Charles Lominé a fondé la maison du même nom à Neuvic en 1908. Lui succèderont Jean et son épouse Jeannette puis Guy et Alain, les frères boulangers, pâtissiers, confiseurs et glaciers. En février dernier, Alain a dû remplacer le four installé en 1958 alors qu’il était en culottes courtes : « J’ai eu le sentiment que l’âme de la maison disparaissait avec lui ». Il n’en est rien et c’est même l’occasion d’évoquer deux délices incontournables liés à sa famille, comme dans les contes nimbés des couleurs chamarrées de nos vertes années.
La Guymauve de Neuvic…
« Ma fille Aude avait 13 ans quand elle m’a demandé : “Papa, comment fait-on la guimauve ?” Nous avons suivi la recette ensemble, nous l’avons goûtée puis mise en vente. J’avoue que je ne pensais pas que les clients en achèteraient… et cela fait maintenant plus de 20 ans que j’en propose. Il s’en est même dégusté en Terre Adélie (Antarctique) par un grand amateur de guimauve, neveu d’un Neuvicois ! », raconte Alain. Mais pourquoi ce “y ” à la place du ”i” ? « Guimauve est devenue guymauve après le décès de mon frère en 2004. Je voulais honorer sa mémoire discrètement, à son image. »
… et le Neuvic’Noix
Alain compte 600 ouvrages sur la pâtisserie et des centaines de recettes sur l’ordinateur : « J’ai passé la plupart de mes vacances à me former auprès des meilleurs ouvriers de France ou chez Lenôtre ». D’apprentissage en découverte, le Neuvic’Noix naîtra des mains de l’artisan neuvicois. Si le gâteau aux noix peut supprimer des ennemis par étouffement — belles-mères comprises dans le plus pur respect de la tradition —, il n’en est rien ici : la souplesse et le moelleux le disputent aux arômes à la fois subtils et marqués du fruit. « La première fois que je l’ai préparé à Neuvic, c’est mon fils Nicolas qui disposait les noix. Il avait 13 ans, lui aussi », ajoute Alain avec émotion.
Alors, puisse la Maison Lominé poursuivre ses comptines familiales pour le plaisir de nos papilles.
Myriam POUPARD