« Ma vie est un roman », aime déclarer Claude Douce en racontant sa longue carrière de publicitaire inventeur de campagnes passées à la postérité comme Nespresso avec le « What else » de George Clooney, le papier toilette Lotus sur l’air de l’Apprenti sorcier, le poids des mots et le choc des photos de Paris Match ou la boisson Oasis associée au chanteur Carlos. Sa renommée et sa fortune gagnées à la grande époque de la pub lui ont permis d’investir dans le patrimoine historique et préhistorique, sa passion.
C’est ainsi que ce Parisien devenu un temps Normand s’est installé en Dordogne à la fin des années 80 pour se rapprocher des grands sites de la Préhistoire. Il a acheté le château de Sauvebœuf à Aubas, quasiment en ruine, qu’il a totalement rénové pour s’y installer, y créer un musée privé et organiser un temps des manifestations. Il a été l’un des premiers châtelains de Dordogne à organiser des soirées Halloween avec des spectacles immersifs peuplés de monstres pour faire peur.
Un ours des cavernes
Depuis quelques années, il partage son temps entre la Suisse romande et le Périgord. Face à des soucis de santé, à des charges importantes et à des tensions avec les administrations, il a arrêté d’ouvrir Sauvebœuf au public. À 87 ans, il a décidé de commencer à vendre sa très importante collection d’objets préhistoriques et insolites pour financer les frais du château. « Je dois trouver 70 000 euros par an : faute de revenus par les visites et l’accueil de mariages, j’ai organisé une première vente à l’hôtel Drouot. »
Fin novembre, 300 objets — dont de nombreux silex taillés, des figurines et même un squelette d’ours des cavernes de 30 000 ans — ont été dispersés. Discret sur les résultats financiers de ces ventes où une vénus originaire de Kostienki, en Russie, a réussi la meilleure vente, il avoue que cela va lui permettre d’assurer ses charges pour près de trois ans. Régulièrement, il a prêté des pièces pour des expositions dans des musées et il a promis des legs. « Mais je suis loin de tout avoir vendu, j’ai encore beaucoup de belles pièces dans mon musée. »
Un livre de mémoires
« J’ai réuni ma collection dans les ventes aux enchères et des brocantes, à une époque où personne n’en voulait », rappelle Claude Douce. Il a ainsi réussi à sauver des fonds dispersés, venus d’archéologues d’autrefois comme Alexis de Gourgues ou Otto Hauser. Durant des années, il s’était lié d’amitié avec le préhistorien Yves Coppens, devenu un familier de Sauvebœuf où le châtelain accueillait aussi de nombreux artistes venus refaire le monde autour de bonnes bouteilles de vin.
Ce qui ne l’empêche pas de se retourner sur son passé de publicitaire en préparant un livre de mémoires à une époque où la culture pub est devenue une culture pop. Bien connu dans ce petit milieu, il avait accueilli il y a quelques années Jacques Séguéla à Sauvebœuf pour échanger des souvenirs de fils de pub avec son célèbre et médiatique rival. Il promet le récit de ses aventures de créatif pour le début 2025. Mais s’il devait revivre une époque, ce serait celle des Néandertaliens, disparus il y a 30 000 ans, alors que s’imposait notre ancêtre direct, Cro-Magnon.