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Sébastien Salazar : « ma vie dans un fauteuil roulant, elle est belle ».

Handicap inclusion Périgord
Sébastien Salazar ©BEP
INCLUSION. En 2017, la vie de Sébastien Salazar bascule. Il perd l’usage de ses jambes, et doit renoncer à l’espoir de reprendre son métier de peintre en bâtiment. En CDI dans l’entreprise Inovelec-PLS depuis février 2023, il veut croire aujourd’hui que l’insertion professionnelle en fauteuil roulant est possible, en témoignant et en s’engageant pour que son expérience profite à d’autres.

Lorsque l’implacable diagnostic tombe, c’est l’effondrement. Sébastien doit accepter l’inacceptable. Il ne pourra plus marcher. Entre la phase d’acceptation du handicap, celle du renoncement à sa vie d’avant, de longs mois s’étirent durant lesquels la rééducation occupe une place importante.

Essayer toujours, renoncer jamais

En résidence au centre La Lande, il enchaîne les séances avec le kiné, « parce qu’il le fallait », avec plus ou moins de motivation. À quoi bon ? Puisqu’on ne cesse de lui marteler qu’il ne pourra plus jamais marcher. Même le docteur Sophie Distinguin, « un vrai rayon de soleil dans sa vie », ne peut pas toujours lutter contre ces phases de découragement.

Et puis, toutes ces questions qui se bousculent dans sa tête, et auxquelles il n’a pas de réponse. Des questions relevant de l’intime, des interrogations sur sa vie d’après. Comment les poser à des personnes qui sont debout, et qui ne vivent pas ce qu’il vit ? Pour lui, elles ne peuvent pas comprendre, même si elles font, à côté de cela, un travail formidable d’accompagnement.

Seuls des pairs concernés ayant surmonté les mêmes problématiques que lui pourraient l’aider, mais il n’y a rien de tel.

Lorsqu’il quitte le centre de rééducation, Sébastien aménage dans un logement plus adapté à sa nouvelle situation. Un appartement qu’il ne connaît pas où il se retrouve seul à devoir du jour au lendemain, gérer un quotidien pour lequel il était assisté durant son séjour à La Lande. Comment cuisiner en fauteuil ? Gérer l’assiette d’eau bouillante pour y mettre les pâtes ? La toilette ? Autant de questions que des personnes valides ne se posent pas. Divorcé, il doit affronter seul son arrivée dans un appartement impersonnel, dans lequel il lui est difficile de se projeter. Une période qu’il qualifie pudiquement et sobrement de dure, mais dont on imagine sans peine les moments de solitude, de désespoir, où l’on a juste envie d’abandonner. Mais Sébastien en a encore sous la pédale. L’étape de l’acceptation est franchie. Même en fauteuil, il n’est pas question pour lui de rester sans rien faire.

Travailler coûte que coûte

Il sollicite Cap emploi 24 pour actualiser son CV et le dépose lui-même auprès d’une trentaine d’entreprises.

« Je voulais amener mon CV et je persistais malgré que l’on essaie de m’en dissuader. Ce n’était pas sur mon canapé que j’allais trouver ».

Si son envie est légitime, il lui faut pourtant se résoudre à se poser pour cibler les emplois auxquels il peut désormais prétendre. Grâce à Magali d’Aspire Work, il affine sa démarche. Il peut et il doit travailler. « J’avais travaillé dix ans à Sobeval avant d’être peintre. Il y avait bien un boulot qui existait où je pourrais bosser assis ».

Alors qu’il est prêt à renoncer, après autant de réponses négatives que de CV déposés, il fait une dernière tentative sur le parking de l’entreprise Cofidur, auprès de salariés qui passent près de lui. Non seulement l’entreprise recrute des personnes en situation de handicap, mais de nombreux postes sont exercés en posture assise. Dès lors, une éclaircie illumine le ciel de Sébastien.

La Cité de Clairvivre : une bouffée d’air frais et l’envie d’y croire à nouveau

Les choses s’enchaînent alors rapidement. Après un stage effectué chez Cofidur, Sébastien apprend qu’une formation d’agent monteur câbleur en électronique doit démarrer en janvier au centre de formation de Clairvivre. Une formation rémunérée en amont de laquelle il effectue une remise à niveau de quelques mois.

« J’étais tout fou de reprendre une formation et de pouvoir travailler ».

Son entrée à Clairvivre officialise un nouveau départ. Accompagné d’une équipe toujours à l’écoute, Sébastien se sent désormais en sécurité et reprend confiance en l’avenir.

Au terme de sa formation en janvier 2023, il obtient son diplôme et signe, à quelques jours de ses 50 ans, un CDI auprès d’Inovelec-PLS en février. Sa reconnaissance envers les personnes de Clairvivre qui l’ont accompagné jusqu’à l’obtention de son emploi est totale ; tout particulièrement Stéphane Cramaregeas son professeur et Marie-Agnès Capdet. Aujourd’hui, fort de toutes ces étapes franchies avec succès, Sébastien veut s’impliquer pour les autres.

Le témoignage au cœur de son engagement

Toujours en contact avec « son rayon de soleil » le docteur Distinguin, il envisage de venir régulièrement s’entretenir avec des patients du centre de La Lande, dont la vie vient de basculer à la suite d’une maladie ou un accident.

« Je veux aller leur parler, leur expliquer, anticiper sur les questions qu’ils ne se posent pas encore ; leur donner ce qui m’a manqué quand j’étais là-bas.

« J’ai trop écouté, lorsque l’on me disait que je ne remarcherai pas, et que je ne pourrai pas reprendre mon métier de peintre. Ça m’a conditionné et j’ai coulé. Je veux leur dire que si on veut avancer, il faut se faire confiance, ne pas écouter ceux qui disent qu’on ne peut pas. Être conscient de ce que l’on a, mais ne rien s’interdire et au moins essayer. Aujourd’hui, je suis heureux d’avoir vécu tout ça. À présent, je peux tout apprécier et me rendre compte de la chance que j’ai. »

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