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Intelligence collective pour Parc en mouvement

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PARC À T'AIME (SUITE). Le processus de révision de la charte qui régit le Parc naturel régional Périgord-Limousin est en cours, ponctué d'étapes permettant aux élus et animateurs du Parc de dialoguer avec les habitants. Autant d'occasions de formuler des propositions pour un avenir meilleur... et quelques observations sur ce qui aurait pu mieux se passer.

Quatre réunions publiques étaient programmées en Dordogne et en Haute-Vienne ces derniers jours de mai dans le cadre de la révision de la charte du Parc naturel régional Périgord-Limousin.

Pascal Méchineau, Colette Langlade © SBT

Mardi 21 mai, à Milhac-de-Nontron, une trentaine de citoyens motivés ont répondu à l’invitation pour rencontrer Pascal Méchineau, premier vice-président du Parc, investi de longue date dans son fonctionnement, et Colette Langlade, vice-présidente et conseillère régionale. Cette 3e réécriture de la charte depuis la création du Parc permet de redire ce qu’est un parc naturel régional : d’abord un outil de développement du territoire concerné et de préservation des patrimoines, sans les contraintes réglementaires d’un parc national. Le périmètre doit s’élargir à la marge, avec 16 communes candidates, dont l’entrée doit être validée mais d’ores et déjà investies dans cette réécriture (4 en Charente, 4 en Haute-Vienne et 6 en Dordogne). Soit un périmètre d’étude porté de 75 à 80 000 habitants.

Missions inscrites dans le code de l’environnement

La réflexion collective permet d’avancer par étape, avec des rencontres citoyennes destinées à affiner les plans d’action sur 15 ans (la charte actuelle court jusqu’à 2026). La suite s’écrit déjà à partir des 51 mesures déployées sur 5 axes : eau, biodiversité, ressources locales, changement climatique, liens sociaux.

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Laure Martin-Gousset, animatrice chargée d’accompagner le renouvellement engagé en 2022, rappelle la méthode. Un cabinet extérieur a aidé à établir un diagnostic avant des ateliers lancés à partir d’une sollicitation originale, qui pourrait être renouvelée car elle permet de mobiliser des personnes qui n’auraient pas forcément eu l’idée de s’impliquer : 1020 habitants ont été tirés au sort dans les communes et 86 ont bien voulu participer aux ateliers “la fabrica” organisés à Nontron, La Coquille, Pageas et Rochechouart, générant une trentaine de pistes d’actions.

C’est sur la base de cette sensibilité citoyenne et des thématiques dégagées que les quatre réunions publiques ont alimenté les propositions. D’autres ateliers sont prévus avec les élus et les partenaires, puis ce sera le rendez-vous de l’enquête publique en 2025. Le processus de consultation s’achèvera avec le décret de renouvellement du premier ministre, après étude par une commission dédiée. L’ensemble du processus est à suivre sur le site du Parc.

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Phosphorer tous ensemble

Autour de dix enjeux majeurs (voir encadré) affichés pour appeler des propositions, sans limite de thématiques (une page “frigo” pour ce qui n’entre pas dans les cases), les vignettes mémo ont fleuri et se sont ajustées pour lancer les échanges et partager les bonnes idées, quitte à formuler aussi quelques critiques… La trame écologique et la forêt sont les deux sujets qui ont attiré le plus de suggestions (11 chacun). On note par exemple que la Sepanso, « attachée à la biodiversité dont tout le monde parle mais pour laquelle rien n’est fait », propose une remontée d’informations par recensement, avec la création d’un atlas pour guider les élus. Des déclarations de chantier sont attendues auprès des mairies pour améliorer les pratiques forestières, une obligation pas toujours respectée. Des participants alertent sur leur détérioration et appellent à un axe fort en faveur de la forêt dans le renouvellement de la charte, comme ce fut le cas pour l’eau dans la précédente. « Pour une gestion éthique et pas seulement économique de la forêt », avec des enjeux transversaux.

Responsabilité et intelligence collectives

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Le thème de la sobriété et l’autonomie énergétique, avec 10 “petits papiers”, soulève notamment l’idée d’un projet hydrique de territoire dont le parc pourrait être l’animateur. Une voix s’élève pour rappeler que « le Parc est tête de réseau des bassins versants et qu’il y aura des problèmes partout s’il y en a ici ». Côté sobriété à l’échelle du foyer, la suggestion de défis famille pourrait inciter à réduire les consommations.

Les questions de mobilité et de logement invitent à penser l’organisation autrement, dans un esprit « d’aller vers » et de mutualisation des déplacements, une approche également pensée dans le cadre du Design des mondes ruraux à Nontron. La question de l’éolien industriel est posée dans la salle pour « que la charte soit claire là-dessus, il n’a pas sa place ici, ça a été dur moralement pour les élus et les habitants ». Le directeur du PNRPL, Fabrice Chateau, rappelle que le Parc est une personne publique associée qui rend un avis sur sollicitation du préfet (méthanisation, photovoltaïque…) Un groupe étudie la charte des énergies renouvelables et c’est l’État qui tranche pour finir. « Si les règles sont claires, les promoteurs ne viendront pas », insiste le participant.

Animation du territoire

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Plus largement, parce que le principe de ces rencontres publiques ne consiste pas à dire tout ce sur quoi on est d’accord ou à rappeler les missions régulièrement assurées mais plutôt à pointer ce qui peut être amélioré, l’appel à plus de transparence a croisé la volonté de ceux qui le font vivre d’entraîner toujours plus d’habitants dans le sillage de leur Parc (9 post-it sur cet enjeu), avec une piste de création de mouvement citoyen. Il est reconnu que la structure se donne en tout cas les moyens d’animer le territoire avec une haute qualité professionnelle, c’est notamment le seul Parc régional à disposer d’une chargée de mission impliquée dans la transversalité de révision de la charte. À noter que la révision statutaire est prévue dans le dispositif de révision général. Le conseil d’orientation (organe paritaire composé majoritairement de membres de la société civile) et le conseil scientifique, deux instances au ralenti, sont appelées à reprendre force et vigueur.

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Des enjeux à explorer

Il est toujours possible de glisser des suggestions dans la boîte à idées (via le site internet notamment) en attendant l’enquête publique sur ces grands horizons thématiques :

  • Préserver les paysages et accompagner leur évolution sur fond de changement climatique
    • Favoriser l’habitabilité du territoire dans ce contexte climatique
    • Préserver et restaurer les trames écologiques
    • Soutenir la profession agricole dans des démarches durables (ressources préservées, alimentation saine et abordable)
    • Sauvegarder et valoriser les patrimoines culturels, naturels et bâtis
    • Préserver les zones humides et les cours d’eau, la qualité de la ressource en eau
    et l’accès à une eau potable de qualité pour tous
    • Accompagner le territoire vers la sobriété et l’autonomie énergétique
    • Inviter les habitants à s’impliquer dans le projet Parc par la sensibilisation, l’écoute, la mobilisation
    • Promouvoir et soutenir les ressources économiques locales
    • Créer une dynamique de gestion multifonctionnelle des forêts intégrant les paysages, les changements climatiques, les risques et la biodiversité

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