Au cours des entretiens qui structurent l’accompagnement Viavenir, Safia s’appuie sur la matière première que lui confie le jeune et la transforme avec son concours en un projet réaliste, concret, à la hauteur de son investissement et de son implication. D’où l’intérêt que la démarche soit acceptée par l’adolescent : « S’il vient parce que ses parents lui ont dit de venir, il n’a pas d’attente et nous ne pouvons rien lui apporter car nous ne disposons d’aucune accroche pour gérer l’entretien. »
Un travail en collaboration
La motivation reste donc essentielle : « La clé n’est pas dans la filière ou le prix de l’école, elle est dans l’envie du jeune. » Le second point important est de trouver le meilleur parcours lui correspondant. Pour cela, Safia l’aide à mieux se connaître, à savoir qui il est, ce qu’il aime faire, ce qu’il sait faire avant d’aller plus loin. « Je regarde alors quelle est la stratégie la plus adaptée en termes de modes d’apprentissage, car nous n’apprenons pas tous de la même façon. Cela permet de savoir quel choix faire : université, BTS (Brevet de technicien supérieur) ou BUT (Bachelor universitaire de technologie), école ? Alternance, ou pas ? ». Des passerelles existent pour pouvoir faire du sur-mesure. « Pour arriver à un métier, il y a plusieurs chemins possibles ce que les familles ignorent souvent. Il y a de la place pour tout le monde s’ils savent se situer. »
À ce propos, elle se souvient d’un lycéen qui voulait devenir ingénieur, mais dont les résultats s’avéraient plus que moyens pour cette voie professionnelle. Il a décidé de faire une classe d’adaptation après le Bac, pour se remettre à niveau et postuler dans une école. Il a réussi le concours d’entrée de l’École Centrale ainsi que celui de l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers, et a choisi la seconde, plus en adéquation avec ses attentes. Il est désormais ingénieur chez Air France.
Toutefois, pour parvenir à un projet constructif, Safia et son équipe écartent la logique de filière et de placement, pour se concentrer uniquement sur le jeune et ce qu’il aimerait faire, grâce à une approche originale.
Déconstruire pour reconstruire
À l’heure où l’on s’attache à trouver rapidement une solution au problème posé, Safia sort des sentiers battus : « Dès que l’on raisonne métier ou filière, cela revient pour nous à mettre les gens dans les cases. Notre travail consiste à décortiquer toutes les pièces, afin de construire autre chose, comme on le ferait avec un puzzle. Nous sommes vraiment dans la transférabilité des compétences. Nous aidons alors le jeune confronté à tous ces éléments, à les recomposer pour construire quelque chose de cohérent et de réaliste. » Pour autant, même si tout est possible dans l’absolu, il peut y avoir des concessions à faire : un parcours trop long, une école trop onéreuse ne sont pas des obstacles rédhibitoires. La coach est en appui pour réajuster le projet, l’essentiel étant que le lycéen reste dans son axe. Safia se souvient d’un jeune homme particulièrement brillant, en terminale dans une filière scientifique. Déstabilisé, il se rendait compte qu’il avait un profil artistique, mais que les filières y correspondant ne pouvaient lui être ouvertes car il avait abandonné les matières spécifiques à cette orientation. Il a alors entrepris de préparer une année d’adaptation aux métiers d’art après l’obtention de son Bac, ce qui lui a permis de postuler dans une école d’arts appliqués particulièrement sélective. Toutefois, sans une confiance en soi bien ancrée, il peut s’avérer compliqué de se projeter et de savoir ce qui est bon pour soi.
Être bien à l’intérieur pour être bien à l’extérieur
Tout l’accompagnement de Safia s’inscrit dans une démarche visant à asseoir ou restaurer la confiance en soi, indispensable pour avancer. Permettre à tous ces jeunes de se rendre compte de ce qu’ils sont, de ce qui leur plait vraiment est gratifiant pour eux, car au-delà de l’orientation « c’est se donner les moyens d’être en accord avec eux-mêmes et de se réaliser, d’être heureux ; » C’est cette consolidation de la confiance en soi que travaille Safia au quotidien, afin « qu’ils s’écoutent davantage sur ce qu’ils ont envie de faire. »
Si elle déplore la passivité chez certains adolescents qui ne savent pas forcément quoi faire, Safia remarque néanmoins une évolution des attentes des jeunes : une attention plus importante à la nature, à l’écologie, mais également une vigilance quant à leur qualité de vie, et la conviction qu’il n’y a pas que le travail dans une existence.
Témoignage de Lylou qui a été accompagnée par Safia dans le cadre du service Viavenir
Safia Erhart : Ancienne Directrice des Ressources Humaines (DRH) et consultante en management et RH, Safia Erhart intervient depuis plus de quinze ans dans l’accompagnement de personnes et d’équipes et la médiation du travail. Gérante – Fondatrice GSE Développement