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La Jaubertie, troisième génération

Anne, Hugh et Hortense Ryman © H.C.
VIGNOBLE Sur la commune de Colombier, la famille Ryman anime son château en faisant évoluer ses vins pour les adapter à l’air du temps.

Depuis vingt ans, autour du château de La Jaubertie, les 48 hectares de vignes poussent en bio et avec des techniques régénératrices. « On a vu au fil des années revenir de nombreuses plantes comme les jonquilles ou la mâche sauvage », explique le propriétaire, Hugh Ryman. Ce n’est pourtant pas facile de tenir chaque année avec les rares traitements autorisés face aux attaques du mildiou et autres maladies. « Malgré tous les soins que l’on apporte, la viticulture est liée à la nature, des gelées et de la grêle aux sécheresses », soupire son épouse Anne Ryman. « Heureusement, contrairement à d’autres productions agricoles, on peut tenir grâce aux stocks des années précédentes. » Bref, dans cette activité, il faut aussi cultiver un brin de philosophie.

La famille Ryman © H.C.

Hugh Ryman est tombé dedans dans sa jeunesse, après un choix de vie de son père. Henry Ryman avait une grosse entreprise de bureautique en Angleterre et il adorait le vin. Il a un jour décidé de devenir vigneron en France, en 1971. « Il a cherché dans différentes régions et il a eu un coup de foudre pour cette propriété. En 1973, il s’est installé ici sans parler français et en découvrant la viticulture. La première récolte a été détruite à 80 % par de la grêle », se souvient son fils. Ce n’était déjà plus un passe-temps, toute la famille avait migré en Périgord « avec chiens, chats et chevaux ». Son fils Hugh est arrivé au collège à Bergerac, avant de choisir de devenir œnologue grâce à de bonnes études à Bordeaux.

À travers le monde

Son père s’est accroché et a investi pour que La Jaubertie survive à tous les aléas et se développe. Durant des années, Hugh Ryman a appris son métier à travers le monde en devenant un “flying winemaker”, un consultant en vins amenant partout les techniques françaises du vin. En 1999, il prend la suite de la gestion du domaine familial, épaulé par son épouse Anne, par ailleurs médecin au centre hospitalier de Bordeaux. Depuis 25 ans, le couple a donné un coup de jeune à la propriété. D’abord en la convertissant en bio, « nous étions parmi les premiers dans le coin », et en faisant évoluer les vins pour mieux répondre à l’évolution des marchés.

Hugh Ryman dans le chai des cuves © H.C.

« L’élaboration du vin traverse différentes périodes, comme pour les boissons chaudes. Il y a celle du café qui passe à travers son filtre, puis celle du thé et maintenant celle des infusions », compare l’œnologue. Des vins traditionnels, charpentés et tanniques, jusqu’à ceux très légers d’aujourd’hui, La Jaubertie en produit désormais pour tous les goûts. « Les jeunes boivent pourtant de moins en moins de vin », remarque Anne Ryman. La troisième génération de la famille, qui arrive, participera certainement à cette évolution avec son regard et ses compétences. Deux des quatre enfants s’activent déjà pour l’entreprise : Hortense s’occupe du marketing et de la communication, Edwin s’implique dans la stratégie commerciale.

Cépages oubliés et pétillants

La boutique de La Jaubertie © H.C.

Depuis 40 ans, la distribution des vins de La Jaubertie est assurée par la société du Bugue Julien de Savignac, créée par Patrick Montfort. Il est un défenseur forcené du bergerac depuis une époque où ces vins étaient boudés par les restaurateurs locaux. Il assure la présence du vignoble via son réseau de magasins et de restaurants. Au château, la boutique ouverte toute l’année multiplie les animations et attire le public sur la route des vins. Environ 30 % de la commercialisation se fait ainsi en direct. L’export en Europe du Nord et un peu au Japon représente quand même 20 %.

Un pétillant à l’étiquette jeu de mot © H.C.

L’œnologue Hugh Ryman a su s’adapter au terroir qui varie entre le plateau pour les rouges et les fonds pour les blancs. La production se répartit à égalité entre blancs et rouges, en jouant avec tous les cépages possibles. Il a pris toutes les libertés avec sa collection des cépages oubliés, Mérille, Fer Servadou et Malbec en rouge, travaillés en vin nature sans intrants et sans bois. Le résultat offre plaisir de légèreté et saveurs dans le verre. Il a choisi de s’extraire de l’appellation Bergerac pour ces cuvées vendues sous l’indication géographique Périgord. Il existe aussi en blanc avec du Sémillon, Sauvignon et Chenin blanc. Il s’est aussi amusé à créer un agréable pétillant fruité baptisé en forme de clin d’œil Joe et Bertie. L’avenir est assuré.

Pique-nique et yoga

La Jaubertie, une folie dans le vignoble © H.C.

Le domaine de La Jaubertie est situé sur la petite commune de Colombier, à deux pas de Monbazillac. Le château, qui est habité, n’est pas ouvert au public. Dommage, on ne peut pas voir ses peintures murales et plafond peint du XVIIIe siècle. Il faut se contenter de l’aspect extérieur de cette folie, issue d’un ancien relais de chasse d’Henri IV, remanié de nombreuses fois au fil du temps et des nombreux propriétaires jusqu’à l’arrivée de la famille Ryman.

Le chai de dégustation, avec son magasin, est ouvert toute l’année. L’été, des visites des chais et des extérieurs sont organisées. Des paniers pique-nique et des cours de yoga avec la Bergeracoise Anaïs Didier ont été testés et pourraient revenir aux beaux jours. Une exposition d’art contemporain a été présentée dans le cadre du festival Ephémères.

En décembre (du lundi au vendredi de 10 à 17 heures), la dégustation des différentes cuvées est accompagnée de conseils pour les repas de fête, tout au rouge ou tout au blanc. Sur les cépages oubliés rouge, La Jaubertie conseille une terrine de canard aux pistaches avec une compotée de cranberries et des noix de saint-Jacques poêlées aux éclats de châtaignes. Avec le pétillant blanc, l’idée est un crémeux de truite et une bruschetta à la ricotta, poivrons grillés et piments d’Espelette. Il y aura même du vin chaud pour les visiteurs.

Réservations au 05 53 58 32 11.