Dans sa démarche d’obtention du label de réserve internationale de ciel étoilé, le PNRPL accompagne quatre communes volontaires (Saint-Pierre-de-Frugie, Marval, Saint-Yrieix-la-Perche et Nexon) dans l’amélioration de leur biodiversité nocturne, avec une approche participative.
Éprouver notre rapport à la nuit
Les habitants de Saint-Pierre de Frugie ont ainsi pu découvrir différents ateliers de sensibilisation à la pollution lumineuse, mais aussi de réflexion sur leur relation à la nuit : avec Fanny Labrousse (Chargée de mission participation citoyenne au PNRPL) en se situant selon qu’ils se sentent plus ou moins à l’aise avec leur environnement nocturne, ou plus ou moins attirés par la nuit.
Avec Jérôme Gauduchon (Chargé de mission projets pédagogiques et sensibilisation PNRPL), sur l’atelier « porteur de paroles », ils ont pu échanger sur la nuit telle qu’ils la connaissent, ou ont pu la vivre enfants, et ce qui a pu changer entre la nuit de leur enfance et celle d’aujourd’hui pour les plus âgés.
Les enfants ont particulièrement apprécié la « boîte de nuit », grâce à laquelle ils ont pu repérer les différentes constellations à l’aide de la carte du ciel, ou l’atelier de découverte de la faune nocturne.
« La nuit en danger de mort »
Durant plus d’une heure, le « bouffon sacré » qui ne s’interdit rien, auquel Émilie Olivier donne vie, nous confronte aux différentes dimensions de la nuit.
Personnage très vif, extravagant et attachant, elle nous entraîne dans les méandres de son enquête psycho-géographique auprès de scientifiques, d’historiens, d’habitants, d’élus, d’astronome, et même d’un major de gendarmerie. Dans son analyse d’un tirage de lames du tarot de Marseille, illustrées par Amélie Jackowski, elle met chaque carte en perspective et construit un grand récit, retraçant l’histoire de la nuit, cristallisatrice de peurs instinctives et métaphysiques, liées à notre plus grande peur, la mort.
Une nuit diabolisée par la religion qui ne reconnaît que ce qui est lumineux et associe le noir au chaos.
Durant tout le spectacle intense et haut en couleur, grâce à cette « entremetteuse de propos », nous prenons conscience que « la nuit est en danger de mort », menacée entre autres par 11 millions de lampadaires et 3,5 millions d’enseignes rien qu’en France. Prisonnière des désirs et des intérêts de l’homme, d’une ville qui ne dort jamais, sa faune désorientée confond le jour et la nuit.
L’éclairage public longtemps considéré comme un progrès, ne serait plus que pollution lumineuse, gabegie de deniers publics, plus confortable, plus rassurant, que synonyme de sécurité.
Alors peut-être faudrait-il laisser « la nuit retrouver sa nature profonde, sombre, silencieuse et grouillante ». « Lui laisser sa place dans le monde » et reprendre une place plus discrète dans le sien.
L’apprécier à sa juste valeur en tant que garante de notre sommeil et de notre sérénité, lui reconnaître sa propension à susciter contemplation, imagination, et création, et « changer notre vision en reconnaissant son mystère ».
Nous avons encore tellement de « zones vierges de connaissances à découvrir et de paysages nocturnes à explorer ». Martine ne nous propose rien de moins « qu’une nouvelle manière de vivre et de faire monde ».
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