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Questions de mobilités / en Périgord vert

25 trains font étape chaque jour en gare de Négrondes, en semaine © H.L.
BOUGER. Nous ouvrons une série sur les mobilités en milieu rural, qui nous fera faire le tour du Périgord avec des solutions adaptées aux géographies, y compris humaines. Nous commençons par le Périgord vert, qui vient de mener une enquête publique auprès des entreprises pour améliorer les déplacements.

Dans le plus grand territoire des quatre Périgord, se déplacer n’est pas un choix mais une nécessité. Les acteurs locaux l’ont bien compris lorsque ils ont testé dès 2018 une solution avec la plateforme Mо́ver-Mobilité en Périgord Vert. Lors des nombreuses enquêtes réalisées, il ressortait un besoin d’autonomie et de mobilité.

 » Móver était une plateforme expérimentale, arrêtée il y a 4 ans : elle ne bénéficiait plus d’accompagnement de l’État ou de l’Europe. Depuis, une partie des idées qui en ont émergé, comme l’aide à la mobilité, le financement du code et du permis de conduire… sont gérées par les missions locales du territoire. D’autres projets sont poursuivis par des associations comme Trajectoire à Nontron (PLIE du Haut Périgord) ou APLB sur le pays de Ribérac et Saint-Aulaye. Ici, nous gérons le reste. »  Emmanuel Mazeau, directeur du Pays Périgord Vert

Accompagner au quotidien

Encore plus qu’ailleurs, les habitants sont confrontés chaque jour à un besoin de mobilité. Des actions initiées par la Région et le Département sont dynamisées au travers des six communautés de communes par les agents du Pays Périgord Vert. De nombreuses enquêtes et réunions orientent les décisions. Pour Emmanuel Mazeau, « l’objectif essentiel reste de conserver l’adéquation entre : emploi, logement, services publics et services aux personnes, établissements scolaires et services de santé. Ce sont des actions menées dans l’intérêt d’un territoire et à l’attention de ceux qui y habitent. » 

Camille David, chargée de mission et Emmanuel Mazeau, directeur du Pays Périgord Vert © H.L.

Le Pays mène des études sur toutes les mobilités, on parle de “multimodalités”. Camille David, chargée de mission au Pays Périgord Vert, évoque la possibilité de ramifier des itinéraires cyclables en profitant de la Flow Vélo qui relie Excideuil à Javerlhac (en passant par Thiviers et Nontron avant de continuer en Charente), avec l’étude de parcours cyclables et des mobilités douces. « Nous questionnons les salariés, les collégiens, les personnes ne disposant pas de véhicule… pour suggérer des modifications de circuits d’autocars. Cela nous servira à mieux utiliser les infrastructures existantes. »

Le transport à la loupe

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Ces initiatives et actions ont encouragé la communauté de commune Dronne et Belle (Brantôme) à publier récemment un guide des mobilités (téléchargeable en ligne). « En plus de ce guide, sur notre site web, le visiteur est informé des avancées du développement des mobilités actives ou de la mise en place des aires de covoiturage dans les bourgs de Bourdeilles, Brantôme, Champagnac ou Mareuil », notre Annabelle Carlier, chargée de mission à la Communauté de communes Dronne et Belle.

Les cars et les gares

Le transport en autocar est aussi analysé pour correspondre aux meilleurs circuits de ramassage scolaire, avec adaptation possible au trajet des salariés. L’idée est d’optimiser chaque kilomètre et d’organiser les points de stationnement avec des correspondances garanties avec la gare d’Angoulême, par exemple : il est prévu de communiquer sur les lignes de cars, leurs circuits, le cadencement, les fréquences et les correspondances avec le train. Beaucoup d’habitants de la zone cherchent à se rapprocher de la gare d’Angoulême.

Annabelle Carlier, chargée de mission à la Comcom Dronne et Belle © H.L.

« Nous essayons de contacter toutes les entreprises de notre territoire pour lister les besoins de déplacements et leur proposer des solutions de covoiturage s’il n’est pas possible de bénéficier de transports collectifs, ajoute Camille David. Nous encourageons nos interlocuteurs à découvrir la plateforme de covoiturage Covoit Modalis, pilotée par la Région et gratuite pour les utilisateurs. C’est une vraie solution collaborative à faire progresser en prenant en compte nos remarques. »

Aller plus loin

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Le covoiturage est analysé par des étudiants de l’IUT de Périgueux (BUT Carrières Sociales – Villes et Territoires Durables), au regard du tissu économique riche d’importants employeurs : comment améliorer l’occupation des véhicules, organiser les points de rencontre, tenir compte des horaires décalés et bien entendu des besoins des utilisateurs.

Le transport à la demande est testé à plus ou moins grande échelle. Sur le territoire Périgord Nontronnais, c’est la plateforme Le VIME qui organise des circuits autour de Piégut-Pluviers ou de la Javerlhac. Autour du Ribéracois et de Saint-Aulaye, c’est l’association Envol qui pilote ces initiatives.

• Lire aussi notre article sur l’étude réalisée par les étudiants en post-Master Design des Mondes ruraux, un programme de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs mené à Nontron.

Une enquête sur les déplacements et mobilités des actifs

(réalisée avec l’appui des élèves de l’IUT de Périgueux (BUT Carrières sociales, option Villes et territoires durables)

En gare de Négrondes © H.L.

L’enjeu de cette enquête était de déterminer les freins à la mobilité pour recruter et fidéliser les salariés, en réponse à une demande des acteurs locaux. Pour cela, 148 établissements publics ou privés de plus de 10 salariés, avec un siège social dans le périmètre du Pays Périgord Vert, étaient ciblés. À noter que 10 % des établissements sont en horaires décalés ou variables.

Les premiers résultats montrent que le tissu important des TPE présentes sur le territoire génère des déplacements domicile-travail très courts pour une majorité de salariés. Ceux-ci ne peuvent pas forcément utiliser les transports en commun soit en raison du maillage, soit des horaires. De ce fait, 90 % des actifs utilisent leur voiture (+1,6% en 10 ans.). Le vélo représente moins de 1 % des trajets car usage peu sécurisant et manque d’infrastructures adaptées.

Les salariés présents dans la communauté de commune Isle-Loue-Auvézère-en-Périgord utilisent beaucoup plus les transports en commun (2,5 %) que sur d’autres Communautés de communes. Sans doute parce qu’un établissement est directement desservi par une ligne d’autocar, précise Camille David.

L’enquête qualitative et les diagnostics d’accompagnement sont en cours d’analyse. Tous les éléments obtenus seront bientôt présentés, avec des solutions et fiches d’actions, pour une interaction entre les acteurs et les diverses parties prenantes de ce dossier.

© H.L.

Le Périgord vert en chiffres

  • 144 communes réparties dans 6 communautés de communes (CC du Périgord Ribéracois, CC Dronne et Belle, CC du Périgord Nontronnais, CC Périgord-Limousin, CC du Pays de Saint Aulaye et la CC Isle-Loue-Auvézère en Périgord)
  • 83 000 habitants sur 3100 km² soit 27 habitant /km²
    • Sa superficie représente plus de 34% du département et seulement 20% des habitants.
  • 9 000 entreprises dont 80 emploient plus de 50 salariés (soit un tiers des emplois du secteur) ; particularité, 26 % des emplois dans l’industrie.
  • Les deux tiers des salariés du Périgord Vert travaillent à plus de 7 km de leur domicile. 13 % des salariés travaillent hors du département.