1er prix au concours « la start-up est dans le pré », financées par Initiative Lot et lauréates du prix des Parcs Naturels Régionaux « Innover à la campagne », Cinthia Born, femme d’agriculteur, ancienne commerçante et couturière, Elodie Madebos ex-costumière de théâtre forment une équipe de choc.*
Une fabrication totalement française
Située près de Figeac, dans le village de Cambes, l’entreprise Le mouton givré est hébergée au sein de la pépinière d’entreprise Calfatech, sur la zone Quercy-Pôle. Les étapes de fabrication se font au plus proche : lavage dans le Gévaudan, feutrage dans le Limousin. La matière première est achetée à l’éleveur, à un prix supérieur aux tisseurs étrangers, alors que jusque-là le prix de vente des éleveurs ne couvrait même pas le prix de la tonte. Les créatrices ont trouvé une solution socio-économico-écologiquement viable.
Un fonctionnement en circuit-court
La laine produite est habituellement vendue pour la fabrication à l’étranger alors que le savoir-faire existe ici. La laine est ainsi récupérée chez des éleveurs lotois, avec une sélection de la meilleure qualité. « On ne travaille qu’avec des éleveurs qui ont de petites exploitations et dont les bêtes sont toujours dehors, souligne Élodie. » Le lin vient de Normandie. Pour la parure, seule l’anse, pour une solidité à toute épreuve, est faite en chanvre de Roumanie. « Pour l’instant, ajoute-t-elle, il n’existe plus de filature dédiée à cette matière en France, mais là aussi on espère relancer la filière. »
Des créations soignées à la durée de vie illimitée
Comme en couture, les créatrices ont souhaité donner des prénoms à leurs créations. En hommage à la grand-mère de Cinthia, Marguerite le petit modèle (ou lunch bag) pour le déjeuner. Le cabas un peu plus grand prénommé Berthe, est né de la collaboration avec le maître glacier Berthillon, qui leur avait commandé un sac sur mesure. Clin d’œil au théâtre de Rostand, Edmond, le sac à dos d’un volume de 15 litres. La toute dernière-née, la housse de bouteille dénommée Lucette.
©Le mouton givré
Avec des finitions dignes de la maroquinerie, les modèles sont utilisables en vanity (les cosmétiques apprécient aussi l’isothermie), en sacs à main, et en petit sacs de randonnée. D’aspect beige ou grège, toile neutre et naturelle, on peut les customiser à l’envi. Un projet de développement des couleurs naturelles végétales est à l’étude, prévoyant l’achat d’un atelier de 300m². En trois ans, la société a embauché cinq personnes.
Une tonte respectueuse de l’animal
Élodie et Cinthia attachent une grande importance à ce que les moutons ne soient pas maltraités. « En France, remarque Élodie, les tondeurs respectent l’intégrité de l’animal. On a l’impression d’assister à une danse chorégraphiée », inspirée d’une technique néo-zélandaise dite Bowen. Il ne faut pas couper le brin de laine en deux, mais araser. Il repoussera mieux et plus long. « On tient à être présentes lors de la tonte confesse-t-elle. On sent la texture, on sent l’odeur de la laine, puis on trie au toucher et au regard. Si on ne les tond pas, les moutons meurent. C’est donc un moment très émouvant. Même si la société se développait au point que notre temps à la production soit réduit, nous ne voudrions jamais manquer ce moment, à la fois fondamental et magique ! »
* Elles ont également reçu plusieurs trophées : Trophée d’Argent à l’innovation Bio Natexpo, lauréates dans la catégorie “développement durable” des Septuors du Lot, Trophée « les femmes de l’économie » : Lauréates du Trophée Porteuse de projet.
Laurent SEITMANN
