C’est au calme de la campagne périgourdine, à Sainte-Croix, entre les bastides de Monpazier et de Beaumont-en-Périgord, qu’après une première vie professionnelle mouvementée, Raquel Gay-Benito a décidé d’installer son atelier de cirière et de parfumeuse. Épaulée par son compagnon Frédéric Dugard, qui s’occupe de la partie commerciale, ils forment un parfait binôme. Et à écouter l’artisane raconter avec enthousiasme son métier et ses façons de procéder, on comprend assez vite qu’elle possède deux qualités absolument essentielles et parfaitement complémentaires chez un artisan : la créativité et le pragmatisme.
Une passionnée de parfums
Cette créativité, elle a choisi de l’exprimer au travers de l’un des cinq sens le plus subtil et le plus difficile à maîtriser : l’odorat. Amoureuse de parfums depuis toujours – elle a d’ailleurs été animatrice chez Beauty Success lorsqu’elle était étudiante –, et après une vie professionnelle qui n’avait rien à voir, Raquel a décidé d’apprendre à composer elle-même des fragrances pour créer, concevoir et fabriquer des bougies d’ambiance.
Acquérir les savoir-faire
Quant à son pragmatisme, Raquel l’a développé durant des années, lors d’une précédente vie professionnelle. Car, si son nouveau métier consiste à imaginer des objets esthétiques aux senteurs surprenantes, elle dirigeait auparavant une entreprise de transport routier et de logistique. Une occupation qui lui demandait de gérer à la fois les moyens financiers, matériels et humains. Et comme Raquel souhaitait amorcer une reconversion professionnelle pour devenir créatrice de bougies parfumées, elle a su mettre en place toute la logistique nécessaire.
Étape numéro un : acquérir les savoir-faire pour mener à bien son projet. Il y a quelques années, elle a intégré une école de cirier dans le sud de la France, avant de suivre un cursus au sein de Cinquième Sens, une école de parfumeurs parisienne. Et, parce que sa créativité lui a donné envie de travailler sur des fragrances aussi surprenantes que singulières qui rappellent certains alcools emblématiques, elle a également suivi une formation au Wine & Spirit Education Trust (WSET), un organisme international spécialisé dans le domaine des vins et spiritueux.
Des bougies parfumées évocatrices de spiritueux
« Un jour, alors que je faisais des achats chez un caviste, la dame devant moi, qui achetait une bouteille de whisky comme cadeau d’anniversaire pour son mari, ne savait pas comment compléter son cadeau, se souvient Raquel. Le caviste ne savait pas vraiment quoi lui proposer à part un tire-bouchon ou des verres de dégustation. C’est à ce moment que je me suis dit : ‛Et pourquoi ne pas imaginer des bougies d’ambiance plutôt masculines ?’»
Un vrai pari, puisque les bougies parfumées sont souvent déclinées comme des éléments de déco d’un univers plutôt féminin. Et un pari très réussi, puisque aujourd’hui les bougies Grand M [en hommage au Grand Marnier – NdlR], Rhum, Absinthe ou encore Wisky séduisent énormément les clients de LxSir ! Elles leur rappellent les univers olfactifs délicats de ces breuvages, d’où émane une sensation d’épaisseur tant les senteurs se superposent et s’entremêlent.
Un parfum d’ambiance conçu comme un parfum pour la peau
Pour en revenir au parcours de Raquel, l’étape numéro deux, après l’acquisition des savoir-faire, fut celle de l’installation de son atelier à Sainte-Croix, de la création de sa marque LxSir et de la conception des parfums qui insuffleront une personnalité aux bougies.
Car le savant mélange utilisé pour parfumer une bougie n’est rien de moins qu’un parfum tout court. La seule différence est de n’être pas dilué dans l’alcool comme c’est le cas pour les parfums que nous appliquons sur la peau. Ici, il est dilué dans un corps gras pour pouvoir être mélangé à la cire car l’alcool et la cire ne sont pas miscibles.
Si un nouveau parfum fait appel à la créativité, il est aussi le fruit de la recherche d’une alchimie entre la mémoire des odeurs, l’imagination et la faculté de créer des unions qui racontent une véritable histoire.
Raquel assemble donc ses parfums d’ambiance elle-même, dans son atelier, face à son “orgue à parfum”, et compose avec les notes de tête (celles qui sont les plus volatiles), les notes de cœur (celles qui se déploient durant plusieurs heures et constituent l’odeur caractéristique d’un parfum) et les notes de fond (celles qui s’évaporent le plus lentement, prenant parfois même plusieurs jours à s’estomper).
Des formules de parfum envoyées à Grasse
Ces mélanges qui, une fois obtenus et consignés dans de tout petits flacons, peuvent avoir besoin de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pour se “mettre en place” et laisser entrapercevoir aux narines de la créatrice ce que sera le rendu final.
