Avant de prendre la plume pour noircir à petits traits son album consacré à une “vie souterraine” qui a marqué le quotidien de certains Français sous l’Occupation, la Bergeracoise Camille Lavaud s’est recluse durant de longues heures aux Archives départementales de la Dordogne où les spécialistes “maison” l’ont accompagnée dans ses recherches.
En partenariat avec l’Agence culturelle Dordogne-Périgord et l’Amicale Laïque de Bassillac, les Archives présentent les coulisses du travail qui a conduit l’autrice à l’édition de son album de bande dessinée, publié chez Les Requins Marteaux , et tout un univers d’époque revu et joyeusement corrigé par la dessinatrice, dans un esprit décor de cinéma. Les planches originales sont exposées, tranches de vie en noir & blanc dans une ambiance plutôt haute en couleur, miroir d’une époque fouillée par Camille Lavaud pour une restitution toute personnelle.
Contraction d’histoires dans l’Histoire
L’exposition rassemble aussi des affiches, dessins préparatoires et documents authentiques pour une visite à la frontière entre réalité et fiction, avec trois films réalisés par l’artiste en 2017 et une peinture grand format. Recevant en 2006 son diplôme national supérieur d’expression plastique avec les félicitations du jury, à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, l’artiste s’est notamment illustrée avec des affiches fictives de cinéma dans le cadre du lancement de la ligne LGV Paris-Bordeaux, en 2017, un esprit que l’on retrouve pour ce rendez-vous périgourdin. Son jeune parcours est déjà riche de résidences, distinctions, expositions, publications dans des revues majeures et entrées dans des collections publiques.
Ce projet a pris forme à partir d’une plongée dans les récits de l’attaque du train de Neuvic, ce fait-divers incroyable devenu événement historique à part entière. Le groupe de résistants qui a mené ce hold-up de plusieurs milliards de francs en 1944 a laissé bien des zones d’ombre derrière lui, encore objet de nombreuses interprétations.
Dans ce premier tome de la trilogie annoncée, l’autrice s’intéresse plutôt à la genèse (fictionnelle) de cette attaque, sur la période de 1940 à juillet 1944, du Paris qui bascule d’une insouciance relative à la persécution nazie favorisée par le régime de Vichy. Pour les futurs héros de “La vie souterraine”, il est temps de gagner la clandestinité et de découvrir le maquis, en Dordogne.
Aux racines de la Résistance
Camille Lavaud croise le souci constant des sources et l’appel d’un imaginaire fort, un réalisme et une fantaisie qui font sa signature, dans un style affirmé et reconnaissable. Sa « production graphique s’apparente à un Art de la mémoire où la mémoire serait systématiquement dysfonctionnelle », peut-on lire dans la biographie que lui consacre son éditeur pour définir ses adaptations documentées.
De nouvelles perspectives sont promises à ce projet à long terme avec une résidence de Camille Lavaud en fin d’année, suivie d’une exposition à Pollen/artistes en résidence à Monflanquin.
• Jusqu’au 26 novembre aux Archives départementales, 9 rue Littré, Périgueux.
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Zola, un air de famille
C’est une méditation sur l’hérédité et le milieu, la fortune bonne ou mauvaise : Zola explore la France du Second Empire par le prisme d’une famille, il décortique les Rougon-Macquart à la manière d’une expérimentation scientifique ou du démontage d’une mécanique complexe.
Entre généalogie et sociologie, l’exposition présentée par la médiathèque de Périgueux, en lien avec le Festival de Bassillac-et-Auberoche, rend hommage à Émile Zola autour du 150e anniversaire de la parution du premier volume de la fameuse saga. Cette traversée des destinées humaines se fait entre littérature et bande dessinée puisqu’on peut admirer les planches originales de l’album “Les Zola” de Méliane Marcaggi et Alice Chemama (Prix spécial du jury à Bassillac l’an passé), mises en perspective avec des esquisses et éléments du synopsis, le tout accompagné de points de repères que sont les éditions originales d’œuvres de l’écrivain, de livres lui étant consacrés, de reproductions de notes et de portraits.
• Jusqu’au 6 novembre, médiathèque Pierre Fanlac, Périgueux.