Il est bienvenu, il est arrivé, le Bullshit calendrier de Fix qui permet d’entrer dans la nouvelle année avec le sourire, en faisant d’abord un retour sur les résolutions prises début 2024 et qu’on n’a pas tenues. On adore le “gentil” mauvais esprit exprimé par l’auteur, rebelle aux petits arrangements faits au nom du vivre ensemble, rétif à trop de bienveillance. Les pages de l’album à venir pour 2025 se tournent avec gourmandise, allant de la liste des excuses pour éviter une réunion pénible au bullshit bingo de la semaine (avec grille de mots à cocher dès qu’on les entend en réunion… reporting, uberiser, HPI, effet Waouh, 4.0, corporate, disruptif, etc.).
Tranches de vie au bureau
Les dessins s’enchaînent avec le trait d’humour noir attendu : le maître de galère proposant à son équipage de le considérer plutôt comme un coach ; les salariés débordés à la pause café ; le service juridique incapable de trancher ; le télétravail façon bracelet électronique ; la délégation d’un dossier crucial à réussir ensemble ou à échouer seul ; l’organisation d’une réunion pour réduire le nombre de réunions ; l’appel au service informatique parce que, curieusement, tout fonctionne normalement ; l’atelier innovation-action avec Yaka et Fokon… « C’est la Toussaint. Faites ici une liste des projets (et éventuellement des collègues) que vous avez enterrés vivants » : la bullshit list hebdomadaire est un tremplin à de petits délires personnels séduisants, il est bon de s’y essayer.
Licornes déchaînées
On rit de bon cœur de sujets politiquement incorrects en se sentant un rien coupables : égalité salariale, optimisation budgétaire, motivation, intelligence artificielle, valeurs d’entreprise… L’objet, à poser en évidence sur son bureau, a force d’expiation autant que d’attraction, concentrant tous les maux dont on peut se moquer.
L’auteur était consultant dans une autre vie et son regard n’en est que plus terriblement lucide. Ses drôles d’animaux, habillés pour l’hiver et pour l’année entière, renvoient chacun au rôle qu’il “joue” dans l’entreprise, en coulisse ou au grand jour, volontairement ou malgré lui.
• Bullshit calendrier, Fix, Diateino, 16,90 €
Et il est encore temps de lire…
Dans la saga des « extraordinaires aventures de la vie de bureau » chief bullshit officer, le volume 3 conçu à l’heure de ChatGPT et des PromptMasters s’organise autour du même organigramme avec son Bigueboss enchaîné aux actionnaires, le DAF Duflouze et toute une équipe déjantée qui va du responsable syndical à la geeeek, sans oublier Léonce, figure de proue de ce radeau entrepreneurial médusant, voguant entre CV surgonflés, traquenards algorithmiques, anglicismes, bon vieux management entre carotte et bâton, vista entre résilience et scalabilité…
Des pages au constat accablant : « Je ne sais pas ce qui est le plus angoissant : avoir peur qu’une IA me remplace dans mon job ou me rassurer en me disant qu’aucune IA ne voudra jamais de mon job ? », ornées de citations attribuées à Einstein et de tableaux de maîtres détournés (Le penseur de Login), de startups et de licornes, le tout sous l’égide de la cybersécurité. Avec un mantra pour nous guider, désormais, signé ChatGPT : « Il ne faut pas croire tout ce que je trouve sur Internet ».