
Florence et Grégory Mangeret rêvaient d’une belle maison de campagne en Périgord, où Florence a des attaches. Finalement, ils ont trouvé beaucoup mieux : un château ! En 2024, ils ont acquis et investi le château de Fayolle, à Tocane, ancienne propriété d’une célèbre famille, fermée depuis longtemps et seulement connue de visiteurs clandestins. Le couple a ouvert le site à la visite dès l’été, presque sans y faire de travaux : il a attiré 5000 visiteurs en quelques semaines. En 2025, ils ont décidé de continuer après des aménagements et en participant à l’opération Châteaux en fête. Ils ont même accueilli la réception de lancement.
Des châteaux à la fête

La cinquième édition de ce prologue à la saison touristique, qui s’étend sur les deux semaines des vacances scolaires de Pâques, regroupe cette année 94 sites. Fayolle fait partie des 17 nouveaux à se lancer dans cette aventure portée par le CDT, le Comité départemental du tourisme. Comme l’explique avec malice sa présidente Sylvie Chevalier « les propriétaires ouvrent leurs portes et présentent leurs fantômes, chacun à sa manière ». Le programme touffu, du 19 avril au 4 mai, propose des visites en tout genre, des reconstitutions historiques, des expositions, des repas, des stages d’épanouissement personnel ou des chasses aux œufs. « Le patrimoine ne prend pas la poussière », sourit la responsable du CDT. Un budget de 50 000 euros est consacré à sa promotion, dont un film.
Des pépites à découvrir
Dans cette Dordogne où l’on compte à la louche 1001 châteaux, le programme en propose dans tous les coins et notamment en Périgord vert où ils sont très nombreux, mais plus discrets qu’en Périgord noir. Les propriétaires sont volontaires pour partager leur passion et en profitent pour faire découvrir leurs activités d’hébergement, ou de locations, pour des mariages ou d’autres événements. Certaines visites sont gratuites, d’autres pas en proposant des moments exceptionnels avec les propriétaires. Le programme demande à être étudié à la loupe pour trouver des pépites, ouvertures inédites ou animations spéciales sur des sites ouverts habituellement.
Des visites façon urbex

À Fayolle, sa deuxième saison, ouverte avec la fête, verra la multiplication des visites thématiques. Certaines seront animées par des comédiens pour faire découvrir le lieu et la manière dont on y vivait. Ainsi, le majordome Georges, alias Pierre Le Franc, entreprend de manière très drôle le recrutement du personnel parmi les visiteurs. Dans cette grande et belle maison assez vide (à part l’étonnante bibliothèque), sa présence fait vivre les différentes pièces, dont un superbe théâtre où il se fait poète. Des visites libres sont aussi proposées ainsi que de rares découvertes façon urbex clandestin, pour aller visiter combles et sous-sols. Les propriétaires visent 15 000 entrées pour cette année, en sachant que Grégory Mangeret est un spécialiste de l’événementiel qui a créé de grandes expositions à Paris. Il prépare ici un grand spectacle estival avec plusieurs centaines de figurants bénévoles du secteur.
Murder party ou tirs d’arquebuses
La plupart des châteaux connus du Périgord participent à l’opération, beaucoup sont à découvrir car jusque-là très discrets.

Quelques pistes insolites sont à suivre dans le programme, avec des nouveautés. À Maraval, à Cénac-et-Saint-Julien, qui abrite un nouvel hôtel quatre étoiles dans un bâtiment du XVe siècle, une murder party sera organisée les 27 avril et 4 mai. Dans la chartreuse de Bignac, à Saint-Nexans, on nous promet un son et lumière avec buffet dinatoire les 25 et 26 avril. Dans la bastide de Molières, le 2 mai, les ruines du château seront animées en nocturne avec une histoire de reine blanche qui hante les lieux.
Le château Blanc-Manoir, à Saint-Antoine-de-Breuilh, proposera deux pièces les 25 et 26 avril dont “Du rififi dans le jaja”. Salignac résonnera du 19 au 21 avril de tirs d’arquebuses, de combats d’épées et de danses. Le château de l’Herm, à Rouffignac, fera visiter du 30 avril au 4 mai son chantier impressionnant de rénovation complète. À Lusignac le 26 avril, quatre concerts avec une violoniste seront proposés. Au château de Beaurecueil, à Mareuil, le 23 avril, on découvrira la danse-thérapie. À Puyraseau, à Piegut-Pluviers, de 23 au 25 avril, une comédienne évoquera les curiosités du Périgord…
Des demeures à transmettre
La Demeure Historique, association qui réunit de nombreux propriétaires, a bien compris tout l’intérêt de l’opération en s’associant à Châteaux en fête. Christophe Mangé, son délégué pour la Dordogne, souligne l’aide apportée par ce groupement pour la gestion souvent compliquée et toujours coûteuse de ces monuments. Comme soupire un propriétaire de château, « on n’a pas assez d’une vie pour s’en occuper, mais il faut tout faire pour le passer aux autres ensuite ».
Un nouveau jeu sur les châteaux

Lo castel del Périgord, imaginé par Thomas Dutertre avec sa compagne Jennifer, est un nouveau jeu de société sorti pour Châteaux en fête en partenariat avec 40 des sites participants. Il s’agit de construire son propre château avec des cartes tirées au sort, comprenant des repères historiques. Les auteurs ont mis deux ans pour le développer. On peut y jouer entre deux et quatre personnes. Il est édité par le studio Perigordians, installé au Bugue, qui avait déjà créé Auca, un jeu de l’oie local (en bocal !). Il est vendu au prix de 25 euros dans certains châteaux et offices de tourisme participant à l’événement.