La romancière a choisi la fiction pour rendre hommage à des réseaux de résistants moins connus : les filières de passeurs ; ces bergers ou républicains espagnols ayant fait le choix d’accompagner les réfugiés, dans un relief rendu particulièrement périlleux la nuit, par ses anfractuosités, son climat hostile, et la présence soutenue des troupes allemandes.
Passeurs pour la liberté
Mêlant la petite histoire à la grande, l’auteure nous raconte le courage et la détermination des passeurs Paul et Miguel, prenant des risques considérables, au nom de la liberté et du refus de l’oppression. Comme Pierre René Haure, un passeur dont le témoignage l’a inspirée, « Ils ont fait ce qu’ils avaient à faire ».
À travers le personnage d’Honoria, Sandrine Biyi souligne le rôle capital des femmes dans le fonctionnement et l’organisation des réseaux, ainsi que de toutes les anonymes comme Françoise, ayant ouvert leur foyer et leur cœur à des réfugiés, fuyant les affres de la guerre et les fantômes de leur tragique histoire.
Difficile de ne pas s’attacher aux personnages de « L’hôtel des Deux Vallées », parce qu’ils nous montrent au fond, par le filtre de leur histoire personnelle, que l’Histoire des hommes se répète inlassablement, irrémédiablement ; que les réfugiés d’hier, les migrants d’aujourd’hui sont toujours les innocentes victimes de la folie meurtrière d’une poignée pour le malheur de tous.
Passionnée d’histoire médiévale dont elle possède une connaissance minutieuse et fidèle, Sandrine Biyi est l’infatigable auteure d’une série de romans qui ont conquis un large public depuis 2012.
Déclinant ses récits à travers les péripéties de personnages toujours très attachants, elle a noué ainsi une relation privilégiée avec des milliers de lecteurs qui attendent avec impatience chaque sortie d’un nouvel ouvrage.
Brunissande Des Aygues, l’héroïne de la saga « La Dame de la Sauve » (Tomes 1 à 7), est une jeune femme issue de l’union d’un souverain aquitain, parti pour la première croisade en Orient, et d’une jeune femme médecin arabe de la dynastie des Abassides. Elle a ainsi accès à un savoir qui fait d’elle une ennemie de l’Église, et plus particulièrement des moines de l’Abbaye de la Sauve Majeure. À travers ce personnage et ses aventures, dont une adaptation télévisuelle est en cours, Sandrine promeut aussi les femmes libres et leurs combats.
Son roman « Sorcières », l’Insoumise de Hautefort (dont le tome 3 est attendu prochainement), relate à travers ses héroïnes, l’histoire de ces femmes indépendantes et érudites, dont la maîtrise des soins et des plantes représentait un danger pour l’Église, qui n’a eu de cesse de les poursuivre, de les juger et de les brûler.
L’auteure a été distinguée à trois reprises : elle a reçu le prix du Lion’s Club d’Aquitaine en 2012 pour le tome 1 de « La Dame de la Sauve », celui du prix littéraire de Saint Estèphe la même année, ainsi que le prix spécial du 23e jury du salon du livre de Mirepoix en 2016, pour son roman « Cathares », retraçant l’histoire d’un des plus grands génocides du Moyen-Âge, la croisade contre les Cathares en Agenais.