Ce projet d’expérimentation porté par Danielle Delpey, dont nous nous sommes fait le relais à plusieurs reprises, est dans la dernière ligne droite avec le dépôt du dossier d’habilitation début mars.
Encore quelques mois de patience
Entre le dépôt du dossier début mars et l’inauguration de l’EBE, encore quelques mois de patience pour toutes les personnes engagées dans le projet : membres du CLE, communes, personnes privées durablement d’emploi (PPDE). Plusieurs étapes président néanmoins à l’habilitation : vérification de la cohérence territoriale, particulièrement avec les entreprises locales, analyse technique notamment de la partie budgétaire ;
« en effet, l’EBE n’a pas vocation à être rentable, explique Xavier Prouteau chargé de mission ; elle doit se rapprocher le plus possible de la rentabilité et ne peut pas vivre que de subventions ».
S’ensuivra une visite du territoire pour vérifier les locaux, rencontrer les membres du CLE ainsi qu’un examen approfondi et un rapport définitif, suivi de l’avis du Conseil d’administration de TZCLD, qui devrait intervenir dans le meilleur des cas en juillet 2024. Autant dire septembre avec la trêve estivale, « là où commence, souligne Xavier Prouteau, un chemin administratif plus ou moins long ». Signature du ministre du Travail, validation et publication du Conseil d’État, bref dans le meilleur des cas une arrivée à destination en janvier 2025.
Les PPDE au cœur de la création de leur future entreprise
44 personnes se sont manifestées pour faire partie du projet. Elles sont issues pour la plupart de France travail et des services du RSA. Âgées majoritairement de 18 à 44 ans, on note une proportion plus importante d’hommes (27).
Les différentes rencontres avec ces personnes, qui se poursuivront jusqu’à l’ouverture de l’EBE tous les lundis après-midi à Ribérac, ont permis de déterminer ce qu’elles savent et veulent faire ; l’idée étant qu’elles puissent exercer un travail à temps choisi répondant à des besoins locaux non pourvus.
« Elles se sont plutôt harmonieusement réparties sur les différentes activités recensées, ce qui permettra, ajoute le chargé de mission, de démarrer toutes les activités en même temps ».
16 de ces personnes sont particulièrement investies dans la préparation, et en constante progression. Ces rencontres hebdomadaires sont aussi l’occasion de faire des points d’étape et, s’enthousiasme Xavier Prouteau,
« de découvrir chez elles des compétences extraordinaires de très bon augure dans la construction de leur future entreprise ».
Reste qu’en tenant compte d’une reprise progressive d’emploi, associée à des données récurrentes d’absentéisme en entreprise, (congés, maladie, majorées de 10% du fait que ce sont des personnes ayant été durablement éloignées de l’emploi), l’écart constaté induit la nécessité de poursuivre la recherche d’autres PPDE pour conforter le démarrage de l’EBE avec un effectif stabilisé, en lien avec les services de France travail, du RSA, les élus et les membres du CLE.
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L’EBE, la production de services supplémentaires ou complémentaires manquants
Depuis la création du CLE, de nombreux travaux utiles ont été identifiés, à destination des habitants, des collectivités, et des entreprises, pour lesquels la future EBE pourra intervenir. Concernant le recyclage et la recyclerie, cinq métiers ont été identifiés (accueil, tri, réparation, vente et encaissement), sur lesquels positionner plusieurs personnes. Le textile couvrant la transformation de la matière, la couture et le repassage. Quant au poste bois, il concerne la transformation de la matière première en meubles, (composteur, toilettes sèches, étals ou en bois de chauffage).
Axe majeur de la future EBE, la conciergerie sera à la fois physique et virtuelle, avec le recueil des besoins sur le terrain ; elle sera également mobile grâce à un camion qui se déplacera sur les différentes communes du territoire, aussi bien pour recenser les besoins en allant à la rencontre des habitants, que pour livrer des colis ou ramener une panière de linge repassé. « Un axe peut-être moins rémunérateur, pointe Xavier Prouteau, mais qui permet de rompre l’isolement et de recréer du lien social ».
Cette conciergerie aura aussi pour vocation, en centralisant tous les besoins recensés, de gérer les problématiques de concurrence via le CLE, puisque le principe même de l’EBE est de répondre à des besoins non pourvus sans entrer en concurrence avec les entreprises locales ; elle pourra être également au service des entreprises grâce au positionnement de l’EBE sur des marchés ou des commandes. D’autres idées sont encore en gestation autour de la laine, d’une ludothèque, d’un bar à soupes et à salades, de services de location de matériel, de linge, ou de vaisselle ; les besoins sont infinis et les idées à creuser encore.
Pour autant, toutes ces activités seront complémentaires ; « la vocation de TZCLD n’est pas de supprimer des emplois existants, insiste Xavier Prouteau, mais de compléter des travaux qui ne sont plus réalisés faute de ressources ou de moyens ». C’est dans ce cadre que le CLE a également toute son importance.
Le CLE, un organe de pilotage rassembleur
Plusieurs collèges fonctionneront désormais au sein du CLE ; le premier validera ou non l’éligibilité des PPDE, le principe étant que c’est la personne qui s’estime durablement éloignée de l’emploi, car elle est au chômage depuis plus d’un an, bénéficie du RSA, ou exerce des activités qui ne lui permettent pas d’en vivre. Cette personne réside depuis plus de six mois sur l’une des vingt-et-une communes engagées dans l’expérimentation. Le collège validera l’éligibilité ou estimera qu’elle ne peut encore être opérationnelle pour l’EBE et doit au préalable passer par une formation ou bénéficier d’un accompagnement spécifique. Le collège supplémentarité-complémentarité des emplois créés non concurrents est au cœur de la partie économique du projet, et vérifiera la conformité des activités créées avec ce principe, qui peut toutefois prévoir des exceptions en cas d’accord officialisé. Deux autres collèges auront pour vocation de valider les activités réellement utiles, et pourront également être apporteurs d’idées. Enfin les 4e et le 5e collège seront investis pour construire des partenariats avec le tissu économique local, ainsi qu’avec les collectivités locales et territoriales.
L’exposition AU singulier – un projet d’humanité
Dans l’idée de communiquer autour du projet de TZCLD en le rendant plus accessible et plus ludique, Danielle Delpey a proposé à trois personnes particulièrement engagées dans le projet de valoriser leurs compétences. Les illustrations de Séverine autour de quatre personnages aux problématiques différentes qui les bloquent dans leur accès à l’emploi, seront agrémentées des textes d’Alicia. Tous ces dessins diffusés dans la revue Totem de Ribérac, feront l’objet d’une exposition du 16 au 28 avril. Paul pour sa part s’est occupé de la partie budgétaire afin de prévoir l’itinérance de l’exposition dans les mois suivants sur tout le territoire.