Destinée à des élèves de 4ème dans le cadre du « Rallye des Entreprises 2023 », cette visite était organisée par la Communauté de communes Portes Sud Périgord, le Collège Georges et Marie Bousquet à Eymet, et l’’ANEFA Dordogne, avec pour objectif pédagogique de faire découvrir le métier d’agriculteur et la diversité des modèles agricoles de manière ludique.
Éveiller les jeunes au métier d’éleveur et de paysan transformateur
Il est encore tôt le matin quand les jeunes arrivent à la ferme, accompagnés par leur professeur de Français, Diane de Ricaud. Valérie les attend devant la porte du fournil, surveillant d’un œil le lait qui chauffe pour la fabrication des yaourts. C’est autour du four à pain que l’agricultrice partage son parcours et celui de son compagnon. Ils sont installés depuis 2007 en Dordogne, travaillent une quarantaine d’hectares de prairies et de terres arables, où ils élèvent une quinzaine de vaches laitières.
Sur le mode agriculture biologique
« Éleveur-fromager et paysan-boulanger, on cultive du blé rouge de Bordeaux, fournissant une bonne paille, donnant de la force au pain et lui permettant de mieux lever. On est maîtres de la production jusqu’à la vente. Pour le pain, je sème, je récolte et je stocke et ensuite on passe dans le moulin. Nous avons appris en allant à la rencontre d’autres paysans-boulangers.
Tout notre système est basé sur la production d’herbes et de céréales selon le mode de l’Agriculture Biologique. C’est pour nous une évidence sur une planète en péril aux ressources limitées ; elle est une réelle solution aux dégradations et aux pollutions diverses du sol ».
Retour à la fabrication du pain et aux explications techniques à l’assemblée. Levure vivante, chaleur du four traditionnel, grain limé par la pierre de granit du moulin ; la passion de deux amoureux de la nature crée une alchimie permettant de transformer 40 à 50 kilos de pains par tournée.
Si on veut être paysan on peut se décider à n’importe quel âge
Soucieuse d’apporter aux jeunes une vision claire du métier tout en communiquant également sa passion, Valérie évoque un parcours de dix ans avec des temps de formation, des changements de direction. Partis de la région parisienne avec un DEUG biologie en poche pour l’un, et une formation de secrétaire de direction pour l’autre, ils sont aujourd’hui fiers de cette vie remplie de sens.
« Ce que j’essaie de vous dire, c’est que si on se trompe d’orientation, on peut se rediriger en étant adulte » ajoute l’éleveuse pour rassurer son auditoire.
Direction ensuite vers la salle de traite qui ne ressemble en rien à celle que l’on peut imaginer dans certains modèles agricoles. Ici tout respire ; les vaches comme les pots de lait. Au contact des animaux, certains élèves s’animent, et peuvent s’imaginer vivre cette vie-là, selon leur témoignage.
Et on peut prendre des vacances
Normandes, Bordelaises (race en danger), Jersiaises et Tarines observent le petit groupe paisiblement. Valérie sait faire preuve de pédagogie et partage volontiers ses connaissances avec les jeunes.
« Nos vaches sortent quand elles veulent et sont nourries exclusivement d’herbe et de foin en hiver, avec un complément de céréales produites sur la ferme (pois, orge, féverole) ; elles nous offrent leur lait pour la fabrication fromagère et pour le nourrissement de leurs veaux. Nous fabriquons tous les jours des fromages et des yaourts tant qu’il y a du lait, soit environ 40 à 100 litres quotidiens. Ici, elles coulent des jours tranquilles avec une durée de vie pouvant aller jusqu’à 20 ans ; et quand on a besoin d’acheter une vache, on propose à dix familles de donner 150 euros ; ensuite, elles peuvent récupérer cette somme en fromages ou autres ».
Bien qu’éleveurs, ils peuvent, avec leur organisation, trouver du temps pour partir en vacances comme tout le monde ; ils n’ont pas besoin de tracteurs ou de grosses machines, car leurs ateliers sont petits. Cela limite aussi les investissements et les endettements. Leurs produits sont vendus sur le marché ou sur place, sans intermédiaire, avec des prix accessibles. Favoriser l’économie locale, c’est garder de la vie dans les campagnes, du travail, et limiter les pollutions liées au transport du produit.
De retour au fournil, Valérie Laffargue de l’ANEFA Dordogne fait un focus sur les métiers en agriculture et les formations associées, via la mise en place de jeux pédagogiques adaptés aux collégiens (quizz, découverte d’une filière, différentes graines…).
« J’ai l’impression de nourrir mes voisins, cela apporte du sens à ma vie, tout a du sens ; quand j’ai un bon retour du consommateur c’est la récompense » conclut Valérie, avant de faire déguster au groupe son « Tarin » un délicieux fromage aux parfums de prairie.
Ferme de la Coutaude de Sadillac, Le Nizeaud; 24500 Sadillac. https://www.facebook.com/lacoutaude/
Marylin BERNET
Une première journée du « Rallye des Entreprises 2023 « se déroulait début avril autour d’une visite de la Zone d’activité Économique de la Palanque à Eymet, abritant des activités artisanales (ferronnier d’art et maçon), ainsi que deux entreprises spécialisées dans le négoce du vin et logistique.
« Nous avions choisi des métiers pourvoyeurs d’emploi et qui souffrent encore à ce jour d’idées reçues et d’une image pas toujours valorisante, mais qui peuvent être source d’épanouissement » soulignait Marie Fossez, chargée de mission économie et tourisme à la Communauté de Communes Portes Sud Périgord.