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Se réapproprier son corps grâce au tatouage artistique de reconstruction

©Soeurs d'encre
CANCER DU SEIN. RENAISSANCE. En 2016, Nathalie Kaïd initie le premier Rose Tattoo avec un objectif clair : utiliser le tatouage artistique pour réparer le corps des femmes ayant subi un cancer du sein et ce faisant, leur permettre de retrouver confiance et estime de soi. Cette initiative engendre en 2017 la création de l'association Sœurs d’Encre, reconnue comme un soin oncologique de support par l'AFSOS (Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support). Lauréate du Prix Ruban Rose qualité de vie, l’association signe des conventions avec la CPAM et la MSA de la Gironde et la mutuelle VIASANTÉ. En 2023, 360 femmes ont bénéficié de tatouages, dont 300 suite à un cancer du sein, tandis que plus de 2000 femmes ont été informées sur cette alternative de reconstruction.

Photographe, plasticienne, Nathalie Kaïd réalise une exposition en 2010 Aux seins de la vie sur la poitrine des femmes, dont une dizaine après un cancer du sein ; face à certains de ces corps mutilés, l’artiste est profondément choquée. Dans la même période, son premier tatouage, qui sera suivi par d’autres jusqu’à ce qu’elle décide de tatouer son corps entier, bouleverse son existence quand elle prend conscience des bienfaits thérapeutiques de cette pratique, et des répercussions positives qu’elle pourrait avoir sur des personnes malades.

Nathalie Kaïd ©Soeurs d’encre

Rose Tattoo, rendre accessible le tatouage artistique de reconstruction à toutes les femmes

Quatre ans plus tard, elle publie S’aimer tatouée, un livre artistique dans lequel elle va interviewer et photographier 195 femmes tatouées, dont certaines post cancer du sein. À leur écoute ainsi qu’à celle des tatoueuses, elle se dit que cette pratique de tatouage réparateur pourrait représenter une formidable alternative de reconstruction.

En 2016, dans le cadre d’octobre rose, elle crée l’évènement Rose Tattoo en partenariat avec Maison RoseUp et l’institut Bergonié, avec la volonté d’offrir des tatouages à des femmes ayant subi un cancer du sein, tout en protégeant cette pratique et en la faisant en coopération avec le corps médical.

L’année suivante, un protocole est mis en place avec un oncologue et une chirurgienne. Cette évolution s’enrichit d’un comité scientifique au sein de l’association, ainsi que d’une formation à la fois technique et médicale, destinée aux tatoueuses (un réseau fort de 100 professionnelles en 2024), désirant rejoindre l’association. Organisé tous les ans depuis 2017 par l’association Sœurs d’encre, Rose Tattoo se déroulera en 2023 à Colmar, à Paris et à Bordeaux.

Grâce aux conventions signées, les tatouages réparateurs peuvent être pris en charge selon différentes modalités : le service social de la CPAM de la Gironde intervient sous condition de ressources tandis que la Mutualité Sociale Agricole de la Gironde (MSA) le finance sans conditions. Soucieuse d’élargir l’accès à cette forme de reconstruction au plus grand nombre, la Mutuelle ViaSanté propose à ses adhérentes en difficulté financière de prendre en charge, par le biais de son fonds d’action sociale, tout ou partie du tatouage proposé par Sœurs d’encre.

L’association mène également des actions de sensibilisation et d’information dans les hôpitaux et instituts, pour expliquer son rôle, ses actions, et promouvoir cette alternative peu invasive à la chirurgie reconstructive.

Tatoueuse @little mony tattoo-photographe @Nathalie kaïd 2327

Le tatouage réparateur, une vraie renaissance

Le tatouage réparateur offre bien plus qu’une reconstruction physique. Nombreuses sont les femmes qui témoignent d’une transformation esthétique et psychologique profonde. En se réappropriant leur corps, elles retrouvent leur féminité et parlent d’une véritable renaissance.

« Le tatouage réparateur, commente Nathalie Kaïd, permet de mettre ce que l’on veut sur son corps et ainsi d’en prendre possession. C’est un choix esthétique en général, mais cela va plus loin. Lors des interviews pour le livre S’aimer tatouée, des femmes m’ont confié que le fait de se faire tatouer leur a permis de passer à autre chose, de changer de vie en changeant de corps, et de ne plus voir les cicatrices ».

Même si le traumatisme n’est pas effacé, qu’il soit lié à une maladie ou à des cicatrices psychologiques issues d’abus sexuel par exemple, le tatouage permet de se regarder à nouveau avec bienveillance dans le miroir et d’oser montrer ce qui était caché jusqu’alors.

« Tatouer son corps, poursuit Nathalie, c’est s’infliger une douleur pour quelque chose de positif et de beau. Une femme m’a dit que c’était une vraie renaissance pour elle, car elle pouvait vivre avec ce nouveau corps qui n’était plus celui qui avait été maltraité ».

Tatoueuse @pia baumont-photographe @Nathalie kaïd 2312

Cancer et emploi : le projet BoNéNé, un événement national artistique

L’association Sœurs d’encre propose également aux entreprises des ateliers créatifs et collaboratifs pour sensibiliser les équipes aux impacts professionnels, sociaux et psychologiques de la maladie. Les participants, salariés des entreprises, sont invités à couper un soutien-gorge en deux, un geste fort et symbolique de la perte d’un sein, et à le personnaliser. À cette occasion, des femmes ayant repris leur activité après un cancer du sein viennent partager leur expérience lors de ces événements, offrant ainsi une source d’inspiration et de soutien.

Le second volet de ce beau projet sera lancé le 3 octobre 2024 et s’adressera au grand public. Les personnes intéressées seront invitées à faire des BoNéNés et à les envoyer, avec un don de cinq euros. Ces œuvres artistiques seront collectées durant un an pour donner lieu en octobre 2025, à une sculpture qui sera réalisée par l’artiste franco-péruvienne Rustha Luna Pozzi-Escot.

Sœurs d’Encre by Rose Tattoo

7 rue la Motte Picquet – 33300 Bordeaux

Le lundi, Mardi, jeudi, vendredi, de 9H à 12h00 et de 13h30 à 16H30.

Téléphone : 06 62 38 64 51

Mail : soeursdencre@gmail.com