Elles se laissent conter

• Comment s’est traduit votre collaboration avec la compagnie Lilo ?

Un rapprochement artistique se fait depuis deux ans avec la compagnie Lilo, installée à Mensignac depuis 25 ans. Rouletabille fêtait en 2023 ses trente ans d’existence au sein du quartier périgourdin du Toulon. Nous savons des besoins communs et avons créé un poste de chargée de production et de diffusion à l’automne 2023. Margot Wauters a été recrutée et navigue entre les deux compagnies. Son poste est encore en cours d’évolution, parce que les projets se mêlent de plus en plus. Nous avons une nouvelle création commune portée par les deux compagnies. Depuis la rentrée de septembre, la direction artistique est assurée par Émilie Esquerré, comédienne et metteur en scène, qu’on accompagne aussi sur plusieurs projets.

C’est la première fois en fait qu’on s’associe de manière si intense dans le cadre du Mois des droits des femmes. On a voulu proposer trois spectacles, très différents et tous liés, avec la compagnie Lilo.

• Votre création commune “Les 3 fantastiques” retrace l’histoire de trois femmes célèbres ou qui gagneraient à l’être, liées au Périgord, c’est bien ça ?

Pour la nouvelle dénomination de l’école primaire du Gour de l’Arche, la Ville de Périgueux voulait laisser le choix entre entre trois noms de femmes au destin incroyable. Nous avons été associés à ce projet pédagogique et artistique, dans ce cadre. C’est le nom d’Emma Reyes, qui est ressorti de ce processus démocratique. On peut voir les œuvres de l’artiste d’origine colombienne sur les murs de la médiathèque Pierre Fanlac, et sur de nombreux tableaux exposés au Maap.

Quant à Jeanne Barret, exploratrice, elle est la première femme à avoir fait le tour du monde. Nous sommes dans les années 1700 et elle doit en fait se grimer en homme puisqu’on n’a pas le droit, à l’époque, de monter sur un navire. Et donc elle part à l’assaut de l’Amérique du Sud, elle passe aussi par Madagascar, l’île de la Réunion…

Enfin, Jenny Sacerdote, également originaire de Dordogne, est une grande couturière, malheureusement tombée dans l’oubli entre les deux guerres et qui aurait inspiré la petite robe noire de Chanel. Elle a révolutionné les tenues des femmes en alliant confort et esthétique.

• Avec “Lili Lit”, on reste dans une approche ludique ?

Ce spectacle est construit à partir d’albums et puis de films, de références, où les héros, héroïnes se questionnent sur la place des garçons et des filles. Donc c’est vraiment à partir d’ouvrages et de livres que les enfants connaissent, mais aussi les plus grands. On peut retrouver Billy Elliot, il n’y a pas que des filles…

• Avec “Un récit”, on entre dans un contexte plus lourd, lié aux violences faites aux femmes…

Cette autofiction tourne autour du souvenir d’un viol, dans une continuité d’une mouvance “Me too” qui existe aussi dans le milieu du théâtre. C’est aussi la question de la prise de parole, d’y arriver, à la suite d’Adèle Haenel… Et d’énoncer quelque chose qu’on a pu subir. Donc c’est vraiment dans l’esprit de faire comprendre ce qui se passe aussi pour la personne qui est en hésitation, longuement, qui ne sait pas comment faire, quand tout se bouscule dans sa tête, pour laquelle il y a une vraiment une nécessité profonde de pouvoir dire.

• Écouter l’émission animée par Emma Lassort sur Radios Libres en Périgord.