Magique : c’est le mot utilisé par le président de la fédération française de canoë-kayak. Ce parcours, considéré par la majorité des compétiteurs comme le plus beau et le plus difficile techniquement, a bénéficié des lâchers d’eau effectués par EDF pour livrer un tapis d’eau vive absolu en ce long week-end de Pentecôte. Aucun temps calme. Hôte des premiers championnats du monde dès 1953, Treignac est le terrain d’entraînement des Périgourdins chaque hiver. Le débit permet d’y friser les 25 km/h sur un flux d’eau jonché de rochers en granit dans des gorges étroites : frisson garanti. La Vézère, partagée entre Corrèze et Dordogne, véritable berceau des champions périgourdins, explique en grande partie l’impressionnante moisson de médailles récoltée à Treignac.
Un moment magique, donc, et rafraîchissant, avec des champions du monde qui se mêlent à la foule le soir, après “la compet” en partageant boissons, sandwichs et conversations avec le public. Loin des stades de foot, de la violence, de la grosse tête, des salaires mirobolants. Certains sont profs des écoles à mi-temps ou éducateurs sportifs. Manon Hostens, leur chef de file, sera kinésithérapeute après la carrière kayak. Sans le soutien de leurs clubs et du Département de la Dordogne, ils ne pourraient tout simplement pas continuer. En plus de la médaille, et peut-être d’une petite prime fédérale, les médaillés ont reçu un manche de pagaie gravé à leur nom et un panier gourmand : pour l’effort et le réconfort. Ils pratiquent ce sport par passion, par goût du voyage et de l’aventure, par fierté d’être des ambassadeurs de la France et du Périgord en particulier.
Des présidents à la campagne
Germinal Peiro, président du Conseil départemental et ex-vice-champion du monde de la discipline, a effectué la descente en rafting. Il s’attache chaque trimestre à concourir en catégorie vétéran. Les médaillés français, Ardéchois ou Périgourdins, se sont d’ailleurs amusés de la concurrence Lascaux-Chauvet, en plus de celle du sport, en devisant avec lui. François Hollande est venu en voisin corrézien pour remettre les médailles, à deux pas des deux imposantes statues, réalisées par le sculpteur argentin Augusto Daniel Gallo en hommage aux deux présidents français attachés à la Corrèze.
Si l’on parle souvent de rivière Espérance en évoquant la Dordogne, il faudra peut-être désormais parler de Rivière Performance à propos de la Vézère : les Français ont reçu 21 médailles, dont neuf en or, sept en argent et cinq en bronze ! Précisons surtout que 15 des 21 revenaient à des Périgourdin(es).
Laurent SEITMANN
Les résultats
OR : Manon Hostens x4 (Périgueux, K1), sprint, sprint par équipes, classique, classique par équipes ; Stéphane Santamaria (Port-Sainte-Foy, C2), sprint, classique ; Maxence Barouh et Félix Bouvet (Marsac, K1), classique par équipes.
ARGENT : Nicolas Sauteur (Marsac, C1), sprint ; Maxence Barouh (Marsac, K1), sprint, classique ; Pierre Troubady (Périgueux, C2), sprint ; Maxence Barouh et Félix Bouvet (Marsac, K1), sprint par équipes.
BRONZE : Ancelin Gourjault (Marsac, C1), sprint, classique ; Ancelin Gourjault et Nicolas Sauteur (Marsac, C2), classique.