C’était une institution, un resto pas cher et à volonté, une super-cantine, entre relais routiers et bouillon parisien. Bref, une table sans étoile et sans macaron pour bien manger à sa faim sans prétention gastronomique, et dont tout le monde parlait. Un véritable restaurant populaire. Jaune Poussin a été mitonné durant des années par Gérard Caillé, un cuisinier charentais devenu Périgourdin depuis plus de 40 ans. Après avoir tenu deux pizzérias, puis une rôtisserie sur les boulevards de Périgueux, pour laquelle il avait trouvé ce nom rigolo, il s’était installé en 2002 dans les 850 m² d’un ancien bowling en sous-sol, rue Wilson.
Spectacles et thés dansants
Il y accueillait au début des concerts de jazz en soirée et des thés dansants l’après-midi. La formule s’essoufflant et demandant un énorme travail, Gérard Caillé a eu l’idée en 2008 de transformer Jaune Poussin en restaurant low cost comme on dit en occitan, avec self-service sur des buffets. À l’ouverture de cette nouvelle formule, il y 16 ans, il avait relevé le défi d’un menu tout compris à moins de 10 euros. « J’ai commencé à 8,50 euros, avec entrées, plats et desserts, le tout à volonté. Aujourd’hui, alors que tout a beaucoup augmenté, je suis à 16 euros pour la même formule », soupire le cuisinier. Il avait donné ses méthodes et secrets de fabrication dans trois livres qu’il a écrits, et les avait détaillés lors d’une émission d’Envoyé spécial sur France 2, en 2015.
Plats familiaux
Gérard Caillé s’est toujours engagé à cuisiner du frais fait maison avec des recettes simples et savoureuses. Il propose des plats familiaux : blanquette de veau, bœuf carotte, lasagnes, couscous… Au dessert, riz au lait et mousse au chocolat étaient en vedette. Rien ne se perd tout se transforme dans sa cuisine. Sa vaste salle faisait le plein, jusqu’à 300 couverts par déjeuner ! Il y accueillait des habitués venus des administrations ou des chantiers, le Club de la presse du Périgord qui en avait fait son Q.G. (et qui regrette déjà l’accueil qu’il y recevait) et même des maisons de retraite voisines… Le patron connaissait son monde et ne manquait jamais de faire un tour en salle pour papoter avec ses clients. « Je sais que pour certaines personnes à petits revenus, c’était l’occasion de faire le seul repas de la journée.»
Destination seniors
Le Covid et l’inflation étant passés par là, la fréquentation a diminué. En 2023, à 65 ans, Gérard a pris sa retraite. Faute de repreneur, il a passé la main à sa fille Alexandra, en continuant à donner un coup de main en cuisine. Une proposition d’achat du Centre communal d’action sociale pour développer le lieu d’accueil voisin pour les seniors, L’Ostalet, vient d’achever de le convaincre à rendre son tablier : fermeture définitive le 20 décembre. Après des travaux d’aménagement et d’accessibilité, la salle va être transformée en tiers-lieu. Rencontres et animations pour seniors auront toute la place pour répondre aux demandes. Il devrait même y avoir de la restauration. On ne sait pas s’il y aura encore du riz au lait de la mousse au chocolat pour dessert.