Quand on a appris à faire du vélo, ça s’oublie pas, en principe. Mais il faut parfois se recycler pour s’y remettre au bout de quelques années sans pratiquer. Pratiquer le vélotaf pour aller au boulot, ou le vélo loisirs pour se balader, peut bien sûr se faire en utilisant son expérience ou se former en passant par une vélo-école. Elles sont portées par des associations qui assurent la promotion de la bicyclette sous toutes ses formes. À Périgueux, c’est Vélorution, bien connue pour ses actions en faveur du vélo, qui a été pionnière dès 2019.
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« On avait eu une démonstration dès 2014 par un formateur de Vélocité à Bordeaux », se souvient Olivier Georgiades, l’un des fondateurs de Vélorution, un enseignant qui est aussi élu à la mairie de Trélissac et au Grand Périgueux. D’abord par simple curiosité, il a vu l’utilité de remettre en selle des cyclistes. Pour les débutants, la vélo-école de Vélorution fonctionne avec des exercices dans la cour de l’école Clos-Chassaing le samedi matin ou le mercredi après-midi.
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Dès que la confiance est acquise, les cours se passent dans les petites rues, puis dans la circulation. La formation peut se compléter d’un accompagnement pour trouver le meilleur itinéraire entre domicile et travail. « On appelle ça du covélotaf, il rassure et permet de prendre de bonnes habitudes », explique l’enseignant. Il a, depuis, passé la main à la vélo-école mais plusieurs sessions de formation ont permis de composer une équipe d’initiateurs bénévoles en mobilité vélo, des retraités pour la plupart.
Une liberté de déplacement
Le public des élèves est très varié. Des jeunes adultes qui n’ont pu apprendre avec leurs parents pour différentes raisons, suivent les cours de la vélo-école. Des salariés qui pestent contre les embouteillages, les difficultés pour se garer et le coût toujours plus élevé des voitures, apprécient quelques heures de remise en selle qui peuvent améliorer leur quotidien. D’autant qu’il existe des financements pour les entreprises, à partir de fonds alimentés par les certificats d’énergies des pollueurs. Des réfugiés, le plus souvent des femmes, trouvent dans cet apprentissage une liberté de déplacement qu’elles n’avaient pas dans leur pays d’origine.
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Pour les enfants, les initiateurs peuvent venir en renfort d’enseignants, pour le programme scolaire Savoir rouler à vélo, SRAV.
« J’avoue que je n’y ai pas trop cru au début », avoue Laurent Pichot, l’un des cofondateurs de Vélorution, qui a vite compris ce qu’apporte une vélo-école. Les pionniers comme Serge Devaux ont de belles histoires à raconter de personnes « qui croyaient ne pas y arriver, mais qui ont réussi à se remettre au vélo, parfois après un traumatisme ». L’autonomie gagnée par des publics à besoins particuliers, par exemple étrangers ou handicapés, est réelle. Ces cours permettent de dépasser des blocages et de développer la pratique du vélo, qui progresse chaque année.
Le vélo trois temps
Une dizaine de cours d’une heure, répartis en trois temps, suffit à devenir cycliste. Dans un premier temps, l’apprentissage intègre les bases pour tenir sur le vélo et savoir pédaler. Dans un deuxième temps, la pratique sur plusieurs terrains permet d’être à l’aise sur le vélo. Et en troisième temps, on apprend à rouler dans la circulation avec les autres usagers de la rue et de la route.
Le cycliste doit être bien visible, il apprend à communiquer avec son environnement et à ne pas se mettre en danger. Il a des codes particuliers qui peuvent l’aider comme des sas vélos devant les feux tricolores, les petits panneaux triangulaires qui lui permettent de passer au rouge dans certaines conditions, les sens interdits accessibles aux vélos… On n’imaginerait pas rouler en voiture sans formation. Ensuite, il faut de la pratique et de l’expérience. Le casque est fortement recommandé et l’éclairage obligatoire.
Olivier Georgiades, qui travaille pour le développement des mobilités douces dans l’agglomération, tient au partage de l’espace. « Il y a un problème d’éducation et de formation, mais également d’aménagements », reconnaît l’élu. Chacun doit apporter sa part.
Des aides à la remise en selle
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À Périgueux, Vélorution assure donc des cours depuis Clos-Chassaing et le quartier du Toulon, mais également directement dans les entreprises et les structures qui aident la remise en selle de leur personnel. Des financements existent pour organiser des sessions permettant de se familiariser avec les giratoires, avec les bandes cyclables, la signalétique particulière, les itinéraires plus paisibles… Les vélos à assistance électrique facilitent désormais la pratique, mais demandent aussi une petite formation, car ils sont moins maniables.
Sur Périgueux, l’association des Jantes et des gens a lancé sa vélo-école au Gour de l’Arche et le comité départemental de la Fédération française de Vélo peut aussi assurer des cours. Des projets doivent voir le jour en Bergeracois.
Ces cours assurés par des bénévoles formés sont payants mais très accessibles (entre 5 et 10 euros) : cette petite contribution, et l’adhésion à l’association qui encadre, permet d’acheter du matériel et de l’entretenir.
Le schéma cyclable du Grand Périgueux
Lancé en 2018 sur l’ensemble des 43 communes de l’agglomération du Grand Périgueux, le schéma cyclable concerne surtout les parties les plus urbaines. « Nous venons de dépasser les 1000 vélos mis en location, surtout des électriques », annonce Olivier Georgiades. « Lors d’un dernier point avec le président Jacques Auzou, nous avons évalué à près de 2,5 millions ce qui a été investi depuis le début du plan vélo », souligne l’élu. Ils comprennent durant ces années le parc de matériel loué par Périmouv, les vélos en libre-service ajoutés place Bugeaud, dans les gares de Périgueux et Boulazac, les abris et accroches à vélo et les aménagements de rues.
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Le Grand Périgueux aide aussi les associations de promotion cyclables comme Vélorution, abrité dans une vieille maison appartenant à l’agglomération près du rond-point Chanzy dit “des poissons”. On y trouve un atelier participatif pour réparer son vélo ou remettre en état des cycles donnés par des habitants et revendus à petits prix.
• Vélorution, 48 allée du Port à Périgueux. Atelier ouvert les mercredis de 16 h à 18 h 30 et les semadis de 14 h à 16 h 30.