La Pelle aux idées ou des idées à la pelle mises en actions, si ce n’est comme des artisans du bien, tout au moins comme « des artisans du moins pire » tel que le définit Olivier Giron, l’un des six coprésidents de l’association.
Qu’est-ce qu’un tiers lieu, d’ailleurs ? C’est le « ni chez soi, ni au travail ». Mélange de personnel et de collectif, d’idées et d’actions, de travail et de plaisir. À Sarlat, c’est un café associatif, espace de détente et de coworking ; c’est aussi un incubateur d’idées, un chantier d’insertion, un hébergeur d’associations, comptant 250 adhérents individuels. Il est installé au 77 avenue de Selves, dans un local de 120 m², sans compter le jardin qui accueille jusqu’à 70 personnes en été.
Des ateliers à la Pelle
Un espace de travail partagé (coworking) est ouvert tous les jours aux étudiants, travailleurs indépendants, entrepreneurs réguliers ou nomades, salariés, artistes, associations, porteurs de projet. Il est constitué de deux bureaux fermés et de cinq bureaux ouverts, équipés d’un photocopieur et d’une salle de réunion avec écran et vidéoprojecteur. Il faut néanmoins apporter son ordinateur portable et adhérer à l’association ; les frais sont établis en fonction du temps passé.
Porté par le Département, un atelier de remobilisation sociale vise une réinsertion sociale, pour des personnes orientées par un référent départemental du RSA. La structure devrait accueillir une dizaine de personnes chaque année. L’engagement est mutuel, entre le bénéficiaire et le tiers lieu, pour une période de trois à six mois d’encadrement dans divers ateliers : fabrication textile et couture, amélioration de petit mobilier. L’objectif recherché étant une reprise de confiance en soi, de ses repères temporels. C’est également la fréquentation d’un univers chaleureux, avec un salaire à la clef.
Un Repair café pour recycler le plastique
En ligne de mire, l’installation d’un Sarlat Tech, chantier d’insertion autour de l’axe ayant déclenché la subvention du Crédit Mutuel : le Repair café (répare en anglais). Avec le projet d’y établir une unité de recyclage plastique à l’échelle de la ville de Sarlat (Coût estimé à 40 000 euros). Cette aide financière a d’ailleurs été déjà investie dans l’achat d’une mallette complète de réparation. Elle comprend une broyeuse et une presse à injection à chaud, une imprimante laser et 3D. Ces outils précieux constitueront la base d’un Fab-Lab et d’un kit pédagogique à destination des volontaires et amateurs du Repair café, ainsi que des établissements scolaires intéressés.
Le kit pédagogique est utilisé à des fins de recyclage. Après avoir identifié le type de plastique (il en existe 7), la broyeuse, sorte de grande manivelle avec un petit réceptacle, réalise une découpe en lamelles très fines. Puis la presse monte en température et injecte les lamelles dans un moule. Ce dernier servira dans un premier temps servira à fabriquer des jouets immémoriaux, vertueux et sensibilisateurs, comme des toupies par exemple.
La Pelle aux idées, ce sont aussi des soirées tarot, chant, des ateliers, couture, cuisine, jardinage, dessin, peinture et d’autres activités selon les propositions et possibilités des adhérents.
Laurent SEITMANN
Un peu de vocabulaire
Repair n’est pas un anglicisme de plus pour faire chic, mais l’affiliation à un concept mondial qui consiste à réparer ensemble. Un membre vous apprend et vous montre comment changer le joint de votre machine à café en panne, et vous apprenez à faire le geste en autonomie. Micro-ondes, machine à coudre, ordinateurs, vélos sont au programme. Une démarche active pour lutter contre l’obsolescence programmée en évitant la case déchetterie.
Le Fab-Lab : c’est la contraction des mots anglais “Fabrication” et “Laboratory” que l’on peut traduire par “laboratoire de fabrication”. Rien de révolutionnaire dans l’expression. C’est peut-être dans sa vocation et son modèle économique que se trouve la nouveauté. Le Fab-Lab est un endroit ouvert à ceux qui ont des idées, des projets, et qui souhaitent par exemple réaliser un prototype. On y trouve généralement des imprimantes 3D et des instruments de découpe laser de haute précision. Le principe est une nouvelle fois collaboratif et permet l’échange entre les personnes et les univers professionnels.
Coups de pouce
L’agence du Crédit Mutuel du Sud-ouest à Sarlat, lors de son Assemblée Générale du samedi 1er avril, a présenté à ses adhérents et membres du Conseil d’administration, quatre associations périgourdines ayant bénéficié de la démarche solidaire de la banque. Les administrateurs allouent ainsi chaque année, des coups de pouce financiers ou matériels permettant de pérenniser des actions socio-économiques durables et éclectiques.
Regroupant la Charente, la Gironde et la Dordogne, le CMSO s’attache à valoriser des domaines différents : la culture, le sport, le soin et la médiation sociale, à travers des aides et mises en lumière sollicitées par des associations adhérentes de chaque agence. C’est ensuite aux conseils d’administration des agences, des comités de secteur départementaux ou fédéraux (Région) de se prononcer sur les aides attribuées.
Un impact positif sur l’économie et l’emploi local
Cette aide s’est matérialisée à Sarlat par des chèques ou dons de quelques centaines d’euros pour les associations E-GRAINE Périgueux (écologie et citoyenneté), AMARA Les Eyzies (médiation animale), un ordinateur portable pour le Club athlétique Belvesois, créateur historique des 100km de Belvès, en plus de La pelle aux idées qui a reçu l’aval du niveau fédéral. Trois critères guident les choix de la banque coopérative : faisabilité du projet, adéquation avec les valeurs de l’établissement bancaire mutualiste, diversité des domaines d’activité.
« Cela se passe toujours au moment du renouvellement du Conseil d’administration, car cela permet justement la rencontre entre ses membres, les adhérents et les associations ; chacun ne se connaissant pas forcément sur un même territoire, cela évite les jeux d’influence.
Au-delà des aides financières bienvenues, on constate la création de liens ou de partenariats entre les associations elles-mêmes. On s’aperçoit par exemple que les ex « 100 km de Belves » sont aujourd’hui liés à l’Association des plus beaux villages de France, précise Sylvie Taupin, nouvelle présidente du Conseil d’Administration de l’agence de Sarlat ».