Ce numéro 33 conserve au sommaire les rubriques qui font l’érudite diversité de cette revue à travers des moments ou des figures méconnus, et il ajoute quelques nouveautés pour découvrir d’autres facettes de notre histoire : Objets d’archives (ici des éventails commémoratifs concernant la commune de Thiviers, sortes de “goodies” de 1914) et Drôles d’archives (la reproduction d’un courrier narrant une histoire de voisinage qui a du chien à Bergerac). À noter le retour de rencontres avec des acteurs du patrimoine et protecteurs de la mémoire collective (ici l’Institut d’histoire sociale CGT de la Dordogne), et la présentation d’actions culturelles menées par les Archives.
L’art du camouflage en temps de guerre
Un important dossier, qui repose sur un précieux ouvrage déposé aux Archives, est consacré à une forme de résistance oubliée : la fabrication et le camouflage de matériel de guerre entre 1941 et 44. Le réseau CDM (pour camouflage du matériel) était très actif en Sarladais. Pas simple de cacher les éléments en question, de l’automitrailleuse aux véhicules et carburant. On y croise le célèbre Périgourdin Sylvain Floirat et sa société de transport Éclair, qui a mené d’habiles opérations au nez et à la barbe de l’occupant ; ou encore de courageux fonctionnaires, comme Henriette Lutenbacher dont une salle de la préfecture de Dordogne porte le nom : elle et sa collègue Marguerite Eberentz furent arrêtées le 18 février 1944 et déportées. Elles survécurent, en mauvaise santé.
L’Herm, un château, une chapelle
L’œuvre d’Eugène Le Roy a offert une notoriété nationale au château de L’Herm : fiction et réalité s’y entrelacent avec Jacquou le Croquant. Mais que sait-on de l’église (ou chapelle) Saint-Jean, aujourd’hui disparue, qui s’élevait dans le proche hameau ? On croise dans ces pages des familles ennemies, Calvimont et Hautefort, et, comme aux Milandes, peut-être les tombeaux des seigneurs de l’Herm subsistent-ils sur l’emplacement et livreront-ils des secrets ?
Les pages dédiées aux documents à découvrir En ligne montrent d’émouvants registres matricules d’enfants abandonnés de l’hospice de Périgueux, avec les éléments permettant aux familles de s’identifier ultérieurement pour le récupérer (carte à jouer découpée dont il faudra apporter la partie manquante…)
Classement bien ordonné
Bien d’autres articles sont riches en découvertes, fonds d’archives de personnalités politiques, plan de sauvegarde des biens culturels (interventions en cas de sinistre, inondation ou incendie, avec un arrêt sur le tragique embrasement du château de Hautefort les 30-31 août 1968) et un passionnant voyage dans les mairies avec le service archives du Centre de gestion de la Dordogne, une équipe itinérante qui aide, depuis 2004, les communes à sauvegarder leurs documents en souffrance, victimes collatérales de l’informatisation des années 1980 qui a, paradoxalement, augmenté le volume de papier. Six archivistes (bac+4 ou 5) interviennent auprès de 260 collectivités adhérentes lors de missions de classement, de valorisation, de conseil d’aménagements, et aussi de sensibilisation dans les écoles et de mise en ligne des ressources.
On trouve dans les fonds communaux d’archives des pépites comme un extrait de plan terrier de la seigneurie de Rastignac, à La Bachellerie, l’un des rares documents antérieurs à la Révolution. Au-delà de pièces relatives à l’histoire ou l’urbanisme d’une commune, on peut retracer le parcours de familles : une mine de sources ! (permis de chasse avec photos, vaccination dans les écoles… le fichage informatique n’a qu’à bien se tenir !) On reste admiratif devant les pleins et déliés d’arrêtés municipaux du début XIXe siècle, et on sourit devant cet autre interdisant les jeux de carte (et d’argent) dans les cafés de Belvès.
Vous avez demandé la police…
Vous connaissez Nicolas Le Floch ? Ce personnage né de rapports de police et correspondances cache un autre Nicolas, Delamare (1639-1723), commissaire au Châtelet et auteur du Traité de la police, ouvrage juridique majeur du XVIIIe. Cet enquêteur est suivi de près dans ces pages illustrées de certains documents conservés aux Archives départementales.
On apprend enfin que sur les 527 titres de presse de la collection des Archives, 330 sont déjà numérisés… bientôt en ligne via la Bibliothèque numérique. Et n’oublions pas que les archives sont aussi sonores avec 150 sujets accessibles sur Sound Cloud et sept enquêtes mises en ligne.
• La revue est disponible aux Archives départementales, rue Littré à Périgueux, et dans des librairies et points presse (6 euros).