Drôle d’endroit pour une rencontre (artistique)

Depuis que la Banque de France a déménagé en 2021 pour s’installer dans des locaux plus fonctionnels, les remarquables volumes de la place Roosevelt se sont figés dans le souvenir de ce qu’ils ont été, un luxueux coffre-fort, et l’attente de ce qu’ils deviendront depuis l’achat du bâtiment par le trio d’entrepreneurs Fabrice Faure, Yannick Commagnac et Philippe Doumen.

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Ceux-ci ont bien voulu pousser les lourdes grilles et ouvrir les massives portes pour laisser les dédales de couloirs et vestiges sécurisés à l’imagination de six artistes de la matière contactés par Nathalie Legrand, présidente régionale des métiers d’art, et Philippe Glémet, artisan et artiste, qui pilotent l’association Moments d’Exception depuis 2016, guidés par la volonté d’associer des lieux et des créateurs dans un mariage aussi irrésistible qu’inoubliable. Une passion fugace à saisir avant qu’elle s’évapore. La première édition avait investi l’hôtel particulier de la fondation de Laurière, avec un succès inattendu, et la suivante s’était tenue dans le plus bel écrin Renaissance de Périgueux, la maison Estignard.

Faire sursauter la banque

Le vaste bâtiment XIXe rouvre donc pour ces nouveaux Moments d’exception les vendredi 28 (14-18h), samedi 29 (10-19h) et dimanche 30 juin (10-18h), occupé par six artistes conquis par l’étrangeté de la rencontre qui leur est offerte et agite leur inspiration. Difficile de résister à la tentation d’un télescopage d’œuvres contemporaines dans ce décorum fané : la scénographie sur le principe « de toutes les matières et dans tous les sens » a trouvé ici le lieu idéal, « improbable et spectaculaire », pour éveiller les sens des artistes comme des visiteurs.

Les œuvres originales sont pensées en résonance avec le lieu, témoignent du lien de chaque artiste et de ses créations dans un espace précis : ancien bureau du directeur, salle des coffres, vestiaire du personnel, immense hall, jardin.

Les artistes

Catherine Dix (Paris), Catia Esteves (Paris), Xavier Lenormand (Lanouaille/ Paris), Jean Michel Letellier (Angers),  Miki Nakamura (Angers/ Hiroshima), Dora Stanczel ( La Rochelle).

Liés au Périgord

Catherine Dix, parisienne d’origine, vit et travaille en Périgord depuis 2021 : de façon intuitive, confrontant divers éléments, en quête d’équilibre parfait entre la forme et l’espace qui l’entoure, elle travaille des grès aux reliefs bruts pour faire naître des céramiques anthropomorphes haut perchées ou silhouettes de gratte-ciel cuites a haute température. Les architectes d’intérieurs, galeries et boutiques de décoration avec lesquels elle travaille ont fait adopter ses œuvres dans divers points du monde, chez des collectionneurs.

Xavier Lenormand, talent majeur de la création verrière contemporaine, a lui aussi choisi le Périgord : depuis son atelier de Lanouaille, ce Compagnon verrier européen poursuit son chemin d’excellence, qui l’a notamment entraîné au Japon. Le prestigieux Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main lui a été attribué en 2009 dans la catégorie Talents d’exception. Ses créations comptent parmi les collections du Musée des Arts décoratifs de Paris, il a collaboré avec Cartier et a conçu pour Dior une œuvre-flacon en série exceptionnelle (édition métiers d’art) en 2022.