Le Parc Naturel Régional Périgord Limousin (PNRPL) a organisé début juillet une rando semi-nocturne autour de l’étang de Miallet. Au programme : reconnaissance des espèces et marche silencieuse avec Véronique, notre guide. Zoé et Pauline étaient de la balade pour présenter les actions du Parc.
Cap vers le Périgord Limousin, riche d’étangs et de diversité
Rendez-vous était donné à l’espace pique-nique situé juste à côté de la digue de l’étang. Un chemin de 9 km en fait le tour, agrémenté de nombreux panneaux explicatifs et d’accessoires de fitness de plein air (les enfants ont adoré tester chacun d’eux).
Autre surprise, la présence d’une Joëlette* de l’association Ça roule pour toi, basée à Chalais. Nous avions déjà présenté leur action dans un précédent article.
» À l’occasion de cette rando, deux nouveaux membres vont se familiariser avec la Joëlette, l’un va tirer l’ensemble, le second positionné derrière devra tenir l’équilibre et freiner. Outre les Joëlettes et les vélos-fauteuil*, l’association vient d’acquérir une escargoline*. »
Virginie, cofondatrice de l’association, ça roule pour toi.
Place à l’écoute, en faisant silence, même avec ses pieds
Véronique Cornuaille est animatrice nature environnement, ornithologue, et nous propose de découvrir certaines espèces d’oiseaux très discrètes sauf par leur chant plus ou moins mélodieux. Elle sait captiver le public avec ses trucs et astuces pour déterminer l’espèce qui chante.
« Autrefois, les personnes qui vivaient à la campagne ne connaissaient pas le nom des oiseaux, mais les définissaient selon leur chant. Par exemple avec des phrases mnémotechniques (on appelle cela du mimologisme) comme ici : « Vite, vite, vite, va chercher des cerises », qui pourrait reprendre la mélodie du pinson des arbres, ou « Paye tes dettes – paye tes dettes » pour la caille des blés. La population arrivait souvent à reconnaître ainsi les oiseaux à leur chant. Aujourd’hui, comme nous vivons moins dehors, nous avons perdu cette écoute. »
Véronique Cornuaille
Au fil de la randonnée, nous avons pu approcher de près certains oiseaux moins craintifs et profiter d’une observation avec les jumelles mises à disposition. Nous avons contemplé les jeunes hirondelles faire leurs premiers vols en groupe, sous l’œil de leurs parents. Après quelques voltiges au-dessus de l’eau, juste avant de se regrouper sur les branches basses d’un arbre bordant le chemin. Perchoir très bien situé pour nos ornithologues en herbe, puisqu’à portée de vue.
Les oiseaux chantent beaucoup pour marquer leur territoire, pour attirer leur partenaire, puis un jour, nous remarquons leur discrétion. Ils ne font aucun bruit pour ne pas être dérangés ou attaqués car c’est le moment où ils élèvent leurs petits.
Véronique Cornuaille
Changement d’ambiance
Le crépuscule arrive et les chants commencent à s’estomper. Aux dernières lueurs du soir, nous observons un changement d’ambiance entre cet étang et les lisières de forêt où nous nous trouvons. Notre groupe assiste au ballet des chauves-souris, chassant les insectes au cours de leur vol saccadé : elles frôlent l’eau et s’approchent de nous, restés immobiles.
Les oiseaux diurnes vont dormir. Toutefois le merle et la grive musicienne sont des couche-tard. Puis il existe un temps complet de silence uniquement rompu par les croassement d’une corneille ou d’un corbeau. Enfin, à la nuit tombée, vient le moment des rapaces comme la chouette hulotte, plus forestière, ou la chouette chevêche, qui vit près des habitations.
Véronique Cornuaille
Après avoir pu écouter et observer cette biodiversité entre forêt et étang jusqu’au crépuscule, nous avons été invité à revenir à notre point de départ un par un, seuls dans la nuit pour redécouvrir des ambiances et observer les lucioles et autres animaux nocturnes. Le chemin était facile, mais nous avions perdu nos repères : l’acuité visuelle diminuée, l’ouïe indispensable. Le relief du sentier se laissait apprivoiser, avec les talus pour reprendre le cheminement. Certains ont observé un renard traverser juste devant, d’autres ont perçu le vol d’un oiseau ou d’une chauve-souris près de leur tête. Beaucoup ont hâté le pas pour ne pas être distancé par la personne devinée juste devant. La lune n’en était qu’à son premier quartier et peinait à éclairer sous les frondaisons. Cette expérience sensorielle a su me rappeler des souvenirs de mon enfance ; à cette époque, avec mes parents, il était fréquent de se déplacer à pied, la nuit. J’y tendais l’oreille pour guetter le cri du Chat-huant (chouette hulotte).
Hervé LOUBET
• Maison du Parc – La Barde – 555 Route de l’Ancienne Filature 24450 La Coquille info@pnrpl.com 05 53 55 36 00
• Ça roule pour toi 24800 CHALAIS caroulepourtoi@gmail.com
Virginie 06 51 92 38 93 Anne 06 14 28 66 91
*Joëlette = sorte de chaise à porteur, ou le siège est supporté sur une seule roue, l’ensemble est tiré par une ou des personnes : les mules. Une autre assurant l’équilibre depuis l’arrière du fauteuil d’où elle manque de visibilité et doit faire confiance aux mules. Selon les cas, il peut y avoir des personnes positionnées latéralement afin d’assurer la sécurité et l’équilibre.
*Vélo-Fauteuil = un triporteur où la plateforme accueille un fauteuil roulant en toute sécurité. Le conducteur positionné derrière permet à son passage de profiter pleinement du parcours, sans obstacle visuel.
*Escargoline = C’est une plateforme sur 3 roues pour 2 passagers. L’ensemble est tiré soit grâce à des personnes, soit avec des animaux. Certaines disposent d’une capote pour protéger du soleil ou de la pluie.
Un lien, un engagement
Lors du pot de bienvenue autour de boissons locales, l’équipe du PNRPL a diffusé ses nouvelles publications et son agenda d’été. Pauline a rappelé les finalités et les objectifs du Parc, avec notamment la révision de la Charte qui s’élabore pour la période 2026-2041.
« Durant 4 ans, le Parc va écouter les habitants, rencontrer les élus, les acteurs professionnels et les associations. Il recueille les informations, structure celles-ci selon les thématiques et propose la révision de la Charte pour continuer à bénéficier du label Parc Naturel Régional.»
Pauline, chargée de mission Tourisme Durable au PNRPL