Accueil BIEN aimé L’œil dans l’effort et les temps forts

L’œil dans l’effort et les temps forts

Acrobatie artistique Duo-Diverse Coulounieix-Chamiers 2017-© Bernard Chubilleau
EN COURSE. En ce début de Jeux Olympiques d’été à Paris, Bernard Chubilleau expose à Périgueux une galerie photographique reflétant sa passion sportive. L'occasion aussi de remonter le cours de ses souvenirs sur les terrains de jeu qui l'ont marqué.

Bernard Chubilleau exerce ses talents de photographe dans la presse locale et nationale spécialisée, il a écrit plusieurs ouvrages et se passionne notamment pour les exploits sportifs et les parcours de champions, sur tous les terrains. Il a dédicacé au premier salon du livre de sport de Trélissac, ce printemps, et le voilà à la librairie Les Ruelles, jusqu’au 15 septembre, avec une série de portraits et de temps forts, qu’il s’agisse d’élite ou de loisirs amateurs : gymnastique artistique, rugby école, escrime, moto, BMX, athlétisme, natation, judo, kayak… autant de passions et de dépassements de soi au rendez-vous.

Cercle d’Escrime de Boulazac (2021) © Bernard Chubilleau

Au premier rang des souvenirs marquants du photographe, le cyclisme avec ses idoles. « J’ai pratiqué ce sport en amateur cinq années (1965/70) : 4 ans au sein du Sport Athlétique Municipal Bordelais (SAMB) et une année au Cyclo Club Périgourdin (CCP). En 1968, mon nom est inscrit sur le programme du critérium d’après Tour de France qui se déroule sur la piste du stade vélodrome de Bordeaux, au Parc Lescure. Les jeunes pousses de 17 ans dont je fais partie participent à une course “Élimination” en lever de rideau des champions de la grande boucle. Cette course a pour principe d’éliminer à chaque tour le dernier du peloton qui passe la ligne. C’est dire si les sprints sont disputés. » L’initiale de son nom le place au départ près de Jacques Anquetil, il voit aussi Raymond Poulidor et un jeune débutant nommé Eddy Merckx.

Garder la flamme (olympique)

« Pour les Jeux Olympiques d’hiver de 1968 à Grenoble, j’ai eu la joie inoubliable de porter la flamme olympique au sein de mon équipe. Nous l’attendions au pied de la colline de Cenon, sur l’Avenue Thiers. C’est par là qu’elle fit son entrée dans la capitale girondine, vers 20h45, escortée par la gendarmerie, sous une pluie fine, applaudie comme il se doit par une foule dense et chaleureuse, malgré un froid persistant. Son manche de 70 cm de haut était recouvert d’un tissu rouge et sa vasque portait une inscription frappée sur le métal cuivré : Xe Jeux Olympiques d’Hiver, Grenoble 1968.» Les jeunes coureurs cyclistes se sont passés la flamme jusqu’au Pont de Pierre avec le seul souci de ne pas la faire tomber du haut de leur guidon.

Le foot, de père en fils

Bernard Chubilleau a joué au football à Saint-Laurent-sur-Manoire, Saint-Astier et Coursac. En 1983/84, Jean-Jacques Puech est président du club de Coursac. « Il vient de Nice où il était dirigeant du Racing Rugby Club (RRCN). Avec lui, nous avions une préparation rugby avant chaque match. Il a dynamisé notre club de régional, avec de forts bons résultats. En 1985, il a pris la présidence du CAP Dordogne (rugby) et décroché un titre de Champion de France en groupe B.»

Le fils de Bernard, Josselin, alors apprenti footballeur au FC Nantes, gagne en l’an 2000 contre Nice, avec son équipe de Canaris, la Coupe Gambardella (Coupe de France des 18 ans) en lever de rideau du match des finalistes de la Coupe de France des élites : Lorient-Bastia. « À cette époque, je travaille sur le rugby féminin et je visite de nombreux stades de rugby en Europe. Mon fils me fait connaître, pour la première fois en qualité de reporter, le Stade de France pour un match de football. »

Course à pied, Triathlon du Médoc, Hourtin (2015) © Bernard Chubilleau

D’un ballon l’autre

Bernard Chubilleau découvre le rugby dès sa plus tendre enfance. « À l’école primaire, perchée sur une haute dune de l’Atlantique, à Contaut-Hourtin dans le Médoc, l’instituteur de la classe unique, regroupant filles et garçons du village, nous initie au jeu pratiqué avec un ballon ovale. Nous éclations de rire comme des fous dans le sable lors de cet exercice extrêmement ludique. Nous l’aimions d’autant plus que nous nous apercevions que les récréations duraient plus longtemps que de coutume.» En 1967, au collège d’Enseignement technique de Blanquefort, le prof de gym est ¾ aile du CA Béglais et de l’équipe de France : Jean-Michel Capendegy leur ramène un jour le maillot d’un All Blacks, joueur du bout du monde. Le prof et champion décédera en voiture quelques jours après. « Nous nous sentons alors terriblement orphelins. C’est un traumatisme. Dans notre classe, un copain joue mieux avec un ballon rond qu’avec un ballon ovale. Il s’appelle Alain Giresse. »

Sur le terrain des All Blacks

En 1972/73, le photographe effectue son service militaire dans la marine nationale à bord d’un aviso escorteur, L’Amiral Charner, basé à Tahiti. « Je pratique le foot, le ping-pong et le rugby. Lors d’une croisière, nous faisons escale en Nouvelle-Zélande, le pays des All Blacks. Quatre ans plutôt, j’avais rêvé en touchant le maillot noir à fougère argentée, rapporté par Jean-Michel Capendeguy. Nous jouons contre une équipe locale. Le rêve d’adolescent devient réalité.»

En 1990, lors d’un reportage sur le CAP Dordogne pour réaliser un portrait du club phare du Périgord, Bernard est adopté par l’équipe et vis durant plusieurs années « une merveilleuse aventure sacrée par le titre de Champion de France du Groupe B, ponctuée par de nombreuses expositions ».

Livres et médias

Bernard Chubilleau au Parc des Princes pour France-Australie © D.R.

En 2007, le livre de Bernard Chubilleau publié aux Éditions de La Lauze, La Grande Histoire du Rugby au Féminin, sort en librairie. « Étalé en pointillés sur une douzaine d’années passées à travers l’Europe, ce projet voit enfin le jour et me fait vivre une autre aventure, dans les salons de Paris, Bordeaux, Brive, etc. Claire Chazal le présente dans son journal. En 2014, je suis consultant TV sur Eurosport pour la coupe du monde de ces dames de l’ovale. »

Le photographe n’a jamais raccroché l’appareil depuis, il a écrit et illustré des portraits de sportives pour le magazine Famosa jusqu’en 2020, il continue d’aimer « le sport, les émotions, les valeurs humaines et l’image du beau geste ».