Le festival BD en Périgord, à Bassillac et Auberoche, est une parenthèse enchantée, ou plutôt une “bulle” magique, qui se refermera après trois jours d’échanges avec 45 auteurs invités. La 35e éditions, du 11 au 13 octobre, déroule dix expositions dont certaines restent en place après le festival. Parmi celles-ci, « le rêve éveillé » auquel n’osait pas croire Matthieu Druillole, président de l’Amicale laïque de la commune, qui porte l’événement avec son équipe de bénévoles : le dessinateur belge François Schuiten et l’indissociable scénariste Benoît Peeters, né la même année que lui, à Paris, sont les invités d’honneur de Bassillac, célébrés par l’exposition stationnée aux Archives départementales, à Périgueux, jusqu’au 27 décembre.
Duo prolifique
Ils partagent depuis 1980 l’aventures des Cités Obscures, série d’albums multiprimés et connus dans le monde entier. Ils ont fait le bonheur des visiteurs du festival d’Angoulême avec Le Musée des Ombres, en 1990 (expo-spectacle fondatrice de la CIBDI), avant la consécration du Grand prix attribué à Schuiten en 2002 pour l’ensemble de son œuvre.
Coupoles inoubliables
Et les voilà en Dordogne, au terme d’un bel alignement de planètes, avec une affiche hissant l’inspiration du dessinateur au sommet de Saint-Front, dont les coupoles ne pouvaient qu’attirer ce passionné d’architecture, discipline chère à son histoire familiale.
Tous deux aiment « sortir du cadre », comme l’a souligné le président du festival, ils ont décloisonné le 9e art et fait souffler un vent de liberté sur des cases bien alignées. Le talent de l’illustrateur a débordé sur le spectacle vivant, le cinéma, la muséographie, l’événementiel culturel au sens large, jusqu’à la musique, avec une pochette pour Gérard Manset.
Talents complices
Le duo est uni sur l’autel de la BD belge par l’œuvre d’Hergé dont Benoît Peeters est un expert érudit. Critique, concepteur d’expositions, essayiste, professeur, il multiplie les brillantes occupations (incursions dans le champ de la photo et du cinéma, avec Raoul Ruiz) jusqu’à la chaire Création artistique du Collège de France et un cours consacré à la “Poétique de la bande dessinée”.
Avec Le retour du Capitaine Nemo — qui ne les a jamais vraiment quittés — le duo d’auteurs replonge en 2023 dans l’imaginaire foisonnant de Jules Verne. L’exposition fusionne les voyages, au fond de l’océan et dans les cités imaginaires qu’ils fréquentent depuis des décennies, mêlant inventions architecturales et visions oniriques dans la science des possibles. Enveloppé d’une bande son ajoutant à l’étrangeté de la rencontre avec cette œuvre déployée dans une atmosphère claire-obscure, le visiteur entre dans le cadre pour se perdre dans les perspectives.
