Grand témoin de la journée du 9 décembre organisée par Coop’action (Lire article), Pierre Leroy témoignera des nombreux exemples de sa région, légitimant la place de l’élu au cœur d’une démarche systémique de coopération.
Une transition démocratique avant d’être écologique
Son expérience de cadre de santé et d’élu lui a inspiré le titre de son ouvrage paru en 2021 : « Passage délicat : penser et panser le territoire ». Convaincu que « les élus sont les soignants des territoires », il milite pour la préservation de la bonne santé des territoires, indissociable de celle de leurs habitants. Face au constat de la déresponsabilisation de citoyens écartés des décisions, la seule solution pour l’élu briançonnais, consiste à faire ensemble, en mettant les territoires en mouvement, pour relever les nombreux défis.
Dans le grand Briançonnais, son territoire d’adoption et de cœur depuis quarante ans, de nombreuses expériences montrent que cela est possible. Fondations d’une transition résiliente et efficiente, la nécessité de renouer le dialogue, de recréer du lien social, de susciter l’envie de construire collectivement le monde de demain, en ne restant pas dans un entre-soi rassurant mais limitant.
Derrière cette posture, la conviction d’un élu qui se bat depuis des décennies pour aller au-delà des différences, des clivages, synonymes de crispations, en acceptant la contradiction. Conscient que le temps est compté, il nous encourage « à trouver à l’intérieur de nous-mêmes et dans le rapport à l’autre, le moyen d’opérer cette métamorphose ».
Une autre vision de l’élu
Véritables passeurs selon Pierre Leroy, les élus sont au cœur de la transition que nous vivons. « Détenteurs du pouvoir de décision, ils ne peuvent plus désormais faire seuls, même s’ils sont persuadés d’être dans le juste. On ne peut faire le bonheur des autres sans leur assentiment. » Épuisés, critiqués, sursollicités, ils ont les compétences pour rassembler autour d’eux, coordonner et redonner confiance, en faisant cohabiter démocratie représentative et participative. En s’appuyant sur l’expertise que les habitants ont de leur territoire et de leurs besoins, ils facilitent la prise de conscience de notre responsabilité mutuelle dans le monde que nous voulons construire et partager. En ouvrant la coopération, en favorisant l’autonomie, la solidarité, chacun mesure ainsi l’impact de ses actes sur les autres. Il est ainsi plus enclin individuellement ou de façon collective, à contribuer à relever celui ou celle qui tombe.
Des expériences constructives et réussies de coopération
Dans son ouvrage, l’auteur donne de nombreuses pistes qui ont déjà montré leur efficacité sur le territoire du grand Briançonnais. Des centrales villageoises favorisant la création d’emplois et l’autonomie énergétique d’un territoire, la fondation de sociétés d’économie mixte, productrices d’énergie renouvelable, publique, citoyenne et locale, auxquelles sont associées des familles, des entreprises et des collectivités locales.Outre l’indépendance énergétique, cette solution offre la possibilité d’utiliser les bénéfices de la production d’énergie pour financer la sobriété ou la mobilité.
D’autres alternatives existent : la création d’associations pastorales foncières permettant de mettre des terres à disposition d’agriculteurs engagés dans le bio. Des coopératives alimentaires, mobilisant les citoyens. Ce dernier exemple questionne sur la réappropriation des biens communs, favorisant l’identité d’une communauté, une participation équitable à l’entretien et au développement du bien, et un partage tout aussi équitable de son usage.
Lire également : La coopération, maillon essentiel des transitions