Créé et animé par Claude Pierre-Bloch, vice-président national de la Licra, avec des bénévoles périgordins et des militants de la Licra venus de toute la France, ce festival est plus que jamais d’actualité. Le fondateur de cet événement cite Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu es différent de moi, loin de me léser tu m’enrichis ».
Joséphine Baker, qui s’était engagée dans tous les combats contre le racisme aux côtés de la future Licra, l’avait incarné en adoptant, avec son mari Jo Bouillon, douze enfants de toutes origines : c’était sa fameuse “tribu arc-en-ciel”. La plupart d’entre eux se retrouveront cette année encore aux Milandes pour témoigner.
Universalisme et Périgord
L’un de ses actes majeurs fut sa participation au discours de la marche des droits civiques de Martin Luther King à Washington, le 28 août 1963, vêtue de son uniforme d’aviatrice de la France libre. C’est dans cette tenue symbolique qu’elle est représentée sur l’affiche du festival 2024 réalisée par le dessinateur périgourdin José Correa. Lors de ce discours, elle avait notamment rappelé que, pour se défendre « un stylo est plus puissant qu’une épée ». Ses combats pour l’égalité et l’universalisme ont justifié son entrée au Panthéon le 30 novembre 2021.
Cette deuxième édition réunira une trentaine d’auteurs avec des livres aux messages forts pour défendre la liberté d’expression. Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, est sous protection permanente pour présenter son Traité sur l’intolérance (Grasset), comme l’imam de Drancy Hassen Chalgoumi avec son plaidoyer Libérons l’Islam de l’islamisme (Hugo Doc). La journaliste Nora Bussigny y dénoncera Les nouveaux inquisiteurs (Albin Michel).
Parmi les têtes d’affiche, les éditorialistes politiques Patrice Duhamel et Nathalie Saint-Cricq présenteront leurs derniers ouvrages Le Chat et le renard et L’ombre d’un traître (L’Observatoire). Benjamin Stora, le spécialiste de la décolonisation de l’Algérie, animera l’un des débats autour du documentaire L’Algérie sous Vichy. L’avocate Michèle Dayan abordera les violences familiales avec Nous nous sommes tant aimés (L’Observatoire). Le sociologue Mohand Hamoumou évoquera la question des harkis. Le journaliste Mohamed Sifaoui, spécialiste des organisations terroristes, parlera de son enquête sur le Hamas.
Excellence et ex-ENA
Le Festival sera toujours parrainé par la famille de Monaco, qui avait accueilli Joséphine Baker après son expulsion du château des Milandes par ses créanciers. Les enfants de Caroline de Monaco, Charlotte et Andrea, seront présents pour rappeler leur attachement et le rôle de leur grand-mère Grace de Monaco.
Une délégation de la promotion 2024 de l’Institut national de service public (ex-ENA), baptisée Joséphine Baker, fera le déplacement ainsi qu’un groupe de l’Escadrille Air Jeunesse.
• Le festival accueillera le public samedi 22 juin de 10 à 18 h (cinéma débat à 10h30 et 14h30) et dimanche 23 juin de 10 à 17 h (cinéma débat à 10h30 et 13h30). Entrée libre et gratuite.
• Durant les deux jours, pour se restaurer, un marché gourmand avec des producteurs du Périgord sera organisé par la Chambre d’agriculture de la Dordogne.
Un prologue à Sarlat
Jeudi 20 juin, à 19h30, en avant-première du festival, le cinéma Rex de Sarlat accueillera la projection du film Les Justes de Marek Halter, en présence du réalisateur. Ce documentaire long métrage, nommé aux Césars en 1993, raconte sa quête à la recherche de ceux qui ont sauvé des juifs de l’Holocauste. Au festival, il présentera son dernier livre Dans tes yeux (Editions XO).
Marek Halter, 88 ans, né dans le ghetto de Varsovie, écrivain, comédien, cinéaste et peintre, est devenu un militant de la paix entre les religions, qui n’hésite pas à lancer des controverses pour défendre ses causes.
Cette soirée, gratuite pour le public, est financée par l’Amicale laïque de Sarlat. Son président Guy Stievenard, également adjoint au maire chargé de la citoyenneté et de la laïcité, s’était engagé dès la première édition, pour le centenaire de son association qui partage les valeurs de Joséphine Baker. L’actualité politique lui prouve qu’elles sont plus que jamais nécessaires.