Accueil BIEN naturel Les chauves-souris à l’épreuve de la pollution lumineuse

Les chauves-souris à l’épreuve de la pollution lumineuse

Zoé présente l'étude qu'elle mène sur les chiroptères © H.L.
VIE NOCTURNE. Le Parc naturel régional Périgord-Limousin est investi dans une étude conduite par les parcs du Massif central pour mesurer l'impact de la pollution lumineuse sur les chiroptères. Ces petits mammifères méritent que nous repensions nos comportements.
Zoé, stagiaire au Parc pour cette mission, se penche sur ces animaux « discrets et parfois mal-aimés (…), maillon essentiel de la biodiversité » et décrit avec précision le travail en cours. Parce que les 35 espèces de ces mammifères volant en France sont toutes protégées, dont 26 en Nouvelle-Aquitaine, six Parcs naturels régionaux (Périgord-Limousin, Haut-Languedoc, Causses du Quercy, Grands Causses, Millevaches Limousin et Monts d’Ardèche) s’associent à une étude impulsée par l’IPAMAC (InterPArc du MAssif Central) pour mesurer les effets de la lumière artificielle sur ces animaux nocturnes, avec le bureau d’étude Asellia, en partenariat avec les syndicats d’énergie (données sur l’éclairage public) et sans oublier, pour le PNRPL, le soutien matériel de la LPO pour les enregistreurs nécessaires.

Enregistrements sonores

© PNRPL

Un suivi naturaliste est en cours depuis fin mai sur le périmètre du Parc. « Des micros sensibles aux ultrasons émis par les chiroptères sont installés chaque soir par les agents du Parc. Ces micros captent ainsi jusqu’à 10h de bande sonore, riches en enseignements. » Après un traitement informatique, l’analyse des données permet d’identifier les espèces grâce à la forme des cris sur le sonogramme (virgule, moustache, trait droit…) et de mesurer leur activité sur le lieu d’enregistrement (nombre de passages, activité de chasse).

L’impact de la lumière

Pour analyser les effets de l’éclairage sur les chauves-souris, l’étude s’appuie sur deux critères principaux dans le choix des sites inventoriés : la modalité d’extinction des sources lumineuses (extinction totale, partielle ou pas) et le type de milieu (urbain, forestier, aquatique, agricole). Des captations sonores dans ces différentes situations permet une comparaison de résultats, de trouver les liens entre les modalités d’éclairage et la présence plus ou moins forte d’espèces.

90 sites (45 tests et 45 témoins) situés sur 15 communes ont été retenus pour cette étude, avec des enregistrements en cours à Mareuil en Périgord, La Coquille, Cheronnac, Cussac, Rochechouart, Saint-Cyr et Saint-Estèphe notamment.

Pour compléter les informations, les agents se munissent de luxmètres afin de mesurer l’éclairement lors de la pose des micros.

Réenchanter la nuit

« Ce suivi est également l’occasion de sensibiliser les habitants à l’importance de la biodiversité nocturne et aux impacts de l’éclairage artificiel sur leur environnement. Dans un contexte généralisé de dérèglement climatique et d’érosion de la biodiversité, réenchanter la nuit apparait comme une nécessité permettant à la fois d’aller vers une plus grande sobriété énergétique et de préserver les espèces menacées par la pollution lumineuse.»

Ainsi le PNRPL travaille-t-il à l’avènement d’une trame noire (continuité spatiale caractérisée par une certaine obscurité et empruntée par les espèces nocturnes) et postule au label de Réserve internationale de ciel étoilé (RICE) (en liens sur ce paragraphe, nos articles déjà réalisés sur ce sujet).

L’étude de terrain menée par Zoé est terminée, elle va analyser les sons cet été et le résultat pourra ensuite être diffusé.

Hervé LOUBET et SBT

D’un Z qui veut dire Zoé

Chaque soir durant plusieurs mois, Zoé a disposé des enregistreurs sonores dans divers espaces du Parc : forêts, villages et villes, espace aquatique… L’étude menée par les six Parcs naturels situés autour du Massif Central a pour objectif de dresser un bilan des populations en réalisant des enregistrements sonores pour (re)connaître les espèces présentes à tel ou tel moment, leur période d’activité, le nombre de passages. L’étude essaiera de déterminer l’impact de l’éclairage.

« Il est fréquent d’observer les chauves-souris chassant autour d’un lampadaire qui attire les insectes. Toutefois la disparité des éclairages durant la nuit peut avoir des répercussions sur les populations de chiroptères. Certaines espèces ne faisant que migrer en passant par ici, d’autres sont résidentes à l’année et se déplacent d’habitat en habitat selon les saisons et leur cycle de vie. »
Zoé, responsable de l’étude

Chauve qui peut ! ou des chauves-souris dans les cheveux…

C’est une légende racontée autrefois aux jeunes filles : elle assurait que si une chauve-souris s’accrochait à leurs cheveux la nuit, elle y resterait enchevêtrée. De quoi faire peur aux demoiselles et les inviter à rester sagement à la maison le soir.  La chauve-souris devient le témoin potentiel d’une sortie nocturne non autorisée… et les cheveux courts sont peut-être aussi devenus symbole d’émancipation des injonctions familiales.