Ce n’est pas un secret, Terrasson accueille une des plus grandes communautés turques du Sud-Ouest. Alors quoi ? Une auteure d’origine turque pour une partie des élèves d’origine turque ? Une volonté d’entre-soi ?
Des élèves captivés et curieux
Bien au contraire, car le dessin est un langage universel. Et son histoire familiale, son récit, ont touché les élèves, aiguisé leur curiosité sur le processus de création littéraire et artistique, quelle que soit leur origine et leurs présupposés de départ.
Assaillie de questions sur « le parler turc », Ilknur répond ne pas l’avoir appris à l’école mais en famille et durant ses vacances. Que ses parents se sont payés deux ans de cours d’allemand pour qu’eux-mêmes et leurs enfants soient bien intégrés dans la société allemande et puissent profiter au mieux des opportunités d’études. Elle raconte avoir entamé des études de cinéma et d’animation pour réaliser que le dessin et la bande dessinée lui offraient plus de liberté. Elle utilise la tablette mais rien ne remplace le plaisir et l’imagination du crayon….
Elle dévoile écrire et placer d’abord le texte dans « sa bulle », dans chaque case, avant de réaliser le dessin. Cela influence la continuité du récit et la forme des tracés. L’idée et les mots précédant l’illustration, voilà de quoi changer de perspective pour les plus réticents à l’écriture. Son carnet de bord, nourri chaque jour des esquisses colorées des paysages de la Vézère, déclenche l’exclamation : « Waouh ! » un vrai cri de bande dessinée !
De l’idée à la création
Et puis au travail : vous avez 30 secondes pour dessiner Batman, 30 secondes pour une princesse, un chevalier etc. Vous avez quelques minutes pour vous représenter aujourd’hui, à l’âge adulte, avec vos amis, en action dans votre passion…Pas de récré pour Ilknur, portrait express, autographes, pas le temps de respirer, on ne la lâche pas….Des graines de dessinateur ou d’auteur semées ? des graines de citoyens éclairés par un parcours emblématique … Un grand Merci Ilknur koçer, nous vous espérons de retour l’an prochain en Périgord avec peut-être une traduction de votre prochain ouvrage.
Ilknur Koçer en Résidence à Saint-Léon-sur-Vézère, lauréate de la résidence croisée Nouvelle Aquitaine/Land Hesse, sous l’égide de l’ACLA Agence culturelle Nouvelle Aquitaine et grâce à la passion de Béatrice Ottersbach qui organise chaque année l’intimiste et merveilleux festival littéraire Les plumes de Léon (du dit Saint village sur Vézère). Lire également : Un avant-goût de festival.
Merci au directeur de l’Ecole Jacques Prévert pour son accord dans l’urgence….
Laurent Seitmann, « plume » pour BIEN en Périgord et professeur des écoles