Humour et talent assurés avec cette expo qui trace sa route et avance comme sur des roulettes en cette période pré-Olympique que le Grand Périgueux honore avec l’Agglo joue les Jeux… jeux qui ont intégré le skateboard dans leur histoire comme « nouveau sport » en 2021 à Tokyo (park et street), la discipline comptant parmi les quatre sports additionnels à Paris cet été (place de la Concorde).
Un sport, un art
Stationnée au château des Izards, à Coulounieix-Chamiers (ville qui accueillera le parc d’activités des cultures urbaines du Sîlot porté par l’agglomération) avant de finir sa course locale à Vergt*, l’exposition nous affirme que « contrairement à ce que l’on peut penser, le skateboard est présent depuis des millénaires en Dordogne ». Et on ne demande qu’à le croire devant cette galerie de portraits sur planches. « Et si les skateurs sont aujourd’hui considérés comme d’irréductibles Gaulois, ils étaient présents à une époque où les Périgourdins se nommaient les Pétrocores. Lorsque Jules César passe, autour de 50 av. J.-C. à Vesunna (aujourd’hui Périgueux), il découvre un peuple qui se déplace avec
d’étranges planches en bois, montées sur des roulettes : des skateboards ! » Adorable petit délire historique que l’on imagine et savoure volontiers. « Intrigué et séduit par ce moyen de locomotion individuel, l’empereur va alors le développer en Gaule et dans tout l’Empire romain. » Avec les galères que l’on devine sur les pavés des voies romaines tracées dans le pays : amusement sportif garanti.
Planches à rouler et économie circulaire…
L’exposition baptisée Petrocorii, skathes ab in perpetuum (Les Pétrocores, skateurs depuis toujours) repose sur la sélection d’une trentaine de reliques antiques, « fabriquées à partir de skateboards usagés, brisés, puis recyclés » retrouvées aux quatre coins de France, œuvres façon rhytons, kylix, jarres, amphores, lampes à huiles ou boucliers de gladiateurs. Mêlant inspiration gréco-romaine et clins d’œil à la culture skate, dieux fétiches et gourmandises locales (noix, cèpes, breuvages), symboles et fragments graphiques, ces sculptures rendent hommage au terroir et à l’Antiquité autant qu’à cet élément de culture urbaine. Elles sont l’œuvre de l’artiste-skateur antique originaire de Lugdunum (Lyon) Rom av. JC, alias Romain (évidemment !) Hurdequint, qui s’est bien amusé avec ces détournements et nous fait passer aussi un très agréable moment.
Une référence internationale
Muni de bombes aérosols, d’acrylique, de Posca ou d’argile, il réinvente les combats de gladiateurs ou les premières épreuves olympiques en y glissant un skateboard et réécrit avec délice l’histoire de cette discipline à une époque où Périgueux s’appelait Vesunna. Planche aux pieds depuis ses 14 ans, l’ado devenu grand s’est pris de passion pour l’art en remontant le chemin du graphisme sur skateboard jusqu’à une solide culture esthétique. Le blog qu’il anime depuis 2011 documente le potentiel artistique offert par ce sport-loisirs : The Daily Board est une référence du genre et son anthologie Skate Art : De l’objet à l’œuvre d’art (éditions Cercle d’Art, 2018) est distribuée dans le monde entier (au MOMA et au MET à New York !) Il continue à démocratiser cet art auprès du grand public avec des concepts dont il fournit les supports avec accroches murales sous la marque Tigerclaw Supplies qu’il a cofondée.