C’est étonnamment agréable de se rendre au salon de coiffure dans un milieu bucolique. Pas besoin de chercher une place de parking, pas d’horodateur, on respire l’air pur, on se déconnecte, avec le chant des oiseaux en bonus.
Le courage de changer de vie
Enfant, Sabrina Joubert sait ce qu’elle fera plus tard : ses parents valident son souhait, elle passe son CAP et son BP (Brevet professionnel). Elle commence sa vie professionnelle, les années défilent, tout se passe bien, mais dans son for intérieur, elle sait que le temps est venu de réaliser son rêve : posséder son salon avec un concept à son image.
L’esprit de famille
Toute sa petite famille s’implique dans son projet : époux, enfants, parents, beaux-parents, amis. Un soutien familial dont on a besoin quand on se lance dans l’inconnu ou presque. Remettre en question sa vie professionnelle, ses habitudes n’est pas une chose facile. Les nuits blanches réveillent les doutes, mais l’entourage félicite son choix, une amie lui dit “tu es une battante fonce” ! Sa détermination est inébranlable. Oui, Sabrina a connu les phases perplexes où l’incertitude donne la migraine.
Les astuces pour créer son entreprise en démissionnant
Puis il faut tout mettre en place pour matérialiser le projet et surtout le financer. Les étapes les plus épuisantes, moralement, sont les recherches. Après quelques incohérences administratives, Sabrina glane des informations importantes à la Chambre de métiers et de l’artisanat. Il est possible de toucher l’ARE (Allocation de Retour à l’Emploi) en démissionnant dans la perspective d’une création d’emploi ou une reprise d’entreprise, on lui explique que le salarié doit avoir travaillé durant cinq ans sans interruption chez son dernier employeur, il suffit de tester son éligibilité sur le site du gouvernement (Si vous aussi vous voulez concrétiser votre projet prenez contact)
Après sa démission, elle s’inscrit comme demandeur d’emploi dans les six mois suivant la validation de son projet, sans oublier de faire sa demande d’allocation chômage. Pour la construction du chalet, elle fait un prêt à la banque. Tout se déroule rapidement. Pour la communication Sabrina a allié l’ancienne méthode la distribution de prospectus et la pub digitale, un groupe sur Facebook.
Le concept salon de Sab
Pour apprécier chaque jour un peu plus la vie, apprivoiser une nouvelle habitude, produire de la joie dans un métier qui réclame de la rigueur et une remise en question permanente, Sabrina a imaginé un salon de coiffure refuge pour elle, bien sûr, mais surtout pour sa clientèle.
Madame Dignac s’émerveille pendant le temps de pose de sa couleur. « Ici, je ne lis pas un magazine, je regarde le jardin, la lumière, rien à voir avec un salon en ville, je me détends, et puis c’est à côté de chez moi, dans les bois ! » Une jeune-femme, Anne-Sophie Denervaux fait 35 kilomètres pour se faire coiffer. Elle vient de Saint-Privat en Périgord. « Je connais Sabrina, j’ai confiance et là, je suis si bien. » Cindy Szewczyk et son fils Alexy attendent leur tour en discutant avec Sabrina.
Les clients d’abord
La bienveillance et l’attitude d’écoute, de respect, de compréhension et de gentillesse que Sabrina peut avoir envers ses clients se manifestent par un accueil chaleureux, une prise en compte des besoins et des attentes de sa clientèle, elle est disponible à l’écoute, elle crée une relation de confiance et de fidélité en renforçant leur satisfaction et leur sentiment de bien-être dans un cadre naturel. Elle le dit bien « Ils sont chez eux ici, il y en a qui font leur café ou leur thé avant de passer au bac. »
Les thématiques du salon
On peut avoir un commerce dans un lieu atypique, sans oublier d’apporter un lien social en mettant en place des journées à thème. comme une bijoutière qui présente ses nouveautés.
D’autres thématiques verront le jour prochainement. Sabrina privatise aussi le chalet pour des amis qui veulent se faire coiffer ensemble.
Le slow-commerce dans les bois
Le slow-commerce est un concept qui consiste à prendre son temps en privilégiant la qualité à la quantité, la durabilité à la consommation rapide et les relations humaines. Ce mouvement a pour but de sensibiliser les consommateurs à l’impact de leurs achats sur l’environnement et sur les communautés locales.
C’est à ce titre que Sabrina insiste sur le fait qu’elle préfère le qualitatif au quantitatif. Le chalet est un cocon où on n’est pas étranglé par les tarifs et encore moins par les prestations que le client n’ose pas refuser, puis elle privilégie les produits français.
Son sourire en dit long sur sa joie d’avoir réalisé son projet « salon de Sab » qu’elle orchestre avec bonheur.
Isabelle KARL-FOUILLARET
Le commerce de proximité rurale, le commerce de demain ?
Entrons-nous dans une ère de prestations de proximité rurale ? Dans les communes moyennes, les locaux commerciaux s’endorment : loyer trop cher, exode des consommateurs vers les zones commerciales. Ils se transforment en logements. En Dordogne, les actifs habitent à 10, 20, 40 km de leur lieu de travail. Tirer un avantage d’un commerce dans son lieu-dit, c’est confortable. Avec les commerçants ayant fait le choix de développer leur affaire de cette façon, on peut conserver l’espoir de percevoir un avenir pour le commerce rural de proximité.