Un parterre de chefs d’entreprises, d’élus et d’acteurs locaux (publics et privés) se sont retrouvés à l’initiative du Club des Entreprises du Haut Périgord pour assister à une conférence de Dominique Hummel, expert tourisme, ancien patron du Futuroscope ou responsable de la Compagnie des Alpes. Cet Alsacien a travaillé partout et a passé sa vie à attirer les talents, les clients ou les investisseurs. Fin mars, dans l’amphithéâtre de l’École de Savignac, il y a partagé ses réflexions sur les stratégies et les leviers à activer dans ce territoire rural.
Les atouts du Périgord Vert

Le consultant en tourisme a rapidement brossé le portrait de ce territoire avec ses avantages et ses chances à saisir. Il a présenté des analyses sur les critères plébiscités par les touristes pour choisir leur destination (estivale pour la majorité des exemples) et les freins qu’il fallait lever pour arriver à concrétiser l’engagement complet.
» Le premier avantage du Périgord Vert tient dans son nom, VERT, même si beaucoup de territoires, en France, peuvent se prévaloir de ce côté campagne”, relève Dominique Hummel, qui mesure l’avantage de pouvoir l’associer au mot Périgord. Il dresse le constat d’une destination rurale passant d’une situation de destination en creux (entre mer et montagne, étape d’une visite à la famille avant le retour au domicile) à destination touristique à part entière.

Il a pu expliquer à l’auditoire que le tourisme du Périgord Vert était une “entreprise à mission”, celle de favoriser la reconnexion à la nature.
Le “touriste type” pourrait être un Country Breaker
C’est un terme créé par analogie avec City breakers. Ce touriste cultive bien des différences avec celui qui préfère la mer ou la montagne. Il a envie de profiter de ce qui existe, les marchés alimentaires ou artisanaux, les animations locales, les paysages. « Cette clientèle est motivée par trois intérêts, les 3R : elle veut Retrouver les siens, Rompre avec son cadre de vie, se Renouveler grâce aux activités qu’on lui propose, souligne Dominique Hummel. Ce touriste adore tester, goûter, visiter, déguster. Les études montrent qu’il recherche à minima trois activités par semaine. En Périgord vous avez un grand réseau d’artisans d’arts qui correspond à sa demande. Ce touriste consomme le territoire, ce qui occasionne de bonnes retombées économiques. »
Bien analyser la situation pour agir efficacement
Au fil de son parcours, Dominique Hummel à utilisé et adapté de nombreuses matrices et outils. Parmi ceux-ci, l’explication de son Design de Service a captivé l’assemblée. Cet outil se veut une approche différente de la méthode causale, même si on reste tributaire de la météo ou de technologies qui peuvent faillir.

L’efficacité collective, facteur de croissance
Pour établir une offre complète, l’acteur local doit collaborer, échanger, tisser des liens avec d’autres, savoir s’entourer en se demandant : “qui peut m’aider ?” ‘qui sera intéressé ? “ et “qui vais-je pouvoir agréger autour de moi ?”. S’il crée une dynamique, le projet peut être envisagé. À défaut, il faut le retravailler. « La qualité des relations est cruciale, cet effet que l’on appelle “résiduel” a été mesuré en économie : il explique que deux territoires qui ont exactement la même structure d’activité n’auront pas la même performance, assure Dominique Hummel. Ce n’est pas parce qu’on a de la ressource que ça marche. L’idée de faire travailler les gens ensemble est essentielle. »
Qu’est ce qui incite vraiment le touriste à venir ici ?
Le rôle de l’hébergement est prépondérant dans le choix de la destination (prix, qualité de service, réputation). Des études démontrent que les élus surestiment souvent le dynamisme de leur territoire. Offrir une belle expérience au touriste, l’accueillir avec le sourire et lui offrir des paysages accueillants est un minimum.
« Il ne suffit pas de bien faire les choses, il faut faire les bonnes choses. C’est la question des priorités. C’est pour cela que je dis qu’il faut épater et non appâter. » Dominique Hummel

Au fil de son argumentaire, Dominique Hummel explique que plusieurs facteurs influent sur le choix de la destination. C’est l’ensemble des évaluations vues par le touriste qui oriente sa décision finale. Une note de 9/10 ou 10/10 donne de la valeur tandis que 7 ou 8/10 ne compte pas réellement. Et les notes inférieures sont des repoussoirs. Il insiste sur l’inspection de celles-ci pour augmenter la moyenne de la destination. Mieux notée, elle peut séduire et convaincre. Pédagogue, il démontre que toutes les campagnes de communication coûteront beaucoup plus cher que la capacité à faire adhérer le visiteur à la destination. De fait, à son retour et s’il est extrêmement satisfait, il deviendra ambassadeur et convaincra son réseau de venir où il a tracé son souvenir.