Françoise David a parcouru un long chemin sur la ferme familiale depuis 1986, d’aide auprès de ses parents à l’entrée en Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) après un BTA et un stage auprès d’un acteur incontournable de l’agriculture bio régionale, Jean-François Bouchy, maraîcher en Périgord noir. Cheffe d’exploitation depuis 1997, prenant le relais de son père, elle a orienté sa production vers le bio à partir de 2010, avec le soutien d’AgroBio Périgord.
Des Amap au marché à la ferme
La maraîchère, figure connue et reconnue sur les marchés de Saint-Astier et Périgueux, s’est investie dans la promotion et le développement de ce mode de culture, dans la formation et la transmission de ses valeurs et de son savoir-faire. « J’ai toujours fait de la vente directe, principalement sur les marchés, puis j’ai été contactée par une Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), à Boulazac, il y a 15 ans : c’était le plein développement de ces ventes au panier de saison, je continue d’ailleurs ces livraisons chaque semaine. Je fournis aussi deux Biocoop et Manger Bio Périgord. Et depuis le confinement j’organise un petit marché à la ferme, certains s’y sont attachés.»
Manger Bio Périgord, que préside Françoise David, initialement Isle Mange Bio, répond aux objectifs de vente en gros ou demi-gros. « Un cap a été franchi depuis l’installation dans l’agglomération de Périgueux, avec la logistique des transports Class, le soutien du Département, du Crédit Agricole… On était un peu en avance, il fallait une logistique adaptée pour permettre un approvisionnement bio et local.»
Libérée de la logistique
L’organisation mise en place par la Communauté de communes Isle Vern Salembre (CCIVS) permet de récupérer l’ensemble de la marchandise en provenance des producteurs pour la redistribuer : « C’était un problème pour nous d’effectuer les livraisons dans chaque cantine, ce n’était pas gérable. La cuisine centrale passe donc les commandes en direct à Manger Bio pour les communes de la communauté et se charge des livraisons. C’est bien de travailler localement, mais il faut l’engagement d’une collectivité pour la distribution. On peut fournir des quantités, avec régularité, à condition d’être libérés des tournées, sinon ce n’est pas rentable. Là, nous déposons nos palettes à Manger Bio qui distribue à CCIVS et à d’autres structures. »
Pérenniser ce vaste espace bio
À l’heure de prendre sa retraite, elle s’interroge bien sûr sur la meilleure façon de pérenniser ce qu’elle a mis en œuvre sur cette vaste propriété cultivée en bio dans la fertile vallée de l’Isle : 16 hectares de surface agricole utile, dont la moitié en plein champ, avec une vaste serre, sans oublier les emplois à temps plein, les apprentis et stagiaires… « Nous étions quatre cet hiver, l’équipe monte en puissance au printemps, jusqu’à six ou huit. » Ce profil d’exploitation pourrait tout à fait correspondre au souhait des animateurs de la plateforme d’approvisionnement des restaurants scolaires CCIVS de voir se développer la consommation locale et bio vers un plus grand nombre de consommateurs.
Mais la réflexion ne fait que commencer. Françoise David, également sur le point de passer la main pour la présidence de Manger Bio Périgord, se trouve au carrefour d’un réseau qui pourrait favoriser l’avenir du site, sur la base du travail réalisé en harmonie jusque là, vers une destination collective, au bénéfice du bien commun.
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