Raquel assemble ses parfums pour créer une savante alchimie entre la note de tête, la note de cœur et la note de fond.
Penser que le travail s’arrête là serait une erreur. Si un parfum pour la peau s’utilise à froid et n’est en contact qu’avec notre corps dont la température n’est pas très élevée, le parfum utilisé pour couler une bougie doit se révéler à chaud, lorsque la flamme titille les molécules. Raquel doit donc parfois arranger, réarranger et reréarranger ses compositions pour parvenir au résultat qu’elle escomptait.
C’est alors qu’elle envoie ses formules dans une fabrique de Grasse, ville du parfum s’il en est, pour qu’une grande quantité de la fragrance soit produite avant de lui être renvoyée à Sainte-Croix.
Une kyrielle de tests
Avant de passer à l’étape de fabrication, Raquel procède à une série de tests minutieux. Des tests de brûlage, pour parfaire la force et la durée de combustions – une bougie de 185 grammes qui sort de son atelier pouvant brûler jusqu’à 45 heures. Des tests pour optimiser la taille de la mèche. Ou encore des tests sur les contenants, pour s’assurer qu’ils résistent à la chaleur et ne se cassent pas lorsque les degrés augmentent.
Raquel peut alors passer à la fabrication de ses bougies. Tous les gestes sont assurés de façon artisanale. Les mèches sont coupées et enrobées de cire à la main. Ensuite, chaque bougie est coulée, nettoyée et peaufinée – le perfectionnisme et la conscience professionnelle sont des valeurs chères à Raquel – au sein de son atelier très organisé…
Organisation et logistique parfaitement huilées
Organisée, la créatrice l’est de façon rigoureuse, puisque son métier est une question de précision, tant dans les proportions de parfums ajoutées à la cire que dans le calcul des températures.
La logistique est parfaitement huilée et le facteur temps savamment optimisé. Raquel prépare les contenants et confectionne ses mèches en fin de journée avant de les fixer au fond des réceptacles. Toujours le soir, elle procède au remplissage de son bassin de fonte de cire et programme un minuteur pour déclencher la chauffe le matin suivant, de manière à ce que la cire soit à la bonne température lorsque l’artisane arrive dans son atelier.
Tout est question de précision, tant dans les proportions de parfum et de cire que dans les températures auxquelles est portée la bougie.
Et c’est précisément le lendemain que commence le ballet du remplissage. Une chorégraphie qui donne naissance à une centaine de bougies par jour, avant que Raquel prépare à nouveau des mèches, des récipients et son minuteur pour que tout soit prêt le lendemain matin.
Des cires 100 % végétales
Quant à la cire utilisée, elle est 100 % végétale (colza, soja ou stéarine), contrairement à beaucoup de bougies qu’on trouve souvent bon marché, parce qu’elles sont composées de paraffine, un dérivé du pétrole. Les bougies de LxSir sont également sans matières CMR [cancérogène, mutagène, reprotoxique – NdlR].
Des gammes envoûtantes
En plus de sa collection Vins & Spiritueux, Raquel conçoit les bougies parfumées de sa gamme Les Saisons, pour célébrer la nature comme il se doit. Elle produit également des bougies anti-moustiques à la fois jolies, naturelles et (très !) utiles pour lutter de façon élégante contre ces satanés insectes qui semblent tous les étés un peu plus nombreux. Des créations qui séduisent particulièrement les hôtels et restaurants de la région dotés de terrasses, coulées dans des contenants en verre réutilisables – au moment où nous visitons son atelier, Raquel en coulait justement dans des bocaux fournis par BV Green, à qui nous consacrons précisément un article dans ce numéro… le monde s’avère parfois si petit !
Habiller nos intérieurs de poésie
Un peu plus d’un an après son lancement, LxSir séduit de plus en plus de clients et les points de vente qui référencent ses bougies sont en constante augmentation.
Un succès amplement mérité pour Raquel, Frédéric et leur jeune marque artisanale à suivre. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas être totalement séduit par ces bougies raffinées, originales et éthiques : empreintes de poésie, elles habillent nos intérieurs d’effluves et dansent jusqu’à nos narines, venant stimuler nos imaginaires et nous proposer de partir en voyage… tout en restant chez soi !
Frédéric LEMONT – L’Édition Périgord
Nous vous invitons à découvrir le numéro 23 de l’Édition Périgord, actuellement en kiosque, avec Bourdeilles en couverture.
Identité olfactive et bougies sur mesure
LxSir accompagne les entreprises qui souhaitent inscrire une identité olfactive dans leur stratégie de communication. Le but : composer une signature unique et reconnaissable à diffuser dans des boutiques ou espaces d’accueil. Une image olfactive qui peut également se décliner sous forme de bougies personnalisées à offrir ou à commercialiser.