune Poussin : des ponts sont idéalement possibles. L’outil serait parfait comme annexe gourmande de la médiathèque. Surtout avec une enseigne Unesco.