Le contexte sanitaire que nous vivons ne permet pas le passage de relais public qu’appelle le bilan de Marie-Christine Foudral, avec le président sortant Gilbert Vigeant : la cérémonie aurait réuni nombre de personnalités, membres du personnel et amis. La directrice aurait même enfin pu y recevoir très officiellement la médaille nationale du Mérite que lui a attribué la République l’an passé, juste avant le premier confinement.
Cécile Chambon, bien connue pour avoir assuré la délégation aux droits des femmes en Dordogne, puis le pilotage de la Politique de la ville à la préfecture, prend la direction du Safed dans des conditions tout autres que Marie-Christine à son arrivée, le 1er février 2008, jour de brouillard et de blues. La structure n’avait plus de direction depuis six mois et le budget réduit au minimum, avec 30 salariés, pour faire vivre un centre d’hébergement, les missions de tutelle, un service infirmier et une maison relais. S’appuyant sur deux chefs de service « Vincent et Jean-Claude, des vieux de la vieille qui m’ont soutenue », elle a relevé le défi, forte de son expérience de direction de centres sociaux de la CAF.
Montée en puissance du Safed 24
Prenant ses fonctions en pleine réforme de la loi des tutelles, elle a saisi cette porte d’entrée pour assimiler toutes les nouveautés, apprendre toujours et encore, développer, structurer, faire monter le Safed en puissance et en notoriété. Un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens passé avec la Ddass a formalisé la réorganisation, fixé des procédures. Le service a déménagé son siège place Francheville en 2011, près des hébergements du cours Fénelon, l’Îlot Femmes s’ajoutant quartier Saint-Georges en 2013. Le Safed inscrit ainsi une forte présence au cœur de Périgueux, H24 puisque c’est là que résonne le numéro d’urgence du 115 à 84 % du temps.
Sa formation de juriste ancre l’action de Marie-Christine dans la vigilance sur le droit du travail et la professionnalisation des équipes, avec des procédures qualité qui valent au Safed sa norme Iso 9001, une rareté dans la sphère sociale. Son sens des relations humaines lui permet de multiplier les partenariats, de rompre avec un secteur parfois concurrentiel pour se placer dans une démarche de coopération et de partage avec ses pairs. Sa créativité pour trouver des subsides s’exprime pleinement dans des réponses à toutes sortes d’appels à projets, pour avancer dans l’innovation sociale. Les prix et trophées qu’elle est allée décrocher auprès de fondations, Chanel ou L’Oréal, valent au Safed d’être repéré nationalement, en plus d’être connu et respecté localement. « Finalement, je me suis éclatée, tout était à construire », assure cette super bosseuse, qui cache les longues heures de travail de dossiers sous un abord décontracté et convivial. Cette « maman poule » d’équipes soudées transmet à Cécile Chambon, qui a passé quatre mois en duo avec elle, des outils et des dispositifs qui fonctionnent.
L’Îlot femmes, une utilité, une fierté
Bien sûr, il a fallu compter avec quelques épreuves : quand SOS Femmes Dordogne a fermé ses portes, en 2011, Marie-Christine a été désignée par le préfet pour administrer la fin d’activité de l’association. Ce qui a probablement motivé la création de l’Îlot Femmes, en 2013, un projet qu’elle a conçu à la mesure de la douleur de celles qu’elle ne pouvait se résigner à laisser sur le bord du chemin. Leur relogement et l’ouverture de cet accueil de jour a marqué une nouvelle étape pour le Safed, qui a agrégé d’autres dispositifs autour, comme la convention avec les taxis du département pour exfiltrer les victimes de violences intrafamiliales ou l’accompagnement de sortie de prostitution. Aidé par l’État et le Département, l’Îlot est un outil indispensable mais encore fragile, qui doit assurer sa pérennité. « L’Îlot est ma fierté, mon bébé. Mes amies féministes de l’Aveyron ont suivi son évolution et aimeraient soutenir le même type de structure là-bas. » De quoi poursuivre un engagement social de terrain en passant du mode professionnel à l’utilité associative, en y ajoutant le souhait d’apporter une aide à la sphère culturelle, « petite main pour des festivals, quand ils pourront se tenir, pour l’ambiance et pour tisser des liens ».
Marie-Christine Foudral, qui reste présidente du club Soroptimist périgourdin, trouvera forcément des occasions de retour pour soutenir d’autres combats et mener des actions indispensables au genre humain… un genre plutôt féminin, tout de même !
Le Safed en quelques chiffres
• 4 millions d’euros de budget dont 1,8 millions de salaires
• 70 salariés
• Gestion de 110 places d’hébergement d’urgence.
• 3000 personnes sont accompagnées chaque année
• Unité de mesure de la confiance des juges : suivi de 950 mesures de tutelles, pour 250 en 2008.
• 2 500 contacts annuels à l’Îlot Femmes