L’intérêt et la bienveillance de Matthieu Ricard pour le monde animal sont anciens et sous-tendent le bouddhisme, selon lequel il est considéré comme un être sensible qui veut comme tout être humain, éviter la souffrance et rester en vie. Cet engagement va de pair avec un engagement éthique et écologique.
En 2014, Matthieu Ricard publie son Plaidoyer pour les animaux, où il se fait leur porte-parole. Il questionne leur intelligence, leur sensibilité, notre devoir moral envers eux, ainsi que les souffrances qui leur sont infligées par les hommes, en s’appuyant sur des expériences, des études, des travaux, de scientifiques, de philosophes et d’éthologues. Un ouvrage complet pour qui veut comprendre la condition animale et qui nous incite à étendre notre bienveillance à leur égard.
Dans cet entretien audio, Matthieu Ricard interroge notamment le dilemme moral face auquel se trouve l’homme. Considérant les animaux comme des êtres inférieurs, des choses à sa disposition, il détourne le regard et accepte qu’ils soient traités comme il ne le ferait pas pour des êtres qui lui sont chers.
Que l’on soit d’accord ou pas avec les propos de Matthieu Ricard, ils résonnent particulièrement dans un contexte environnemental où se pose la question de l’élevage industriel et de ses conséquences sur le réchauffement climatique. Il est en effet la deuxième cause d’émissions de gaz à effet de serre, tout au long de la chaîne de fabrication, et ce devant le transport.
Devons-nous continuer, quoi qu’il arrive, à tolérer la souffrance animale, « en oubliant notre compassion au bord de notre assiette », où envisager de changer progressivement nos comportements ? une question à la fois morale et politique que nous pose Matthieu Ricard.
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Né en 1946, Matthieu Ricard est le fils de Jean-François Revel, philosophe, essayiste, et journaliste et de la peintre Yahne Le Toumelin. Après un premier voyage en Inde en 1967, il rencontre des maîtres spirituels tibétains dont Kangpour Rinpoché, son maître. Il pratique alors le bouddhisme et devient moine en 1979. En parallèle, il obtient un doctorat en génétique cellulaire. Il rencontre le Dalaï-lama en 1980, dont il deviendra l’interprète français en 1989. Engagé dans de nombreux projets humanitaires au Tibet, au Népal et en Inde, Matthieu Ricard se consacre à la préservation de la culture tibétaine en parallèle de sa pratique bouddhiste. Il photographie inlassablement depuis plusieurs décennies des maîtres spirituels, des paysages et des peuples himalayens. Auteur prolifique, ses nombreux ouvrages ont toujours beaucoup de succès ; l’intégralité de ses droits d’auteur sont reversés aux projets humanitaires menés par l’association Karuna.